Vie

Westmania : Propriétaires de Westfalia

Souvent associé à l’univers des hippies, le Westfalia est surtout synonyme de liberté pour sa communauté de propriétaires. Encore faut-il maîtriser quelques notions de mécanique avant de prendre la route à bord de ces bolides des années 70-80…

Le père Noël a reçu la commande d’un Westfalia à maintes reprises d’une enfant nommée Nellie Surprenant. À 30 ans, elle a fini par se donner elle-même le cadeau de ses rêves, un "West" 1981.

"C’était complètement irrationnel, je ne savais même pas conduire manuel!" explique la jeune femme. C’est donc son père qui a conduit lorsqu’elle s’est rendue au garage pour la première inspection de son nouvel achat. "C’est là que je me suis rendu compte que je l’avais payé beaucoup trop cher", se rappelle-t-elle, quatre ans plus tard. Mais ce dont elle se souvient surtout, c’est la rencontre avec le mécanicien, qui est depuis devenu son amoureux! Une passion qui tombe à point, parce que la mécanique de Westfalia a des raisons que la raison ne connaît pas, pour adapter un adage connu. "Disons que tu n’as pas le choix de t’initier à la chose, sinon, tu seras très ami avec le CAA. Moteur refroidi à l’eau ou à l’air… Tu finis par acquérir des notions de base pour t’en sortir."

Une fois les soucis techniques passés, c’est l’autonomie du vacancier qui prend le dessus. Pour Nellie, l’avantage de sa maison sur roues, c’est la liberté de voyager à moindre coût et de pouvoir s’arrêter n’importe où. "On revient d’un week-end chez des amis dans le Maine qui ont aussi un Westfalia. On est allés deux fois au Mexique, j’ai adoré! Le rêve, ce serait de se rendre jusqu’au Panamá, mais bon, pour ça, il faudrait carrément que je prenne un congé sans solde." Pas fatiguée de la route, parfois, la vacancière? "Non, pas du tout", répond celle qui voyage toujours en avion pour son travail… d’agent de bord!

West en série

La tendance lourde en matière de Westfalia, c’est le phénomène de restauration de ces vieux bolides. Les propriétaires investissent de plus en plus d’argent pour retaper leur joujou, comme le constate Mathieu Richard: "Mon West a été fabriqué en 1977. Je l’ai acheté il y a dix-sept ans et avec tout l’argent que j’ai investi, il est en meilleur état aujourd’hui, 120 000 kilomètres plus tard." Comme plusieurs propriétaires de West au Québec, le jeune homme fait partie d’un club, Les West d’l’aut bord d’la gate, un forum actif sur le web où les membres échangent sur les meilleures destinations, mais aussi beaucoup sur la mécanique. Ce club est réservé aux propriétaires de véhicules datant d’avant 1979.

Les propriétaires de Westfalia des années 80 à 90 sont plutôt invités à joindre les rangs du club des Mononc en folie, discrimination basée sur l’échange d’informations pertinentes quant à la mécanique des véhicules. Les membres se réunissent deux fois par année sur un terrain de camping, comme l’explique Guy Gendron, 58 ans, qui a réalisé son rêve d’enfance d’avoir sa Volkswagen. "On est un rassemblement un peu anarchique, c’est-à-dire qu’on ne se prend pas au sérieux! Il y a des gens de tous les horizons, on brûle deux cordes de bois par week-end pis on a du fun!"

La communauté des West est tissée serré, s’échangeant notamment les adresses entre eux pour offrir l’hospitalité d’une entrée de cour à ceux qui cherchent un endroit pour s’arrêter le temps d’une nuit. Les autres repaires pour leurs conducteurs, ce sont bien sûr les stationnements de magasins à grande surface, plan "B" qui s’avère souvent utile dans une ville étrangère.

Mon ami le mécano

Benoît Huot est une référence en matière de Westfalia, lui qui en a possédé quatre dans les dix dernières années. Le mécanicien de formation s’est spécialisé dans la conversion de moteur Subaru pour Westfalia. "En moyenne, un West se vend 15 000$ au Québec. Mais il faut s’attendre à mettre 25 000$ au moins si on veut le tenir en ordre. À part le moteur, la rouille est le pire ennemi des Westfalia ici, entre autres à cause de notre climat", explique le propriétaire du garage Ben Place. À son avis, la conversion du moteur est la meilleure façon de profiter pleinement du véhicule. "L’Ouest canadien, le Mexique, les États-Unis, j’ai tout fait ça! Avec un nouveau moteur, ça change complètement la donne pour les longs trajets. À part pour un changement d’huile, pas besoin de t’inquiéter."

Adresses /

Les West d’l’aut bord d’la gate: www.leswests.qc.ca

Mononc en folie: mononcenfolie.blogspot.com

Ben Place: 1446, rue Soucy, Saint-Hubert, 450 676-0714, www.benplace.com

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Vintage du futur

Un designer industriel montréalais s’intéressant au Westfalia a imaginé un concept de véhicule moderne hybride utilisant l’énergie solaire dans une carrosserie inspirée du célèbre Volkswagen. Le Solar Power Eco-Camper d’Alexandre Verdier proposerait un moteur hybride, un panneau solaire équipé d’un GPS et un système hydraulique pour abaisser l’habitacle en période d’arrêt. Le designer a mérité un prix au Caravaning Design Award 2007 en Allemagne, mais pour l’instant, le site de la compagnie semble hors d’usage. Le rêve s’est peut-être heurté à la réalité du marché, le prix étant évalué à 129 000$ pour un véhicule.