Cultiver son jardin… en ville!
On parle de plus en plus de la nécessité d’avoir des villes encourageant le développement durable, l’achat local, les îlots de verdure et la culture urbaine. Québec s’inscrit-il dans ce mouvement? Existe-t-il des initiatives municipales et citoyennes en faveur d’une agriculture urbaine et périurbaine?
«Québec est moins avancé en matière d’agriculture urbaine que Montréal, mais ses citoyens sont de plus en actifs en la matière», explique Rachel Vincent, chargée de projets à Craque-Bitume (798, 12e Rue, Québec, 418 523-4580, craquebitume.org), un des deux collectifs les plus dynamiques en écologie à Québec avec les Urbainculteurs (toit vert de démonstration au 401, rue Saint-Paul, Québec, 418 694-7047, urbainculteurs.org). Effectivement, certains signes ne trompent pas. Depuis quatre ans, la Fête des semences, organisée au début du mois de mars et réunissant des semenciers et des conférenciers de tous crins, accueille plus de 3000 visiteurs en une seule journée. «Nos ateliers de jardinage écologique ne dérougissent pas non plus. Nous formons une centaine de personnes par an (formation de 45 heures) et devons refuser du monde.» Qui sont les intéressés? Ils sont d’âge, d’origine et de condition variés. Et ils ont des motivations diverses, du gain d’espace au centre-ville jusqu’à une passion naissante pour le jardinage en banlieue. Ce qu’il faut en retenir, c’est que les mentalités changent et que les habitants de Québec sont de plus en plus préoccupés par leur environnement et par ce qu’ils consomment. Hormis les jardins communautaires déjà très populaires, des initiatives comme celle du potager devant l’Assemblée nationale donnent une vitrine à ce mouvement en pleine croissance. Pour accompagner les citoyens de Québec dans leurs projets d’agriculture, Craque-Bitume propose des ateliers divers: création de bacs de jardinage hors sol, compostage, conserves, etc. Quant aux Urbainculteurs, ils œuvrent avec des particuliers comme des professionnels de la restauration en offrant des services de réalisation de terrasses-jardins, de vergers urbains hors terre, de murs végétaux, ou encore d’apiculture urbaine.
Le Cercle Maraîcher
Parmi les initiatives qui fleurissent en matière d’agriculture urbaine, celle menée de front par Marc-André Corriveau, un des copropriétaires du Cercle, est vraiment inspirante. Le Cercle Maraîcher (4052, chemin Royal, Sainte-Famille, cerclemaraicher.com), dont l’idée de base est de proposer une solution de remplacement saine et durable à l’agriculture industrielle tout en rapprochant les producteurs et les consommateurs, est très actif. Situé à Sainte-Famille, sur l’île d’Orléans, il se présente comme une ferme écoresponsable: agriculture sur petite surface selon la méthode des planches permanentes, sans engrais de synthèse, ni herbicides ni insecticides. Les produits de la terre (légumes et herbes fraîches) et de l’élevage transformés sont par la suite intégrés dans des paniers que l’on vient chercher chaque semaine de juin à novembre. Une partie des denrées est utilisée au restaurant du Cercle et le reste est disposé sur un étalage au Cercle le dimanche, de midi à 14h, pour des achats à l’unité. Et pour boucler la boucle, les déchets de table du restaurant sont collectés pour nourrir les cochons et les poules de la ferme. Un excellent exemple de culture intégrée.
Le Cercle Maraîcher ne veut cependant pas s’arrêter en si bon chemin. «2014 marquera l’arrivée des poules en ville», avance Marc-André Corriveau. «À compter du mois d’avril, les gens pourront louer un petit poulailler et deux poules pondeuses. Plusieurs forfaits seront disponibles. On a tout à y gagner. Les poules nous débarrassent des déchets de table – en Allemagne, certaines municipalités en donnent à leurs citoyens pour minimiser la quantité d’ordures – et produisent du compost pour le potager ou les bacs à fleurs, en plus de fournir des œufs frais quotidiennement.» Un projet prometteur qu’il nous tarde de découvrir.
Dans l’attente, et c’est somme toute ce sur quoi reposent toutes les initiatives écocitoyennes que nous avons évoquées, l’agriculture urbaine, c’est bien plus que du jardinage. «Un urbainculteur ne cultive pas seulement des légumes, fruits, fines herbes, fleurs; il fait aussi pousser le verdissement urbain, l’embellissement de son cadre de vie, le lien social», lit-on sur le site web des Urbainculteurs. Une phrase à réfléchir.