Vie

Griffintown en cinq temps

Parce que tout le monde semble vouloir y déménager ses pénates, Voir propose un tour guidé du quartier Griffintown dans une série de cinq articles dont voici le deuxième. Plongeon dans le bouillonnement d’un quartier qui s’éveille.

Elle est révolue, la période où Griffintown était simplement synonyme de quartier industriel et de tours à condos. Aujourd’hui, Le Griff s’est découvert une nouvelle poésie, qui rime avec vie de quartier, effervescence culturelle et frénésie artistique.

Zaven Darakjian est bien placé pour constater l’évolution de Griffintown puisqu’il y habite depuis 41 ans. Propriétaire du Pit Stop Garage de la rue Peel depuis autant d’années, c’est lui le mécano du quartier. Et son commerce a survécu à la période plus sombre qui a marqué le secteur. «Ici, il y avait tout avant. Durant les années 80, c’était une période plus limitée. Après la fermeture des industries, Griffintown n’a pas évolué pendant 20 ans. Mais depuis une dizaine d’années, on remarque un intérêt général pour améliorer le quartier, se réjouit-il. Ça devient une petite ville, un endroit intéressant.»

Évidemment, comme la majorité des citoyens, il espère que Griffintown ne perdra pas son caractère coloré et historique. «Il faut garder un peu du passé de Griffintown pour préserver son histoire. Je suis très content de savoir qu’on conservera des endroits comme la caserne de pompiers de la rue Ottawa ou le Horse Palace.»

Même si l’évolution du secteur implique beaucoup de ciment, de vitre et de métal, l’homme voit ces changements d’un bon œil. «Ça bouge, c’est positif. Évidemment, il y a toujours des gens qui ne sont pas satisfaits. Mais vous savez, la seule constance dans la vie, c’est le changement!»

L’art de Griffintown

Griffintown regorge de petites galeries et centres d’exposition, notamment le centre d’arts visuels Fonderie Darling, qui a célébré ses 10 ans d’existence cet été. «Il y a un désir social et local de favoriser l’art dans Griffintown», souligne Jean-François Bélisle, directeur de l’Arsenal, un nouveau centre d’art contemporain qui a ouvert ses portes à l’angle des rues Canning et William au mois de mars dernier. Considéré comme le plus grand espace d’art contemporain privé au Québec, l’Arsenal occupe un édifice monumental de plus de 40 000 pieds carrés qui faisait partie intégrante du chantier naval Montreal Marine Works.

«On cherchait un espace industriel assez grand, situé à proximité du centre-ville», raconte celui qui travaille sur le projet depuis ses débuts. «Il y a deux ans, Griffintown était encore un trésor caché qui offrait de grandes superficies avec un look industriel.»

Avec ses deux galeries privées (Galerie René Blouin et Galerie Division), sa collection privée (Collection Majudia), son studio d’artiste et son immense salle principale hébergeant des expositions d’envergure et accueillant divers événements, l’Arsenal ouvre le monde de l’art contemporain à de nouveaux publics.

«On est convaincus que le niveau de qualité artistique au Québec est très fort. Notre but est d’amener l’art contemporain à l’avant-plan.» Pour réaliser cet objectif, l’Arsenal crée des liens avec les autres galeries qui l’entourent, afin de travailler sur des expositions et différents projets. «On veut faire de l’Arsenal un lieu fédérateur, qui tend la main aux autres, au lieu de travailler chacun dans son coin», affirme le directeur, qui habitera d’ailleurs Griffintown dans quelques mois. «Le fait de travailler dans le secteur m’a permis de prendre connaissance de la vie de quartier qui s’y développe. Je sais que c’est un quartier agréable à vivre, et qui le deviendra encore plus.»

Le goût Griffintown

En 2008, Brasseur de Montréal s’est installé dans le quartier historique de Griffintown, rue Ottawa, juste à l’est de la rue Guy. La compagnie est devenue l’une des plus importantes microbrasseries industrielles de la grande région de Montréal et a baptisé sa bière blonde La Montréalaise Griffintown. «Avec cette bière, on a voulu rendre hommage à l’endroit où on est situé», indique le brasseur en chef, Yan Lamoureux Marbœuf.

La Griffintown se veut une blonde dorée, légère et cristalline. Elle présente une attaque en céréales et évolue vers une belle ampleur aromatique de houblon, pour finir avec une touche florale tout en fraîcheur. «Elle a un profil assez malté, avec une petite pointe de houblon noble tchèque. On utilise des levures d’ale au lieu des levures de lager», démystifie le maître brasseur.

Distribuée dans près de 400 points de vente, La Montréalaise Griffintown (de même que ses consœurs brassées au même endroit) peut aussi être dégustée dans son quartier d’origine, au resto-bar Brasseur de Montréal. Adjacent aux installations de brassage, l’établissement permet à la clientèle d’observer les opérations de fabrication de la bière tout en la savourant. La carte, qui offre une sélection de sandwichs et des plats maison réconfortants, attire une clientèle assez variée: gens d’affaires le midi, étudiants et artistes le soir. «Pour le moment, cette section du quartier est assez industrielle, évalue Yan Lamoureux Marbœuf. Mais avec les modules de condos qui se construisent autour de la brasserie, la clientèle sera portée à changer et sera peut-être plus locale.»

Les mots de Griffintown

Après le roman Griffintown de Marie Hélène Poitras, l’automne a apporté deux autres ouvrages enracinés dans ce quartier historique. La maison d’édition Requiem pour un livre a récemment publié La Maison Benoît Labre; 60 ans à aider les plus démunis, dans lequel Karine Projean évoque l’histoire de ce centre d’hébergement pour sans-abris de Griffintown où elle est intervenante.

«Ce quartier avait quelque chose de profondément attirant pour moi. C’est une toute petite parcelle de terrain tellement riche d’histoire et oubliée», raconte celle qui porte aussi le chapeau d’éditrice et qui a rassemblé trois auteurs pour créer le recueil de textes Dans l’antre de Griffintown. Martin Gignac, Michel Montreuil et Marc-André Robitaille ont écrit les nouvelles fictives qui s’y retrouvent, inspirées de légendes, de faits réels et de lieux du quartier.

Pour lire les mots de Griffintown, rendez-vous sur ruedeslibraires.com, ou encore à la Librairie de Verdun, à la Librairie Raffin rue Saint-Hubert ou à Zone libre.

Pit Stop Garage
175-B, rue Peel, Montréal
514 861-3214
pitstopgarage.biz

Arsenal
2020, rue William, Montréal
514 931-9978
arsenalmontreal.com

Brasseur de Montréal
Microbrasserie: 1483, rue Ottawa, Montréal
514 788-4500
Resto-bar: 1485, rue Ottawa, Montréal

514 788-4505
brasseurdemontreal.ca