Vers une meilleure accessibilité des alcools québécois?
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Vers une meilleure accessibilité des alcools québécois?

La vision des alcools québécois a beaucoup changé au cours de dix dernières années. On sent que les consommateurs sont prêts à en consommer plus régulièrement, mais en sont-ils vraiment capables?

Le 22 octobre dernier, l’Association des Détaillants en Alimentation (A.D.A.) a lancé, conjointement au regroupement « Le Québec dans nos verres », qui réunit des producteurs de boissons alcoolisées au Québec, la campagne Ce n’est pas l’envie qui manque! Dans cette dernière, on dénonce le manque de visibilité dont disposent les alcools québécois dans les marchés d’alimentation, qui mettent de plus en plus en valeur les produits du terroir, mais qui bizarrement ne peuvent proposer aucun accord mets-alcool ou presque avec des produits alcooliques locaux. «Les consommateurs sont au rendez-vous parce que la qualité des alcools disponibles dans nos commerces s’améliore constamment. Par contre, on ne peut malheureusement pas en faire bénéficier les nombreux artisans québécois. On ne doit pas se contenter d’accroîtrela promotion. L’accessibilité des produits est vitale au développement de centaines d’entreprises de chez nous.», a déclaré M. Pierre-Alexandre Blouin, vice-président de l’A.D.A.

Cette problématique ne touche pas que les magasins d’alimentation, au demeurant une excellente vitrine potentielle pour les producteurs québécois. Dans les magasins spécialisés aussi, la demande des consommateurs est réelle et l’offre, inexistante.

«Pourtant, quoi de plus naturel que de proposer une bonne bouteille de vin d’ici pour accompagner un des excellents fromages du Québec?», a mentionné le 22 octobre M. Marc Picard, propriétaire de Fromagerie Hamel.

Alors, où se situe le noeud du problème? Il semblerait qu’il faille se tourner vers les instances de la SAQ pour le savoir. En constatant que les produits alcooliques québécois sont sous-représentés dans les succursales, alors même qu’on les favorise dans d’autres provinces canadiennes. «Les vins du Québec représentent moins de 1% des ventes à la SAQ», affirme Michel Levac, propriétaire du Vignoble d’Oka, « tandis que les vins ontariens représentent pour leur part plus de 40% des ventes de la LCBO. »

À quoi doit-on cet état de fait? Probablement à une qualité et à un manque de constance que l’on critiquait souvent il y a de cela 15 ou 20 ans. Toutefois, la situation a beaucoup évolué depuis. Meilleure maîtrise de l’encépagement et des contraintes climatiques, meilleures techniques de vinification, expertises amenées de l’extérieur, respect du sol; les vignobles, cidreries et autres producteurs d’alcool sont de plus en plus nombreux chaque année à se démarquer. Certains, comme le Vignoble des Pervenches, vendent même l’intégralité de leur production sans avoir recours à des lieux de diffusion extérieurs. Certains, oui, mais pas tous, loin s’en faut. «Des progrès ont été faits depuis une dizaine d’années, confirme Michel Beauchamp, responsable dela section Cellierdela SAQ Beaubien, mais il reste beaucoup de chemin à faire, c’est certain.» Il évoque la maigre capacité de production des maisons québécoises, incapables de fournir toutes les succursales. Effectivement, ce point peut constituer une entrave à une large diffusion sur le territoire québécois. Mais une diffusion libre à l’intérieur des marchés d’alimentation et de magasins spécialisés ne pourrait-elle pas être mise en place pour contrebalancer cette inéligibilité à la SAQ? Pour ce faire, il faudrait que la société d’État cède un peu de son monopole, une action difficile à envisager même si le débat fait rage depuis plusieurs années quant à une possible libéralisation des pratiques. Mais ceci est un autre débat. Pour l’instant, le consommateur québécois, lui, semble prêt à changer, comme le prouve un récent sondage de Léger Marketing montrant que 72 % des personnes sondées désireraient que leur épicier ou dépanneur du coin puissent vendre des vins québécois. 2014 verra-t-il ce souhait exaucé?