Taverne irlandaise O’Reilly
La Taverne O’reilly récompense enfin la patience des amateurs estriens de Guinness. Portrait d’une ambassade de l’Irlande à Sherbrooke que l’on n’attendait plus.
Il y a longtemps que l’ouverture d’un bar à Sherbrooke n’avait été précédée d’une aussi ardente rumeur. D’abord prévue pour l’automne 2011 – «un échéancier beaucoup trop optimiste», observe avec le recul le propriétaire Pascal Gravel –, l’inauguration de la Taverne O’reilly se laissait pour le moins désirer, inspirant à certains impatients plaisanteries et sarcasmes. «On va entendre le prochain album de Michel Pagliaro avant de pouvoir aller boire une pinte là», soupiraient-ils dans une vaine tentative de déguiser leur enthousiasme en ironie.
Il y a longtemps que l’ouverture d’un bar n’avait rameuté autant de curieux assoiffés, constatait-on en novembre dernier lors d’une soirée inaugurale follement achalandée. Il fallait voir de ses yeux la queue s’étendant sur plusieurs mètres à l’extérieur de la nouvelle ambassade de l’Irlande à Sherbrooke sise rue King Ouest, à l’intersection de Vimy. Ambassade de l’Irlande à Sherbrooke et «chic taverne irlandaise», ajouterait monsieur Gravel en appuyant précautionneusement sur l’adjectif «chic» afin que l’on ne confonde pas son établissement avec un de ces lieux interdits aux femmes où l’ouvrier allait jadis siffler sa grosse bière et engloutir un œuf dans le vinaigre. Vous l’aurez compris,la Taverne O’reilly emboîte le pas au mouvement de classieuse réappropriation de la taverne observable depuis déjà quelques années (on pense, entre autres, à la taverne Le Trèfle à Trois-Rivières).
Du bois!
«Du bois, du bois, du bois!» lance monsieur Gravel, aussi propriétaire du restaurant Fondue Folie, lorsqu’on lui demande de décrire le décor de ce chaleureux antre dans lequel le buveur prendra place comme on s’assoit auprès d’un feu de foyer. «On voulait absolument se distinguer de la tendance épurée que beaucoup de bars embrassent ces temps-ci. Le bois, c’était à la mode il y a cent ans, c’est à la mode aujourd’hui, et ce sera encore à la mode dans cent ans.»
Aux essentiels fûts de Guinness, de Harp, de Smithwick’s et de Kilkenny posés derrière le bar, quatre bières irlandaises constituant, avec une sélection de scotchs, la pierre angulaire de la carte, se greffent avantageusement les Trois-Pistoles et autres Maudite brassées par Unibroue, que coule une avenante et élégante équipe de serveurs et serveuses arborant tous la cravate. «La couleur or des cravates rappelle l’or du logo de Guinness», fait remarquer monsieur Gravel afin d’illustrer le souci du détail ayant présidé aux moindres de ses choix.
Quant au menu bouffe, il devait au moment d’écrire ces lignes incessamment atterrir sur les tables de la taverne. Smoked meat, saucisses, choucroutes, fromages et ragoûts sortiront donc des cuisines O’reilly midi et soir. Et si la qualité d’un bar n’attend pas forcément le nombre des années, monsieur Gravel ambitionne d’inscrire le sien dans la durée. «Je ne veux pas d’un feu de paille. On veut que dans dix, vingt, cinquante ans, la Taverne soit encore là.»
Taverne irlandaise O’Reilly
1410, rue King Ouest, Sherbrooke
819 575-6571