Petite-Italie : Elena Faita: une vie de quartier
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Petite-Italie : Elena Faita: une vie de quartier

Dans un monde sans cesse en mouvement, il est toujours étonnant de rencontrer des personnes qui semblent ne faire qu’un avec leur quartier depuis des décennies. C’est le cas de la famille Faita, qui a suivi l’évolution de la Petite Italie depuis les années 1960.

Elena Faita connaît chaque centimètre carré du Marché Jean-Talon pour avoir toute sa vie gravité autour de ce bastion de producteurs, transformateurs et artisans de bouche du Québec. En ce sens, elle constitue un pan de la mémoire vivante du quartier de la Petite Italie, qu’elle dynamise toujours grâce à l’intrigante boutique Dante (6851, rue Saint-Dominique, Montréal, 514 271-2057), à la fois quincaillerie et armurerie, et à l’école de cuisine Mezza Luna (57, rue Dante, Montréal, 514 272-5299, ecolemezzaluna.ca), où enseigne aussi son fils et vedette du petit écran Stefano. Nous l’avons rencontrée un samedi dans le marché en pleine effervescence.

VOIR: Quand avez-vous découvert la Petite Italie?

Elena Faita: À l’âge de sept ans, quand mes parents ont déménagé juste en face du Marché Jean-Talon. Je me souviens – dit-elle en pointant du doigt un des bâtiments de l’autre côté de la rue –, on allait patiner juste ici, il y avait alors un aréna.

VOIR: Pourquoi votre famille est-elle si liée à ce marché?

E. F.: Mes deux parents travaillaient à l’époque pour la Ferme Joly, qui existe toujours et est maintenant menée par le fils du fondateur, Robert. Avec ce fermier, mes parents ont fait connaître aux gens d’ici les légumes italiens. Les tomates, les rapinis, tout ça. C’est un peu grâce à eux qu’on trouve aujourd’hui de si bonnes tomates italiennes ici. Et puis les gens venaient souvent demander des conseils à ma mère pour faire des plats et des conserves. C’était une grande dame du Marché, c’est sûr.

VOIR: Et vous avez poursuivi la tradition?

E. F.: Oui, j’ai ouvert une école de cuisine en hommage à ma mère. Et quand on me demande de venir faire des démonstrations culinaires au Marché, j’ai toujours l’impression que mes parents sont avec moi. J’enseigne, comme eux, aux gens à faire des conserves, des pâtes fraîches, des marinades.

VOIR: Est-ce que le Marché Jean-Talon a beaucoup changé depuis votre enfance?

E. F.: Bien sûr! Il s’est agrandi, il y a bien plus de commerçants qu’avant, et aussi une clientèle très variée venant d’un peu partout. Vous savez, le Marché fait vraiment sa part dans Montréal, il est très connu. Il y a même des Américains qui viennent acheter leurs tomates ici parce qu’elles sont meilleures que chez eux.

VOIR: En quoi le Marché Jean-Talon se distingue-t-il des marchés d’alimentation?

E. F.: Nous avons une grande chance, celle d’avoir encore de vrais producteurs et artisans du Québec à notre portée. Contrairement aux grandes surfaces, dont le rapport qualité-prix n’est pas si bon que ça, ici, on peut parler au producteur, goûter ses produits. Cette atmosphère-là, c’est irremplaçable.