Montréal, planète mode
Montréal est une vraie pépinière de talents en mode, un secteur qui semble avoir le vent dans les voiles. Qu’en pensent ceux qui évoluent dans ce domaine? Rencontre de deux de ses acteurs pour en savoir plus.
Aujourd’hui, la mode fait intrinsèquement partie des forces montréalaises. Écoles reconnues, événements courus, griffes qui s’exportent internationalement; autant d’indicateurs que ce secteur d’activités a de beaux jours devant lui. Toutefois, il s’agit aussi d’un domaine extrêmement concurrentiel où les élus qui vivent correctement de leur art ne sont pas légion, et où une réputation chèrement acquise peut se perdre en un claquement de doigts, au hasard d’une collection moins populaire. Madeleine Voizard, une jeune créatrice de la relève qui vient de présenter sa toute première collection MAD (madeleinevoizar4.wix.com/madeleine) le 25 septembre dernier au concours Fashion Pop, une plateforme qui permet à quelques talents en devenir de disposer d’une tribune et, s’ils gagnent, d’un coup de main de marques reconnues, est parfaitement consciente des deux côtés de la médaille de son métier. «Je travaille depuis des années en mode parallèlement à mes études, ce qui me permet de mêler la pratique à la théorie, mais aussi d’observer comment le milieu de la mode fonctionne.»
Signature, originalité, confort
Assistante de la designer Isabelle Elie qu’elle seconde en atelier comme pour des séances de photos, Madeleine a progressivement trouvé sa signature, une donnée cruciale lorsqu’on veut faire sa marque en mode. «Ce qui m’inspire, c’est Montréal et la mode de la rue. Je crée donc des vêtements conjuguant élégance, confort et originalité, aussi bien portables le jour que le soir.» Ce qui la distingue: des coupes précises, des lignes graphiques et un mariage de tissus luxueux comme du jacquard et de la soie avec d’autres, plus modernes (cuir, jeans, lustré), pour un résultat qui s’éloigne des modèles traditionnels.
La mode montréalaise, vue par une griffe reconnue
Est-ce que le travail de Madeleine Voizard, tout comme celui de ses concurrents au concours Fashion Pop – concours qui a finalement été remporté par Christina Julien (christinajulien.com) – intéresse des griffes montréalaises déjà bien implantées? «Bien sûr», répond Franco Rocchi, vice-président principal de la marque Le Château (lechateau.com), membre du jury Fashion Pop et commanditaire principal du prix remis au gagnant. «Depuis nos débuts en 1959, nous travaillons avec des designers d’ici pour nos collections. Et pour survivre dans un marché de plus en plus concurrentiel, nous avons fait, il y a de cela une dizaine d’années, le pari de l’identité. Notre équipe de créateurs compte donc maintenant 40 personnes, majoritairement jeunes, qui développent pour nous des modèles uniques qui ne ressemblent à aucune autre marque.» Son constat après des années d’exercice à Montréal? «Notre rôle, en tant que marque reconnue, est de stimuler la créativité, car Montréal ne serait pas devenue une plaque tournante de la mode sans émulation. Et cette ville a beaucoup à offrir dans ce domaine. En raison de son environnement et de sa typicité, elle a un style bien à elle, coloré, savoureux et résolument moderne.» Une vision partagée par de nombreuses autres griffes qui ont choisi de garder leurs ateliers de création ici même si elles connaissent un succès international. Peut-on en déduire que la mode est un secteur d’avenir à Montréal? Probablement, puisque la passion de tous ses acteurs est palpable, et leur attachement à leur ville réel.