Nous consommons trop. Trop de pétrole, de voitures, d’ordinateurs et de téléphones cellulaires. À tel point que la consommation mondiale d’eau a quadruplé en 100 ans et que les 40 dernières années ont été marquées par une hausse massive de la production de protéines animales, impliquant pollution et dérèglements climatiques.
À l’approche du Jour de la Terre, Pierre Lussier, vice-président du Jour de la Terre Québec, veut rappeler l’importance d’agir au quotidien. «Il est vital de diminuer notre impact sur l’environnement. Il faut agir sur ce qui est mesurable. C’est bien, car nous produisons plus d’énergie éolienne et solaire, mais cela est couplé à une hausse de production des énergies fossiles. Il faut que chacun fasse un effort.»
Pour être réaliste, il propose de travailler sur un seul objectif. «Il faut regarder ce qui est faisable et diminuer une de nos consommations. Ce peut être l’eau ou le pétrole. Sinon, on augmente notre taux de recyclage», poursuit-il. Il insiste sur un recyclage plus systématique, qui va plus loin que la simple mise au bac vert des pintes de lait et des vieux journaux. «Beaucoup de choses ne sont pas recyclées, comme nos téléphones, nos ordinateurs et nos piles. Au Québec, nous consommons 100 millions de piles à usage unique par année, et seulement 2% sont retournées, alors que les écocentres les reprennent», déplore-t-il en suggérant de faire une annonce dans le voisinage pour effectuer une petite récolte avant chaque visite à l’écocentre.
D’après lui, l’accumulation de vieux matériel est aussi néfaste. «Les gens conservent tout dans le grenier en se disant que ce sera peut-être utile un jour. Mais il y a un impact à ne pas retourner ces objets. On doit en produire d’autres avec de nouvelles matières premières, alors qu’on aurait pu recycler du vieux matériel.»
Dans la cuisine
Fred Morin, chef-copropriétaire du restaurant Joe Beef, est connu pour son jardin. Il a même inspiré certains de ses clients à faire du jardinage urbain et nombre d’entre eux l’appellent pour avoir des conseils. «Les salades sont excellentes quand elles ne sont pas passées par le frigo, assure-t-il. Mais je reste dans les cultures faciles, comme les fines herbes et les laitues. Pour le reste, je préfère soutenir un agriculteur local, car ils ont aussi besoin de nous.» Pour ce chef, il est important de prendre position par l’action. «L’hiver, ce n’est pas facile de manger local. Mais à la fin du printemps, acheter les fraises du Québec et laisser sur les tablettes celles de la Californie, c’est possible. Si tout le monde le fait, on pourra inciter les gros distributeurs à changer.»
Au quotidien, il a pris des mesures qu’il applique aussi dans son restaurant. «Nous n’offrons plus d’eau en bouteille et nous sommes en train de chercher une solution pour l’eau pétillante. Nos serviettes sont en coton véritable, et quand il reste de la nourriture, les clients repartent avec un doggy bag.»
Il récupère aussi l’eau de pluie pour arroser son jardin, mais il aimerait en faire plus pour avoir encore moins d’impact. Jusqu’à tout récemment, le restaurant compostait, mais les voisins se sont plaints des odeurs. «Il faut réaliser que le compost sent fort. Ça fait partie des choses inhérentes à l’écologie. Les gens ont parfois de la difficulté à le comprendre et le confort passe avant», réalise-t-il, précisant que les déchets compostables iront dorénavant aux cochons de Martin Picard. Il réfléchit aussi à des solutions, comme une chambre froide qui serait alimentée par l’air extérieur durant l’hiver. «C’est absurde. L’hiver, on chauffe un bâtiment dans lequel se trouve une boîte que l’on refroidit pour conserver les aliments», explique Fred Morin, qui veut aussi trouver une solution pour récupérer la chaleur évacuée par la ventilation du restaurant.
Dans la maison
Marie-Christine Vallières est herboriste et se passionne pour la fabrication de produits naturels. Elle confectionne tous ses produits elle-même: du savon au dentifrice, en passant par les produits de nettoyage. «Les produits non naturels contiennent de nombreux ingrédients néfastes pour notre santé et pour l’environnement», explique la femme qui enseigne aussi les techniques de fabrication de ces produits à l’Académie Herboliste, une école d’herboristerie. «Il peut y avoir de l’ammoniac, des ingrédients vagues tels que des colorants, des fragrances et des conservateurs qui peuvent être irritants pour le système respiratoire et la peau. De plus, ces produits sont souvent évacués dans l’eau, ce qui est très polluant.»
Pour la maison, elle suggère d’utiliser une base de savon liquide neutre vendue dans les magasins de produits naturels – comme chez Lemieux – et d’y ajouter de l’eau. «C’est un très bon dégraissant qui peut aussi être utilisé pour les vitres. On peut y ajouter quelques gouttes d’huiles essentielles pour l’odeur.» L’autre ingrédient magique est le bicarbonate de soude, qui fait de très bonnes pâtes à récurer et des détachants pour les tapis. Marie-Christine Vallières souligne également que les huiles essentielles ont un pouvoir antibactérien ou aseptisant qui permet aux produits d’être aussi efficaces que les détergents industriels. En vue des nettoyages du printemps, un atelier de confection de produits est organisé à La Bottine aux herbes le 25 avril prochain.
Carnet d’adresses /
Jour de la Terre Québec: jourdelaterre.org
Écocentres (plusieurs centres sur l’île de Montréal récupèrent toutes les matières recyclables): ville.montreal.qc.ca
Joe Beef: 2491, rue Notre-Dame Ouest, Montréal, 514 935-6504, joebeef.ca
Académie Herboliste: 6657, rue Saint-Hubert, Montréal, 514 274-4240, academieherboliste.com
Lemieux: 1329, av. Mont-Royal Est, Montréal, 514 528-9102, produits-lemieux.com
La Bottine aux herbes: 3778, rue Saint-Denis, Montréal, 514 845-1225, bottineauxherbes.com
Enfin une mention des produits Lemieux! Selon moi, ce sont les meilleurs produits ménagers écologiques disponibles au Québec. Entreprise locale et qui existe depuis longtemps. Elle ne fait pas que profiter de la vague écologique récente, elle a réellement l’environnement à coeur!