Cafés de quartier de Sherbrooke
Vie

Cafés de quartier de Sherbrooke

Il a longtemps fallu se contenter de gobelets de carton remplis d’eau de vaisselle hors du centre-ville de Sherbrooke. Plus maintenant. Gros plan sur deux cafés de quartier pour qui chaque tasse d’allongé et chaque bol de latte mérite de précieux soins.

Le Tassé – café de quartier

426, rue du Conseil, Sherbrooke

819 791-2211

letassecafedequartier.com

Battre en brèche les vilains clichés qui collent aux fesses de l’Est de Sherbrooke, un bol de latte à la fois, voilà une des titanesques, bien qu’indéniablement nobles, missions que s’est fixées Samuel Lessard-Beaupré, jeune propriétaire du Tassé, café de quartier situé à l’angle des rues du Conseil et Murray. «J’ai grandi dans la paroisse Marie-Reine, j’ai donc beaucoup arpenté la rue Murray du temps que j’allais au cégep, et je l’ai toujours trouvée très belle, raconte-t-il par-dessus une chanson doucement mélancolique de Harvest Breed qui berçait les clients lors de notre visite. Il faut aussi dire que le quartier grouille de plus en plus. Les gens de l’extérieur qui arrivent en ville, et qui ne connaissent pas ses stigmates, ne voient que des avantages à s’installer dans l’Est: le centre-ville n’est pas loin, les loyers ne sont pas chers, les résidents se voisinent.»

Rendez-vous des travailleurs de la santé qui viennent se régaler le midi d’un roboratif menu sandwich-soupe-salade, Le Tassé compte parmi ces confortables repaires tranquilles pour experts flâneurs où l’on sirotera comme il se doit son allongé sans risquer d’être la cible du regard acariâtre d’un employé. Derrière le comptoir, l’équipe de souriants baristas traite avec tous les petits soins que mérite un grand plat chacune des tasses qu’ils couleront, emboîtant à cet égard le pas à ce que l’on nomme, chez les spécialistes, la «troisième vague du café» (l’expression sert à décrire ce nouveau rapport au café, semblable à celui qu’entretiennent les œnologues avec le vin, que valorisent de plus en plus d’aficionados).

«Le Tassé, c’est la proximité au sens large, se réjouit celui qui insistera pour qu’on l’appelle Sam. C’est un commerce de proximité où tu vas parce que c’est proche de chez vous, mais c’est aussi la proximité des clients et de la gang qui travaille ici.»

The Singing Goat Café

287, rue Galt Ouest, Sherbrooke

819 820-1118   

«C’est super facile de cultiver ses pousses, assure Jackie Hall, aimable propriétaire du Singing Goat Café, en pointant les germes de luzerne qui s’épanouissent sur une tablette, devant la cuisine. It’s like a child, tu dois être là deux, trois fois par jour», rigole celle qui jongle élégamment avec anglais et français, souvent dans la même phrase.

Temple du bio, du cru et du végé, le café de la chèvre chantante (traduction libre) tient du véritable cauchemar pour carnivore et du rêve éveillé pour quiconque a compris qu’un repas savoureux ne doit pas obligatoirement s’articuler autour d’une tranche de bœuf. Un pâté d’houmous chaud et une lasagne vivante (avec fromage de noix d’acajou) figuraient sur l’ardoise le jour de notre visite. «Je me suis mise à la bouffe crue grâce à une amie qui organisait des soirées raw food [alimentation vivante] ici, avant. Ça goûte bon, parce que ça goûte alive! Maintenant, il y a toujours un plat cru au menu, ce qui veut dire qu’il y a forcément toujours un plat sans gluten et sans produits laitiers.»

Ouverte de 10h à 15h, la toute petite échoppe sise à l’ombre de la Taverne Alexandre servirait un des meilleurs cafés de toute la Reine, s’il faut en croire madame Hall. «Je sais que mon ami Sam dit la même chose, s’esclaffe-t-elle en nous décochant un clin d’œil lorsqu’on évoque notre visite au Tassé. Je l’aime beaucoup, Sam, mais mon café est meilleur.»