Vie

Santé, bien-être, détente : La santé au bout des doigts

Prendre sa pression artérielle ou son pouls, vérifier sa glycémie ou surveiller la qualité de son sommeil grâce à un gadget ou à sa voiture? Voici la tendance santé techno.

Monsieur Jean rentre de son travail. Subitement, sa voiture émet une alarme qui indique à son conducteur qu’il est en train de faire une crise d’hypoglycémie. Monsieur Jean s’arrête prudemment sur le bord de la chaussée. Grâce à ces nouveaux outils technologiques intégrés à sa voiture, il a pu éviter un malaise en route.

Vision d’un film de science-fiction? Loin de là. Le constructeur de voitures Ford est en train de mettre au point un système qui permettra de vérifier l’indice glycémique du conducteur ou la quantité de pollen dans l’air pour les personnes allergiques.

Ces innovations touchent tous les domaines et de plus en plus de gadgets axés sur le bien-être permettent aux adeptes de techno de prendre leur santé en main. L’arrivée du téléphone intelligent et des tablettes numériques a en outre renforcé cette tendance. En septembre 2011, il existait déjà 9000 applications liées à la santé, la nutrition, la relaxation et l’exercice, et il devrait y en avoir plus de 13 000 l’été prochain.

En attendant la sortie des premiers modèles de voitures «santé», il est possible, grâce à Blood Pressure Monitor – un brassard branché à une tablette numérique -, de prendre sa tension artérielle et d’acheminer les informations par courriel à son médecin. D’autres applications encore emmagasinent, d’un simple toucher sur l’écran tactile d’un téléphone ou par un capteur de mouvement, des données sur l’alimentation, les heures de sommeil ou les activités de l’utilisateur, les taux de glucose d’un diabétique, voire la fréquence des contractions d’une femme enceinte. Cette fonction de collecte d’informations s’appelle monitoring ou auto-quantification.

«La mobilité qu’offrent ces applications de monitoring est avantageuse pour les médecins, estime le docteur et membre de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec Patrick Bernier. Notre travail peut être accéléré si un patient a déjà compilé ses symptômes sur son téléphone. Mon Médic est aussi très bien: c’est un dossier médical que le client remplit sur son iPhone et qu’il peut partager avec le docteur.»

Docteur Bernier, qui donne également des conférences sur la tendance de la «e-santé», apprécie le côté innovateur de ces outils. Il souligne l’ingéniosité des applications de surveillance du sommeil comme Réveil Intelligent ou Sleep Cycle Alarm Clock. «Durant le sommeil profond, le corps n’émet plus le moindre mouvement. Le cellulaire placé dans le lit le détecte et calcule quand faire sonner l’alarme pour ne pas réveiller la personne durant sa phase de sommeil profond, pour adoucir le réveil», explique-t-il.

Technosport

L’arrivée des téléphones intelligents offre également de nouvelles possibilités dans le sport, où l’utilisation de gadgets était déjà répandue pour gérer l’entraînement. Maintenant, le bracelet souple UP, du fabricant de technologie sans fil Jawbone, envoie automatiquement à un téléphone intelligent les heures de sommeil, les calories ingérées, les activités accomplies, et vibre lorsque celui qui le porte reste inactif trop longtemps. De grandes marques de sport proposent aussi des objets utilitaires comme des ceintures qui comprennent cardiofréquencemètre, entraînement interactif, analyse de la distance parcourue et de la cadence de course. Ces données, synchronisées sur un téléphone intelligent, peuvent être partagées sur les sites associés tels Adidas miCoach ou Nike+, qui agissent comme entraîneurs virtuels.

Le directeur scientifique du Centre national multisport de Montréal, Jonathan Tremblay, croit que ces technologies stimulent la motivation d’un sportif amateur. «Ces ressources génèrent des graphiques pertinents sur la qualité de l’entraînement. Ce peut être une très bonne source de motivation que de visualiser son amélioration en temps réel.»

Risque de mauvaise interprétation

Par contre, M. Tremblay voit un possible écueil dans la compréhension de ces données. «L’interprétation est faite de manière automatisée par un site web. Si l’on se fie exclusivement à l’écran, il peut y avoir un danger. Ces chiffres peuvent être influencés par le niveau de stress ou par l’ingestion d’un café.» Le Dr Patrick Bernier vient appuyer cette thèse: si la collecte d’information peut aider, l’autoévaluation et l’autodiagnostic doivent être évités. Tout comme à l’arrivée d’Internet dans les foyers, il peut y avoir des problèmes d’interprétation. «Il fallait rassurer le patient qui s‘était fait peur en regardant sur le web la liste des maladies qu’il pouvait avoir. Maintenant, ces inquiétudes se transposent sur les plateformes mobiles», dit-il, en ajoutant que toutes les applications ne sont pas au point, comme SkinScan, pour iPhone, qui vise à détecter les risques de cancer de la peau.

Bien que l’utilisation des applications de santé soit surtout domestique pour le moment, le Dr Patrick Bernier croit que la tendance de l’e-santé continuera de gagner du terrain. «Je pense que dans un futur assez rapproché, il va y avoir de vrais outils diagnostiques pour le médecin et le patient, qui fourniront une interface directe entre eux.»

Carnet d’adresses /

Centre national multisport de Montréal: 1000, avenue Émile-Journault, Montréal, 514 872-1999, multisport.qc.ca

Fédération des médecins omnipraticiens du Québec: 1440, rue Sainte-Catherine Ouest, bureau 1000, Montréal, 514 878-1911, fmoq.org

Pour trouver certains gadgets /

Boutique Courir: 4452, rue Saint-Denis, Montréal, 514 499-9600,

boutiquecourir.com

Le Coin des coureurs: plusieurs adresses, runningroom.com

Boutique Endurance: 6579, rue Saint-Denis, Montréal, 514 272-9267, boutiqueendurance.ca

Boutique Adidas: 1238, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal, 514 315-9546, adidas.ca

Atmosphère: plusieurs adresses, atmosphere.ca

Foot Locker: plusieurs adresses, footlocker.ca