Bouffe de rue : La bouffe de rue, vue par les 'trucktivores" et les travailleurs du camion
La bouffe de rue vue par les «trucktivores»
En traversant le boulevard René-Levesque vers la Place du Canada, on aperçoit les camions colorés des restaurateurs de rue qui servent une poignée de clients chacun. «C’est génial, lance Louise, qui vient avec ses collègues une fois par semaine. Ça n’a rien à voir avec la foire alimentaire dégoûtante qu’on a en bas de notre édifice et c’est à peu près le même prix.» Pour Louise, la bouffe de rue, c’est aussi l’occasion d’un pique-nique. «C’est très agréable de manger dans le petit parc le midi. C’est une expérience champêtre au centre-ville.»
Sébastien adore. Il marche depuis le Musée McCord pour venir manger la nourriture des camions, lui qui a l’expérience de la bouffe de rue dans d’autres villes. «Je trouve que ça a été bien fait à Montréal.» Selon lui, la qualité est là et les prix sont justes. «Ça dépend c’est quoi ta référence. Si tu apportes ton lunch au bureau et que ça te coûte 4$, c’est sûr que tu vas trouver ça cher.»
«Tu payes pour ce que tu as», raconte Philippe, en donnant en exemple sa première expérience de camion, un petit hamburger qu’il jugeait minuscule. «Mais quand je l’ai mis dans ma bouche, j’ai tout de suite compris la valeur», conclut-il.
Mélissa Simard organise des tours gastronomiques avec sa compagnie Autour de la table. Elle propose maintenant un foodtruck tour, mais avoue trier les camions qu’elle visite. «Il y a du monde qui va me détester pour ce que je vais dire. Je trouve que certains sont très bons alors que d’autres sont ordinaires. À mon avis, certains servent du fast food.»
Les travailleurs du camion
Les restaurateurs de camions sont unanimes: le midi au centre-ville, c’est très bien, tandis que les horaires de soir et sur le site du belvédère du mont Royal, c’est la cata. Gaëlle Cerf, de l’Association des restaurateurs de rue du Québec (ARRQ), reconnaît d’entrée de jeu que l’emplacement du belvédère du mont Royal est un «flop monumental».
Enthousiastes, les restaurateurs le sont toujours. Toutefois, certains constatent pour le moment le faible rendement de leur investissement, comme Haim Shoham, le propriétaire de la Panthère Mobile. «Il faut vraiment améliorer la situation pour les propriétaires de camions. Au départ, on nous a laissé penser qu’on allait avoir beaucoup de cases horaires et d’emplacements. Mais en fait, c’est assez minimal.»
Même son de cloche du côté de l’Assommoir Mobile. «Parfois, on est trois camions sur un même site. Pour les clients, c’est bien parce que ça leur donne le choix, mais pour nous, c’est un manque à gagner», explique Rolland Doya.
Gaëlle Cerf voit bien les améliorations à faire pour l’an prochain. «On aimerait avoir plus de sites, étendre le territoire à d’autres quartiers, étendre les heures. En fait, c’est difficile de satisfaire tout le monde.»
«J’espère que les petits nouveaux ont bien calculé leurs affaires», prévient Gaëlle Cerf, également cofondatrice du camion de tacos Grumman ’78. «Nous, on ne vit pas du camion. C’est une extension de notre entreprise. C’est en participant à des événements spéciaux qu’on peut gagner un peu plus», précise-t-elle.