Il y a déjà un an et demi que Pizzicato, le temple de la pizza carrée, fine et croustillante, retombait sur ses pattes après l’incendie ayant propulsé son existence en orbite. «Je préfère dire qu’on est dans notre 19e année», corrige gentiment François Pichette qui non, rien de rien, ne regrette rien du chaleureux local exigu et briqueté dans lequel il devenait restaurateur en mars 1994. «Nous étions limités dans l’espace, donc forcément limités dans les possibilités.»
En élisant domicile juste de l’autre côté du chemin de fer, dans un nouvel espace baigné de lumière et ouvert sur l’effervescence de la ville grâce à ses grandes fenêtres, le futé proprio esquivait toutes les comparaisons avec la première incarnation de sa chic pizzeria. «Comme je me doutais bien que j’allais, peu importe les choix, me faire dire “ce n’est pas pareil comme avant”, j’ai décidé d’y aller à fond dans le pas pareil, de changer de façon draconienne. Je suis content de voir que les gens ont bien réagi.» Fidèle depuis la réouverture à son traditionnel menu composé d’une ribambelle de pizzas connues par le chiffre qui les désigne dans la carte (comme dans: «Je vais prendre la 5» ou «Ma préférée, moi, c’est la 14»), de salades et de plats de pâtes, Pichette fomenterait actuellement quelques changements. «On s’est installés pour pouvoir évoluer», confie-t-il, circonspect.
Pizza rouge, pizza verte
Avec sa promotion Solidarité aux carrés (10% de rabais en tout temps ou 25% après 21h pour les étudiants, toujours en vigueur), Pizzicato devenait un des rares restaurants à emboîter le pas, à sa manière, au Printemps érable. «Contrairement à certains chroniqueurs donneurs de leçons, nous croyons qu’il est légitime et très sain que les étudiants puissent sortir et se divertir […]», déclarait en substance Pichette dans un communiqué diffusé en mai dernier.
N’aviez-vous pas peur de vous aliéner une partie de votre clientèle, monsieur le propriétaire? «Des gens m’ont taxé d’opportunisme, bien sûr, mais ce n’est pas grave. Pendant la grève, j’ai reçu plusieurs curriculum vitae d’étudiants qui m’annonçaient ne pas compter retourner à l’école parce qu’ils n’en avaient plus les moyens. Je voulais sincèrement donner un coup de main aux étudiants. Sherbrooke vit au rythme de ses institutions scolaires, il ne faut jamais l’oublier.»
Pizzicato
47, rue King Ouest
Sherbrooke
819 575-4335