Bordeaux fête le vin : Quelques questions à Pierre-Luc Cullen

Malgré son prestige historique, on a parfois l’impression que Bordeaux est une région vieillissante, qui se fait doubler d’un côté par les vins du nouveau monde et de l’autre par d’autres appellations françaises plus dynamiques, moins prisonnières de leurs traditions et qui peuvent ainsi nous étonner avec des assemblages étonnants. Est-ce que ce préjugé tient vraiment la route?

Non, absolument pas! Pour ma part, la grande Région de Bordeaux reste et restera un emblème du vin. Bordeaux est synonyme d’élégance, d’équilibre et de prestige, et même à ce jour avec le phénomène «red obsession» où les asiatiques s’arrache les grands bordelais, la région à d’autant plus la cote actuellement. Bien sûr, le style du vin à beaucoup changé ces dernières années, mais de plus en plus nous revenons à un style plus classique dans nos achats.

Outre les crus bien connus qu’on retrouve dans le Médoc, les Graves et les Pessac-Léognan, il y a des centaines et des centaines de Bordeaux qu’on dit «génériques». Des vins qui ne se démarquent pas trop les uns des autres, de type très commercial. À ceux qui voudraient partir à la découverte des vins de Bordeaux, étant donné la vaste quantité de domaines qu’on peut retrouver à la SAQ, quels seraient vos premiers conseils?

Effectivement, la région de Bordeaux est immense. Il y a de quoi s’y perdre un peu je suis tout à fait d’accord! Je suggère aux gens qui en sont à leurs premières armes dans la région de commencer avec des trucs (produits) qui leur plairont. Sans être trop général, une première base est celle-ci: La finesse et la complexité de la rive droite vs la puissance et les notes austères de la rive gauche. Informez-vous avant d’acheter! Ce n’est pas tous les styles qui peuvent nous plaire dans cette région, questionnez les conseiller de la SAQ! Posez-vous la question: Quels sont les produits que j’ai l’habitude de consommer? Bordeaux est superbe, il suffit d’être un peu curieux et ouvert!

On sent vraiment qu’on peut trouver un peu d’originalité dans des appellations satellites du vignoble bordelais. On pense par exemple aux rouges des Côtes de Blaye ou encore aux blancs de l’Entre-deux-Mers. Vaut-il mieux partir à l’aventure dans ces régions pour se sortir du Bordeaux générique? Si oui, que peut-on y découvrir?

C’est certain que le mieux est de découvrir toujours et toujours. Je suis pour la découverte et la curiosité dans le vin. Bordeaux supérieur est une très grosse appellation et assez générique. Pourquoi ne pas y aller avec un petit peu d’exclusivité dans nos choix. Côtes de Blayes, Côtes de Bourg, Cadillac, Castillon, Francs sont des appellations que nous pouvons découvrir, entre-autre, dans cette grande région qui est Bordeaux.

À table, traditionnellement, on associe beaucoup les Bordeaux rouges, le Merlot et le Cabernet Sauvignon occupant presque toute la place, aux viandes rouges grillées, en sauce ou aux charcuteries. Peut-on manger léger et sortir de la cuisine traditionnelle en buvant du Bordeaux? Si oui, quels sont vos conseils?

Bordeaux est très versatile à table! Elle offre un très grand panel pour les accords mets & vins! Des bulles, en passant par les blancs secs, des vins rouges en finesse jusqu’aux rouges en puissances, sans oublier le sucre, Bordeaux touche à tout. Avec ce grand éventail, il serait difficile de ne pas être en mesure d’accorder un bon vin de la région avec un plat à la maison. Crémant de Bordeaux et huîtres! Canard et gibiers à plumes avec un vin puissant et généreux de la région de Pessac-Léognan. Carpaccio de betteraves et chèvres avec un vin blanc sec et structuré d’Entre-deux-Mers. Maquereaux en crème avec un vin blanc moelleux des Graves ou même volaille pochée avec un vin rouge fruité de la région du Castillon, tout y est pour faire de votre repas un succès assuré. N’oubliez-pas le dessert.

En terminant, donnez-nous quelques coups de cœur de vins que les Québécois peuvent trouver sur les tablettes de la SAQ.