Vie

Le Cinquième Élément : Utopie à hauteur de femme

Tous les bons produits de la région convergent vers les cuisines du Cinquième Élément, restaurant emblématique du joyeux esprit comptonois. Rencontre avec sa propriétaire, Corine Descampe, utopiste.

L’achat local, la mise en valeur des produits régionaux, la réduction de l’empreinte écologique: voilà des idées inscrites depuis quelques années en caractères gras dans le petit catéchisme du restaurateur bien de son temps. Il n’en était cependant pas encore ainsi en 2005, lorsque Corine Descampe posa ses pénates dans le coquet village de Compton afin d’inaugurer Le Cinquième Élément. «J’avais l’air d’une utopiste à l’époque avec ces idées de fou, se rappelle la précurseure. Mais il faut dire que Compton, pour les utopistes, c’est vraiment fabuleux. Il y a une énergie ici qu’on ne retrouve pas ailleurs. Tous les producteurs poussent dans le même sens pour développer des produits exceptionnels, qui visent la qualité et l’excellence. C’est merveilleux d’en être l’ambassadrice. Sans que nous nous en soyons parlé, une boucle s’est créée: les gens goûtent des produits chez moi et vont en acheter ensuite chez les producteurs, et vice-versa.»

Loin de protéger ses secrets, la restauratrice inscrit sur son menu mettant de l’avant «une cuisine fusion internationale à saveur locale» la provenance de tous ses ingrédients chouchous (issus de la Fromagerie La Station, de la Ferme piscicole Les Bobines, des Jardins du ruisseau Ball, pour n’en nommer que quelques-uns) tout en répondant à quatre maîtres mots: amour, magie, conscience et audace. Explications: «L’amour, c’est pour l’amour des bonnes choses, l’amour de la vie. Mon slogan, c’est: “La vie est trop courte pour manger triste.” La conscience, parce que dès que je suis arrivée ici, j’ai mis au point un système de compostage. Je trouve aberrant que tous les restaurants ne soient pas obligés de composter. Audace, parce qu’on m’a bien traitée d’audacieuse quand j’ai décidé de m’investir dans un tel projet, en pleine campagne. Et puis la magie… ça fait partie de mon personnage!»

Avec sa sélection d’une vingtaine de bières belges en importation privée, dont cinq des six dernières bières belges trappistes existantes, que connaît sur le bout de ses doigts le maître d’hôtel Denis, frère de Corine, ainsi qu’avec ses gelées, chutneys, sorbets et gelatos maison en vente sur place, Le Cinquième Élément a fidélisé une masse de bons vivants qui se rangent du côté de la saveur avant tout. «J’ai voulu profiter de la manne de petits fruits disponibles en région et les transformer de différentes manières. Contrairement à beaucoup d’autres restaurants, je vise au départ peu de rentabilité en espérant que ça paiera à long terme. Je mise sur la qualité. Ce n’est pas difficile de faire un sorbet de piètre qualité: tu mets plein d’eau, du sucre et peu de fruits. Ça donne un sorbet granuleux que les gens n’aiment pas. Quand ils goûtent le mien, les gens s’exclament: “C’est génial ton truc, c’est plein de fruits!”» Autre preuve que la simplicité a toujours meilleur goût.

Le Cinquième Élément
6815, route Louis-S.-St-Laurent, Compton
819 835-0052
lecinquiemeelement.ca