Outremont: de champ à chic
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Outremont: de champ à chic

Pour apprécier pleinement un quartier, rien ne vaut un petit tour d’horizon dans les règles. Et tant qu’à faire, pourquoi ne pas commencer par un peu d’histoire. Il était une fois Outremont…

Il y a 150 ans, Montréal était en pleine ébullition. Du moins, son centre l’était. Car Outremont n’était qu’un grand champ avec quelques habitants éparpillés. On y passait de temps en temps pour aller à la campagne, près de la Rivière des Prairies. Cette zone géographique était appelée Côte Sainte-Catherine, parce que c’était tout ce qu’il y avait «outre le mont». Vous nous voyez venir, n’est-ce pas ? En 1875, on a officialisé l’appellation commune d’Outremont en nommant ce qui allait devenir le plus petit arrondissement de Montréal. L’un des plus convoités aussi.

Aujourd’hui, après un développement fulgurant au début du XXe siècle, le quartier a la réputation d’être cossu. Il faut dire que certaines rues près du Mont-Royal abritent d’anciennes maisons de premiers ministres, comme celle de Pierre-Elliott Trudeau surla rue MacCulloch, ou celle de Robert Bourrassa surla rue MapleWood. Lequartier est aussi des plus populaires auprès des consuls, qui s’y installent dans des maisons coloniales ou des sortes d’hôtels particuliers.

Il serait cependant faux de dire que seuls les gens «riches et célèbres» composent la population outremontaise. Dans les 70 dernières années, un nombre assez stable de Montréalais, principalement francophones mais de plus en plus d’origines diverses, s’y sont installés pour de bon. Différentes communautés ont d’ailleurs, au fil des ans, implanté sur place leur lieu de culte, enjolivant le paysage: l’impressionnante Église Saint-Viateur (183, avenue Bloomfield, Outremont) avec ses deux clochers, la Cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas (422, boulevard Saint-Joseph Ouest, Outremont), l’Église chinoise presbytérienne de Montréal (5560, rue Hutchison, Outremont), et enfin les nombreuses synagogues de la communauté juive hassidique qui colorent les vendredis soirs outremontais d’une façon unique.

Et qu’est-il advenu de toute la verdure pré-urbaine? On en retrouve encore des vestiges bien conservés où il fait bon se promener. Le Mont Outremont, point culminant du Massif du Mont-Royal, offre même des parcelles de forêt primitive. Plusieurs beaux parcs caractérisent le paysage, en plus d’offrir des activités gratuites aux Montréalais. Au Parc Joyce (coin Rockland et Lajoie, Outremont) par exemple, on peut étudier un arboretum (pins de Colombie, ginko-bilboas, etc) planté par M. Alfred Joyce, maire d’Outremont à qui appartenait l’endroit au début du XXe siècle. Un ancien golf s’est transformé en paradis pour les promeneurs avec sa rivière et ses deux étangs: le Parc Pratt (coin Van Horne et Pratt, Outremont). Et on ne peut passer sous silence le Parc Saint-Viateur (coin Bernard et Querbes, Outremont), avec son joli pont blanc où il fait bon patiner en hiver avec la petite famille. Exactement le genre d’endroit que l’on aime avoir à côté de chez soi!

Aujourd’hui, certains diront d’Outremont que c’est un chic village peu abordable. Plusieurs éléments restent cependant accessibles à tous: son histoire, sa verdure et son architecture ravissante. Et contrairement aux idées reçues, on peut aussi y magasiner et s’y restaurer sans vider son porte-monnaie. Mais ceci est une autre histoire…