Imagerie médicale, isotopes, gamma-caméra. Non, il ne s’agit pas de termes propres à la science-fiction, mais bien à la médecine nucléaire. Une science qui peut en faire frémir plusieurs…
Il est vrai que le simple fait que cette spécialité de la médecine flirte avec la radioactivité suffit à provoquer le frisson chez les plus téméraires. Et pourtant, la médecine nucléaire est tout ce qu’il y a de plus sécuritaire. "Le nom fait peur, reconnaît d’emblée Chantal Asselin, responsable de la coordination départementale et des stages au département de technologie de médecine nucléaire du Collège Ahuntsic. Un jour, un patient m’a demandé si j’allais le transformer en Tchernobyl. Cette année, j’ai averti les élèves qu’ils allaient beaucoup entendre parler de Fukushima. De telles catastrophes nuisent à la perception de la médecine nucléaire."
Si la radiologie, dont les images dévoilent l’anatomie des organes, fait partie de nos vies depuis longtemps, la médecine nucléaire, dont l’imagerie révèle la fonction des organes, donne l’impression de faire partie des nouvelles tendances de la saison.
"Pour beaucoup, la médecine nucléaire, c’est plus mystérieux que la radiologie parce qu’on travaille avec des isotopes et des éléments radioactifs, confirme madame Asselin. Il y a 40 ans, cela s’appelait le département d’isotopes. Grâce aux rencontres avec des orienteurs qui ont suggéré de changer le nom, il s’appelle aujourd’hui le département de technologie de médecine nucléaire."
Qui dit isotope, dit émetteur de rayons gamma. Et c’est grâce à leur rayonnement, perceptible à la gamma-caméra, ou caméra à scintillation, que le technologue de médecine nucléaire peut observer sur un moniteur les organes en mouvement. Pour cela, il injecte au patient un liquide radioactif par voie intraveineuse. Le niveau de radioactivité des éléments étant très minime, le patient n’aura aucune complication ni effets secondaires.
"Avec la médecine nucléaire, on peut détecter l’extension des maladies, dépister des cancers primaires, rassure Chantal Asselin. C’est un domaine encore méconnu; souvent, lorsque les gens en entendent parler, c’est parce qu’un membre de leur famille a subi un examen, qu’un orienteur en parle à un élève, ou encore par le biais des médias."
Si l’on se fie au taux de placement des diplômés en technologie de médecine nucléaire du Collège Ahuntsic, il semble bien que cette science soit là pour rester et, mieux encore, qu’elle gagne en popularité. La médecine nucléaire serait-elle un métier d’avenir? "Comme dans tous les secteurs de la santé, il y a une pénurie de technologues. L’an dernier, le taux de placement était de 100%. Il y a même des médecins étrangers qui se recyclent en médecine nucléaire à Ahuntsic", conclut Chantal Asselin. Alors, vous voilà rassurés?
La plupart des grands hôpitaux de Montréal offrent des examens de médecine nucléaire. C’est notamment le cas du Centre universitaire de McGill ainsi que des hôpitaux pour enfants de Sainte-Justine et de l’Hôpital juif. La scintigraphie myocardique étant l’un des examens les plus en demande, il va de soi que l’Institut de cardiologie propose également ces services. Plusieurs cliniques privées de la région métropolitaine se spécialisent également en médecine nucléaire.
Carnet d’adresses /
Collège Ahuntsic: 9155, rue Saint-Hubert, Montréal, 514 389-5921, www.collegeahuntsic.qc.ca
Centre universitaire de santé McGill / Hôpital Royal Victoria: 687, avenue des Pins Ouest, Montréal, 514 934-1934
CHU Sainte-Justine: 3175, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, Montréal, 514 345-4931
Hôpital général juif Sir Mortimer B. Davis: 3755, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, Montréal, 514 340-8222
Institut de cardiologie de Montréal: 5000, rue Bélanger, Montréal, 514 376-3330
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Examens et traitements
À quoi servent les examens de médecine nucléaire? En plus de détecter des infections et des tumeurs, ces examens peuvent dépister précocement les maladies cardiaques, hépatiques et pulmonaires, de même que les ostéopathies et les troubles thyroïdiens. La médecine nucléaire permet également de traiter certaines maladies, notamment les cancers primaires du sein, du colon et de la prostate. Parmi les examens de médecine nucléaire les plus fréquents, mentionnons la scintigraphie myocardique, la scintigraphie osseuse, la scintigraphie rénale, la scintigraphie pulmonaire et la scintigraphie thyroïdienne. C’est d’ailleurs grâce à des recherches sur la glande thyroïde qu’aurait été développée la médecine nucléaire dans les années 50. La scintigraphie est une technique d’imagerie permettant de visualiser le fonctionnement des organes. À cette fin, on injecte au patient un liquide radioactif par voie intraveineuse, lequel permettra à la caméra à scintillation de capter l’organe en action.