Élyse Lambert, athlète du ballon (de rouge)
Vie

Élyse Lambert, athlète du ballon (de rouge)

Elle a été élue meilleure sommelière des Amériques en 2009 et meilleure sommelière du Canada en 2015. La Québécoise s’envole cette semaine pour l’Argentine, où elle représentera le Canada dans la compétition mondiale qui aura lieu du 15 au 19 avril pour décerner le titre de meilleur sommelier du monde. Entretien avec une fille qui a de la bouteille.

Voir : Comment ça se déroule, une compétition de sommellerie ?

Élyse Lambert : On est 58 participants, dont 4 filles – seulement. Il y aura des épreuves théoriques, qui demandent de passer un minimum de trois heures par jour dans les livres pour se préparer. On passera aussi des épreuves de service, de dégustation… Il faut déjà avoir un bon bagage en service et une solide expérience en sommellerie.

Et comment vous êtes-vous préparée ?

J’ai gagné le titre de meilleur sommelier du Canada l’année dernière et obtenu le Master Sommelier en juin – ensuite je me suis mise à la préparation de ce concours, auquel je me consacre à temps plein depuis janvier. J’ai même arrêté de travailler à côté… C’est comme les Olympiques !

Oui, ça a l’air physique aussi…

C’est une discipline de dépassement personnel. Tout le monde s’occupe de moi, intérieurement et extérieurement ! J’allie ma préparation théorique à un entraînement physique. J’ai aussi une coach qui m’a beaucoup aidée avec de la méditation, de la respiration et de la visualisation. Je ne l’avais pas fait avant pour les autres concours, mais là j’en ai ressenti le besoin.

J’ai aussi suivi des cours dans les disciplines reliées, comme les cidres, les cigares… J’ai par exemple travaillé avec les spécialistes de Camellia Sinensis pour les thés et de Whisky Café pour les spiritueux. Mais le bagage est immense, on ne peut pas tout savoir !

Trouvez-vous que le Québec est bien représenté au niveau du vin ?

Oui ! François Chartier puis Alain Bélanger sont déjà montés sur le podium, quand même. Au Québec, on a une belle ouverture d’esprit, un pied en Europe et un pied en Amérique… On a beaucoup de choses pour nous.

C’est quoi un bon sommelier selon vous ?

Quelqu’un qui est à l’écoute de ses clients et au service des gens. L’humilité est très importante : on n’est pas là pour étaler notre savoir mais pour parler avec les gens.

Vous avez un modèle dans le milieu, quelqu’un que vous admirez particulièrement ?

Gérard Basset, le Meilleur Sommelier du Monde 2010. Je l’appelle « citoyen du monde » – il est français mais vit en Angleterre. Il est complètement génial : quand je pense à quelqu’un qui a de l’écoute, c’est tout de suite à lui. C’est un grand sommelier et une personne exceptionnelle.

Votre vin fétiche ?

C’est dur, c’est comme de demander lequel de ses enfants on préfère ! Bon, j’ai un faible pour les Bourgogne blancs. Meursault, Puligny Montrachet… Et Saint-Aubin aussi, qui passe souvent sous le radar.

Et après cette compétition internationale, quels sont vos objectifs de carrière ?

J’ai travaillé sur le Master Sommelier pendant six ans. J’en suis très fière car je suis la première au Québec à l’obtenir. La prochaine étape, ça sera probablement le Master of Wine. Mais là je reste focusée sur cette compétition. C’est comme un accouchement, après des mois de préparation…