À la di Stasio 3, Su, la cuisine turque de Fisun Ercan, Mes restos, mes recettes, du rêve à la réalité, Je cuisine italien, Helena, 100 recettes portugaises, L’art de vivre selon Joe Beef ou encore L’Artisan culinaire. Il suffit d’aller dans une librairie pour se rendre compte du phénomène. "Depuis que j’ai ouvert la librairie, je n’avais jamais vu ça. Il n’y a jamais eu autant de livres de cuisine produits au Québec, assure Anne Fortin, propriétaire de la Librairie gourmande au Marché Jean-Talon. Habituellement, un chef sort un ouvrage aux deux ans. Le rythme semble s’accélérer."
Est-ce en vue du Salon du livre, des Fêtes de fin d’année ou simplement par pur hasard que les sorties de livres québécois se multiplient cet automne? Les raisons sont multiples. Alors, qu’est-ce qui pousse ces chefs à se coucher sur papier?
Best-seller
Il y a les têtes d’affiche qu’on ne présente plus et dont le livre est attendu, comme Josée di Stasio et son troisième opus, À la di Stasio 3, sorti la semaine dernière. "C’est la suite de mes deux premiers ouvrages. Je poursuis mon combat contre la malbouffe, explique celle qui présente depuis 10 ans l’émission À la di Stasio à Télé-Québec. Je veux que les gens cuisinent mes recettes et que cela soit réussi. Ce livre est une boîte à outils pour faire des recettes avec un petit wow!" Son dernier livre est au même format que ses deux best-sellers précédents. Il propose des recettes accessibles et belles à regarder qui devraient une fois de plus conquérir les milliers d’adeptes de l’animatrice. Selon elle, c’est l’authenticité qui plaît aux lecteurs. "Il faut trouver sa place. Peut-être qu’il y aura un trop-plein, mais ça devrait se placer. Il faut être vrai avec ce qu’on fait et les produits qu’on utilise", confie-t-elle en souriant.
Comme elle, Stefano Faita en est à son troisième ouvrage avec Je cuisine italien. Plus petit et nettement moins autobiographique que les deux précédents, ce livre se concentre sur neuf essentiels de la cuisine italienne. Tomates, agrumes, noix… L’auteur décline en recettes conviviales ces ingrédients parfois mal connus. Pour lui, la motivation de sortir cet ouvrage était en premier lieu le plaisir. "J’aime ça, mais avec tout ce mouvement autour de la bouffe, c’est aussi une façon de rester visible, concède-t-il avec un air hésitant. Par contre, je n’en ferais pas un par saison, c’est trop de travail. Et ce sera toujours de la cuisine italienne. C’est ce que je sais faire."
Découvrir une culture
Pour d’autres, un peu moins connus du grand public, la publication d’un livre peut permettre de partager leur culture. C’est le cas de Fisun Ercan, chef du restaurant Su. "Il y a peu de livres de cuisine turque et hormis les kebabs, les gens connaissent mal nos spécialités culinaires", explique la femme discrète qui vient de sortir Su, la cuisine turque de Fisun Ercan.
Depuis l’ouverture, il y a cinq ans, de son restaurant à Verdun, ses clients lui ont posé beaucoup de questions sur sa gastronomie. "C’est une manière de mettre sur papier ce que je fais chaque jour. Je laisse une trace de mon travail", poursuit celle qui a bossé un an sur son livre. En plus d’y expliquer la tradition culinaire turque, elle donne des recettes de mezze et celle du fameux café turc.
Son bouquin est sorti en même temps que celui d’Helena Loureiro, chef du restaurant portugais Portus Calle et du bistro Helena dans le Vieux-Montréal, qui doit ouvrir prochainement. La chef en est aussi à son premier livre: Helena, 100 recettes portugaises. Dans la même optique que Fisun Ercan, la chef dynamique souhaite faire connaître les classiques de sa cuisine. "Ce sont des recettes traditionnelles revisitées. Avec ce livre, j’ai aussi pu renouer avec mes racines", note la femme qui a appris à cuisiner avec sa grand-mère, présentée dans le livre. Son bouquin recense la majorité des classiques portugais tout comme des recettes d’accompagnements de base.
Ouvrage souvenir
Avec Mes restos, mes recettes, du rêve à la réalité, Jérôme Ferrer en est à son deuxième livre cette année. "Au départ, je ne voulais pas en refaire un, mais avec tout ce qu’on a vécu, ça valait la peine de conclure ces dix années par un livre", explique le chef de l’Europea. En 2001, il est arrivé à Montréal avec ses deux amis d’enfance et associés Ludovic Delonca et Patrice de Felice. "Notre histoire est un vrai roman. On a aussi eu des malheurs et on a tout perdu. Mais on a remonté la pente. On peut clore ce chapitre pour en ouvrir un autre", raconte-t-il. Le livre reprend donc cette histoire et regroupe les recettes phares de ses établissements, dont le cappuccino de crème de homard et copeaux de truffes et les macarons.
Il y en a encore d’autres et malgré la multitude de titres sortis cette année, les conteurs gourmands estiment qu’il y a de la place pour tout le monde. "Il y en a beaucoup, mais ils sont tous différents avec chacun leur style. Si les gens achètent nos livres, c’est qu’il y a encore de la place", résume Stefano Faita.
À la di Stasio 3, de Josée di Stasio, éd. Flammarion, 2011, 224 p.
Stefano Faita – Je cuisine italien, de Stefano Faita, éd. Trécarré, 2011, 136 p.
Su, la cuisine turque de Fisun Ercan, de Fisun Ercan, éd. Trécarré, 2011, 160 p.
Helena, 100 recettes portugaises, d’Helena Loureiro, éd. Transcontinental, 250 p.
Mes restos, mes recettes, du rêve à la réalité, de Jérôme Ferrer, éd. La Presse, 197 p.