Il perce un trou dans la glace et dépose son matériel juste à côté: un bidon orange, une boîte pleine de vers de terre et une petite brimbale qui sert de canne à pêche. «En hiver, les truites se retrouvent dans l’obscurité sous la glace. Dès qu’un trou est percé, elles sont attirées par la lumière, explique Tony Renière, guide à la Pourvoirie du Lac Blanc à Saint-Alexis-des-Monts, en Mauricie. Ensuite, il faut mettre le ver en chaussette sur l’hameçon et descendre la ligne. Rien de plus!» Moins d’une minute suffit pour que la première truite mouchetée se fasse attraper, et les suivantes ne tardent pas…
En Mauricie, se trouvent plusieurs sites pour pratiquer la pêche blanche, qui bat son plein à cette époque de l’année. À la Pourvoirie du Lac Blanc, les visiteurs peuvent pêcher seuls ou avec un guide. Pour les amateurs de nature, Tony Renière suggère de partir en raquettes de l’auberge de la pourvoirie pour observer les porcs-épics et renards argentés qui rôdent dans les parages. Une marche de 30 minutes permet d’arriver au lac Roche, destiné à la pêche blanche. «C’est une activité familiale et les enfants aiment vraiment ça. En plus, c’est facile et il y a tout le confort pour les frileux», assure l’homme en montrant une petite cabane sur le bord du lac.
Et pour rendre le moment encore plus plaisant, Tony Renière organise une dégustation du poisson fraîchement pêché. «Il faut lever les filets avant que la truite soit complètement gelée, prévient le guide en parfaite maîtrise de l’animal. J’ai une méthode qui permet d’avoir des morceaux sans aucune arête.» Un feu de bois, une poêle et un peu d’huile de canola. Pas de sel ni aucune autre épice. «Il n’y a pas plus frais. Ça goûte le ciel!» lance-t-il en fermant les yeux.
La Pourvoirie du Lac Blanc, qui offre aussi de l’hébergement, fait partie de la dizaine de pourvoiries ouvertes en hiver et qui proposent de la pêche blanche en Mauricie. «Nous avons de la chance dans notre région car nous avons une large gamme de poissons à pêcher en hiver», note Valérie Fortin, directrice générale de l’Association des pourvoiries de la Mauricie. La saison de la pêche blanche commence en décembre et se termine vers la fin mars. «Il est possible de pêcher de la truite, du brochet, de l’omble de fontaine, du doré et aussi du poulamon. Cela dépend de la période de pêche et de la zone», poursuit-elle.
À la pêche aux petits poissons des chenaux
Pour le poulamon, c’est à Sainte-Anne-de-la-Pérade que ça se passe. Chaque année, près de 100 000 visiteurs se pressent sur la rivière Sainte-Anne pour pêcher de jour ou de nuit des petits poissons des chenaux. Celui-ci réside dans le fleuve aux abords de L’Isle-aux-Grues. Au mois de décembre, il remonte la rivière Sainte-Anne pour se reproduire jusqu’à la mi-février, période où il repart dans le fleuve. Et contrairement à la pêche blanche, aucun permis n’est requis pour attraper ce poisson et aucun quota n’est appliqué. «En moyenne, de quatre à cinq millions de poulamons sont pêchés chaque année, mais ce n’est que 1% du banc», souligne Isabelle Durette, présidente de l’Association des pourvoyeurs de pêche aux petits poissons des chenaux.
Dans l’une des 500 petites cabanes aménagées sur la glace, les Mendonça pêchent avec attention. «Cela fait trois ans que nous venons et nous allons revenir l’année prochaine», affirme l’un des membres de la famille qui a fait le déplacement de Montréal. Dans la cabane, tout le confort est fourni: un poêle à bois, un sofa, de la lumière, les lignes déjà installées au-dessus du trou d’eau et les appâts de foie de porc ou de crevettes. Arrivée tôt le matin, la famille a déjà pêché une cinquantaine de poissons qui ont été en partie préparés avec de la panure et engloutis par les petits-enfants aimant les manger avec du ketchup.
Pour les familles
«Nous avons réussi à changer l’image de la pêche aux petits poissons des chenaux, dit Isabelle Durette. Avant, la clientèle consommait beaucoup d’alcool et causait des problèmes. Dans les années 1990, nous avons effectué un virage qui a permis d’attirer des familles.» Une des initiatives a été d’organiser le Festival de pêche aux petits poissons des chenaux, qui se poursuit toutes les fins de semaine jusqu’au 12 février et où de nombreuses activités sont proposées aux petits et aux grands.
À deux pas de la rivière, pour se réchauffer ou pour manger un plat de poulamon à l’ancienne, le Rose Bonbon est une adresse étonnante du village. Ce restaurant fait aussi office de confiserie et tient à l’étage inférieur des dizaines de jujubes et suçons côtoyant gommes à mâcher et friandises anciennes. De quoi se sucrer le bec avant de rentrer.
Carnet d’adresses /
Pourvoirie du Lac Blanc: 1000, Domaine Pellerin, Saint-Alexis-des-Monts, 819 265-4242, pourvoirielacblanc.com
Association des pourvoiries de la Mauricie: 819 676-8824, naturemauricie.com
Association des pourvoyeurs de pêche aux petits poissons des chenaux: 8, rue Marcotte, Sainte-Anne-de-la-Pérade, 418 325-2475, associationdespourvoyeurs.com
Rose Bonbon: 321, boulevard Lanaudière, Sainte-Anne-de-la-Pérade, 418 325-2744