Vie

Le chef?… C’est elle! : Histoire de cuisine

Le Musée de la femme présente une exposition qui raconte l’histoire des femmes dans leur cuisine.

Françoise Gaudet-Smet, soeur Berthe, Jehane Benoît, ou encore soeur Angèle et Anne Desjardins. Leur point commun? Elles ont toutes joué ou jouent encore un rôle important dans la cuisine québécoise. Mais avant d’arriver à cette reconnaissance et de voir certaines femmes accéder au statut de chef de cuisine, le chemin a été long. C’est l’histoire que retrace l’exposition "Le chef?… C’est elle!" au Musée de la femme à Longueuil.

"C’est un hommage à ces "gouverneurs du foyer" qui ont épluché des patates et qui ont travaillé fort pour nourrir de grandes tablées", explique Lydie Olga Ntap, directrice du Musée de la femme. Lors d’un voyage en France en 2009, elle a visité la Fondation Auguste Escoffier qui présentait cette exposition. "J’ai eu envie de la monter au Québec, raconte la femme en précisant que des adaptations ont dû être faites. En France, c’était principalement des femmes chefs qui étaient mises en avant. Ici, on a voulu mettre l’accent sur ces femmes qui sont restées longtemps à la maison. On explique aussi pourquoi elles étaient assignées à la cuisine domestique et n’ont pas investi la cuisine gastronomique et commerciale."

Ainsi, l’exposition parcourt, du Moyen-Âge à aujourd’hui, l’histoire des femmes dans la cuisine. Bien qu’elles aient toujours été présentes derrière parfois de très prestigieux fourneaux, elles n’ont jamais récolté d’éloges pour leur travail. "Au Moyen-Âge, c’était les hommes qui présentaient les plats lors des banquets organisés par les seigneurs. Les femmes n’avaient pas de place au milieu de ces assemblées d’hommes, même si c’était elles qui ajustaient les plats."

Ensuite, le visiteur se retrouve catapulté dans la cuisine de la famille Robillard. "Nous avons voulu garder les gens dans une bulle familiale en recréant une cuisine d’époque typique. Mais cela montre aussi comment la femme a été confinée à la sphère domestique, alors que les hommes étaient de grands chefs", note-t-elle. Un poêle en fonte, une table en bois avec de la vaisselle et des ustensiles de cuisine parfois inconnus composent le décor. "Nous avons reçu des dons et certains objets sont très rares, ajoute-t-elle en montrant un pèse-oeuf ou des boîtes à épices datant du début 1900. De nombreux vieux livres de recettes et des affiches d’époque montrant la ménagère parfaite sont aussi présentés.

Dans la dernière partie, l’exposition aborde la cuisine de restaurant. "On estimait que les femmes n’avaient pas le sens du commandement et qu’elles pouvaient être dangereuses en cuisine car, avec un couteau, elles avaient les armes à la main…" Mais des textes anciens rappellent aussi que derrière chaque chef se cachait une femme, comme Nellie Melba qui aurait inspiré Auguste Escoffier pour ses fameuses pêches Melba. Finalement, ce sont les femmes chefs d’aujourd’hui et d’hier qui sont mises à l’honneur, comme Anne-Sophie Pic et Nancy Samson, qui ont réussi à se faire une place dans cet univers encore très masculin.

"Le chef?… C’est elle!"
Jusqu’au 17 février 2012
Au Musée de la femme
460, rue Saint-Charles Ouest, Longueuil, 450 748-1000, www.museedelafemme.qc.ca

Chaque dimanche de 11h à 15h, des pauses gourmandes gratuites sont organisées pour découvrir des produits du Québec.