La folle idée du maraîcher

Le jardinier, c’est Marc-André Corriveau. On le nommerait normalement instigateur du projet et directeur des opérations de la ferme établie à Sainte-Famille sur l’île d’Orléans, mais c’est trop sérieux pour lui. Ce chef de formation, qui a longtemps travaillé en cuisine et en salle au Cercle, est d’abord un jardinier dans l’âme. «J’ai toujours jardiné sur la terre de mon oncle, j’y élevais des poulets aussi. J’apportais souvent aux gars du Cercle des produits que j’avais cultivés, comme des bleuets et des topinambours, du poulet et des œufs, aussi.» C’est à force de gâter l’équipe en cuisine de produits frais que Marc-André s’est fait proposer de diriger une ferme dont les cultures seraient destinées à faire vivre le restaurant de la rue Saint-Joseph.

Une boucle alimentaire

«Afin de faire vivre le restaurant de façon autosuffisante pendant la belle saison, il faut passer par l’agriculture soutenue par la communauté, c’est-à-dire les paniers fermiers», explique Marc-André. Si Le Cercle n’est pas 100% autonome (il serait difficile de l’être après seulement une saison d’activité), les produits de la ferme, eux, sont maximisés, dans l’esprit du restaurant. «Les surplus qui ne se retrouvent pas dans les paniers des acheteurs sont utilisés en cuisine. De même, les retailles de légumes servent à nourrir les cochons Berkshire que j’élève sur la ferme. Après, ces cochons bien engraissés, qui se nourrissent aussi de la drêche de la microbrasserie voisine, sont servis au resto.» C’est ce qui s’appelle un cercle (jeu de mots volontaire)…

Des surplus, il n’y en avait pas beaucoup l’an passé, lors de la première année des paniers fermiers. «Tous les surplus que j’avais prévus ont été vendus dans les paniers, tellement la demande a été forte! De plus, la saison a été difficile, avec les chaleurs du printemps puis des mois de mai et juin très froids. On n’a pas de contrôle sur la température, c’est elle qui mène… mais cette année s’annonce meilleure!» prédit le jardinier.

Une culture réfléchie

Non seulement le fermier ne maîtrise pas les éléments, mais il a aussi à respecter le principe qu’il s’est donné pour la culture: pratiquer une agriculture écoresponsable sur petite surface, qui n’a certes pas la certification bio, mais qui est raisonnée, sans engrais, pesticides ou herbicides. Au Cercle Maraîcher, il y a même un manifeste (cerclemaraicher.com). «Le Cercle maraîcher se fonde sur les principes de l’agriculture soutenue par la communauté, qui rapproche producteurs et consommateurs», peut-on y lire, entre autres. C’est pourquoi Marc-André insiste sur le terme de partenaires, et non de clients. «Je veux développer le lien humain avec le consommateur. Quand le partenaire vient chercher son panier le jeudi, je veux prendre le temps de le saluer, de lui demander pour vrai comment ça va.» Le soutien de la communauté est essentiel: en payant son panier au début de la saison, le partenaire permet au fermier de payer l’équipement, les semences et la main-d’œuvre. En échange, le fermier fournit tout l’été le fruit de son labeur. Ainsi, Marc-André a un souhait: que l’on parle du fermier comme du fermier de famille.

Les fruits de la récolte

Avoir son «fermier de famille» est simple: il suffit de réserver l’un des 75 paniers disponibles cet été, que ce soit pour 2 ou 4 personnes. D’ailleurs, si on a de bonnes relations avec nos voisins, Marc-André suggère de partager un gros panier: on se divise ainsi les légumes et la tâche de les ramener, une semaine sur deux. Ensuite, tous les jeudis de 14h30 à 18h, on ramasse son panier au point de chute, dans l’aquarium du Cercle (228, rue Saint-Joseph Est, le-cercle.ca). Dans le panier, donc, on peut s’attendre à trouver, pendant 17 semaines, toute une variété de légumes, quelques fruits et des herbes fraîches. Le contenu des paniers évolue au fil de l’été, selon l’avancement des cultures. La première livraison aura lieu entre le 20 juin et le 24 juillet, et la saison se termine autour du mois d’octobre, avec les légumes racines et les cucurbitacées.

Si l’on n’a pas envie de s’engager tout l’été dans un panier fermier, on peut tout de même déguster les produits du Cercle Maraîcher tous les dimanches, dès la première livraison. À partir de 15h, les portes de garage s’ouvrent sur la rue et les tables deviennent des étals de produits frais. On fait alors son marché comme à la campagne, les deux pieds sur le bitume.