3/4 OZ : Le tonic retourne aux sources
Chimie, design et qualité: deux jeunes Montréalaises ont créé 3/4 OZ., une gamme de concentrés et tonic pour mettre en valeur les spiritueux d’ici, par amour du (bon) cocktail…
Le gin tonic, c’est LE drink d’Alexandrine Lemaire et Hannah Palmer, les créatrices de 3/4 OZ. «Dans ce cocktail, on met quand même trois parts de tonic pour une part de gin, il est donc important que ce tonic soit de qualité autant que l’alcool», souligne Alexandrine. Les amies ont ainsi eu l’idée de lancer leur marque de tonic et de sirops artisanaux 100% québécois et naturels. L’objectif: revenir à la manière dont les classiques étaient faits avant. «Quand on s’est lancées, il était pratiquement impossible de trouver à Montréal autre chose à mélanger avec un gin qu’un produit commercial. Avec 3/4 OZ., on donne des solutions de rechange aux boissons gazeuses.»
Alexandrine est designer de produits et vient d’une famille qui travaille dans l’agroalimentaire, tandis que sa comparse Hannah a un bac en chimie: «Quand on mélange nos compétences, ça donne du tonic!», dit-elle en riant. Les deux jeunes femmes font de la microproduction à la main dans leur local de Jean Talon, de la fabrication du tonic à l’embouteillage et l’étiquetage – une production qui peut aller jusqu’à 1000 bouteilles par jour pendant la période des fêtes. «Nos connaissances associées nous ont permis de ne rien sous-traiter.»
Elles lancent leur Tonic en décembre 2013, leur Cola un an plus tard, et enfin leur Ginger ale en décembre 2015. «Avec cette gamme, on couvre tous les spiritueux de base, explique Hannah. Le gin avec le tonic, les spiritueux bruns (rhum, rye, whisky, bourbon) avec le cola, tandis que le ginger ale va bien avec une bière ou une vodka.» Des concentrés qui peuvent aussi se consommer sans alcool: le cola, un «cola non coupable» car moins sucré, passe aussi bien dans le bourbon des parents que dans le verre de l’enfant, et le ginger ale s’accommode à merveille d’une eau chaude.
La qualité dans le compte-gouttes
Les produits 3/4 OZ. sont trois fois moins sucrés qu’une boisson commerciale, et à base d’ingrédients naturels. «Ça rehausse les saveurs, et le spiritueux prend plus de place, car il n’est pas masqué par des sirops de maïs, etc.», décrit Alexandrine. On profite ainsi mieux des spiritueux, qu’on n’a pas toujours le goût de boire sur glace. Bref, fini les tonics sucrés et chimiques qui s’éventent au frigo pendant des semaines.
Avec cette volonté de mettre l’alcool en avant, 3/4 OZ. tombe au bon moment puisque la tendance est aux spiritueux locaux et les distilleries se multiplient au Québec. De bons produits faits ici, qu’on n’a pas envie de noyer dans des boissons commerciales qui masquent les aromates de ces alcools plus complexes et délicats. «Il y a eu une grosse publicité autour des spiritueux locaux, qui nous aide beaucoup, reconnaît Hannah. On veut s’associer à cet engouement pour les produits locaux en proposant une solution de rechange de qualité pour des alcools de qualité.»
Pas de trace de sirop de maïs, fructose, acide phosphorique et autres produits chimiques: Hannah et Alexandrine ont enlevé de leurs concentrés tout ce qu’elles trouvaient non nécessaire et qui venait ternir le goût du spiritueux. «On utilise l’écorce de l’arbre pour faire notre quinine, qui donne l’amertume au tonic, et non pas un produit chimique comme c’est souvent le cas», explique Hannah. La saveur du cola est quant à elle obtenue avec un mélange d’huiles essentielles d’épices, de fleurs et d’agrumes.
Une solution de rechange aux boissons commerciales
Le design des bouteilles, signé Alexandrine, est attrayant tout en restant assez simple: l’étiquette figure un drink iconique inspiré du design des flacons de médicament – le tonic était à l’origine un remède qu’on mêlait au gin pour faire passer l’amertume prononcée de la quinine. «C’est comme une petite potion pour se faire des drinks! dit Alexandrine. C’est aussi un cadeau plus original qu’une bouteille de vin pour amener à un souper…»
Il a fallu malgré tout éduquer un peu les consommateurs du Québec, où les sirops sont peu connus et utilisés. Beaucoup sont par exemple perplexes devant ces petites bouteilles de 17 onces qui coûtent 25$; comme il s’agit de concentré, une bouteille peut servir à faire jusqu’à 25 cocktails et se conserve près de six mois au frigo. «Ça permet aussi de doser comme on le sent, selon l’amertume qu’on aime, indique Alexandrine. Nous, on recommande ¾ d’once.»
Avec la culture cocktail en pleine expansion vient aussi la recherche de tonics plus fins, comme le confirme Hannah: «Au début, on intéressait plutôt les connaisseurs, mais maintenant que les gens ont découvert qu’il y avait une solution de rechange aux boissons gazeuses, ils sont vraiment emballés, et on touche un public plus large.» Des concentrés québécois qui marchent tellement bien qu’ils se sont rendus en mars dernier jusqu’à Paris pour représenter le savoir-faire, la qualité et la créativité de Montréal au célèbre festival culinaire Omnivore…