« La cuisine de ma grand-mère italienne », un livre pour sauver l’héritage familial
Mettre par écrit les recettes de leurs grand-mères immigrées : c’est la mission que se sont donné deux étudiants pour préserver leur histoire culinaire et culturelle. Et en plus de sortir un bouquin de recettes, ils ont lancé leur agence d’importation de vins – italiens, bien sûr.
Ils ont 22 et 23 ans et étudient en administration. Mais les fins de semaine, c’est en cuisine que ça se passe : Matteo Agostinelli et Mathew Foulidis sont passionnés de recettes et d’assiettes depuis toujours. « À l’adolescence, alors que la plupart des garçons préfèrent jouer au foot ou au hockey, on aimait vraiment cuisiner, raconte Matteo. On aller chercher des recettes en ligne et on passait notre temps dans la cuisine. On adorait reproduire les recettes de nos chefs préférés pendant notre temps libre… »
Les deux amis aiment notamment faire les recettes de leur enfance, celles de leurs nonnas, les grand-mères italiennes. Le problème, c’est que les grands-mères, c’est bien connu, font tout un peu au hasard et que rien n’est quantifié… « On s’est dit que si on voulait protéger ces recettes pour pouvoir les partager, il allait falloir se mettre dans la cuisine tous ensemble pour voir la vraie procédure. On a dû rester proches de nos grands-mères, tout mesurer, faire et refaire les recettes… », explique Mathew.
Résultat : après cinq ans en cuisine, « La cuisine de ma grand-mère italienne » vient de sortir. Matteo a fait les textes et Mathew les photos – en cuisine et non en studio. Le livre compte 80 recettes, indique Mathew : « On a voulu choisir nos préférées, celles qui nous tenaient à cœur. La moitié provient de ma famille, du Frioul, l’autre de la famille de Matteo, du Centre-Sud de l’Italie ». Une belle variété régionale donc, d’autant que la plupart des gens connaissent surtout la cuisine du Sud.
« 90 ans d’expérience en cuisine. Fallait tellement pas perdre ça ! »
Antipasti, plats, desserts… Des fritelles au farfalles, il ne s’agit pas juste de recettes de base de la cuisine italienne, mais de plats traditionnels et familiaux qui ont évolué dans un contexte québécois, les grand-mères des deux auteurs ayant immigré à Montréal dans les années 50. Il s’agit surtout de cucina povera, la cuisine pauvre ; toutes les recettes se font avec des produits pas chers et accessibles, qu’on peut trouver facilement à l’IGA.
« Il y a une grande passion pour tout ce qui est italien au Québec, la culture et plus spécifiquement la gastronomie, note Mathew. Mais les gens hésitent à cuisiner… Ce sont pourtant des plats faciles à faire à la maison, et c’est vraiment ce qu’on a voulu montrer. » Pour les deux étudiants, la culture, ça se passe à la table, et chez les Italiens on est élevés dans la cuisine. Car l’important dans la bouffe, italienne ou d’ailleurs, c’est que ça se mange en famille ou entre amis, et ça se partage – même les recettes familiales.
« Beaucoup de gens nous disent qu’ils auraient aimé transcrire leurs recettes de famille… Nous on s’est dit qu’on était chanceux d’avoir encore nos grands-parents, alors on en a profité, raconte Matteo. Cuisiner avec Gina et Carolina, nos nonnas, ce sont de superbes souvenirs. Ça nous a vraiment rapprochés. Mon autre grand-mère a 97 ans – c’est quasiment 90 ans d’expérience dans la cuisine. Fallait tellement pas perdre ça ! »
Amener les vins italiens au Québec
Ce livre, pour eux, ce ne sont pas juste des recettes italiennes mais aussi des traditions culturelles et un héritage familial. Et cette cuisine italienne, « simple et fraîche », ils l’aiment tellement qu’ils se verraient bien ouvrir un restaurant plus tard… En attendant, comme cuisine ne va pas sans vin, les amis ont lancé Il Vinieto, une agence d’importation pour représenter des maisons de vins italiens qui ne sont pas encore disponibles au Québec.
L’agence, qui compte trois domaines pour le moment, fera ses premières importations dès cet été. « Ce sont tous des domaines artisanaux, explique Mathew. On cible des régions moins connues mais qui font des vins fantastiques et à des prix abordables. Pour la clientèle, on ne vise pas forcément des connaisseurs… Aujourd’hui on a un peu trop tendance à dire qu’il faut aller vers des vins chers pour qu’ils soient bons. » S’ils devaient définir la gastronomie italienne en quelques mots ? Simple, goûteuse et abordable. Dans l’assiette comme dans le verre.