Restos : le luxe d’avoir un sommelier
Si le métier de sommelier peine à se démocratiser au Québec, ce n’est pourtant pas l’intérêt pour le vin qui manque. Un engouement qu’observe chaque jour Pierre-François Healy-Côté, sommelier et gérant du restaurant Branzino, situé au coin des rues Sherbrooke et Saint-Mathieu. Il explique ce vif intérêt en partie par plusieurs initiatives de la SAQ, comme les pastilles de goût ou les nombreuses rénovations de ses succursales, aujourd’hui moins «effrayantes». Selon le sommelier, les «gens sont plus éduqués au vin».
Alors qu’il y a quinze ans seule une trentaine d’étudiants suivaient une formation en sommellerie, ils sont environ 200 aujourd’hui, indique Romain Gruson, président de la division Québec de l’Association canadienne des sommeliers professionnels, et professeur à l’Institut du tourisme et de l’hôtellerie du Québec (ITHQ).
Pourtant, les restaurateurs hésitent encore à compter un sommelier dans leur équipe. «En ce moment, avoir un sommelier est plutôt vu comme un luxe», estime Pierre-François Healy-Côté. La concurrence et la difficulté à fidéliser la clientèle expliquent en partie cette frilosité. Pour Romain Gruson, «c’est une erreur »: «Le sommelier va augmenter les ventes de vin de 30%. C’est un énorme apport, il amène une valeur ajoutée avec le service à la clientèle, ou en s’occupant de la gestion des vins».
Des vins selon l’émotion du jour
Pierre-François Healy-Côté se souvient de l’époque où il ne comprenait pas grand-chose aux différentes appellations sur la carte des vins. «Quand j’étais plus jeune, c’était du chinois pour moi!» Afin d’éviter que certains de ses clients vivent un tel malaise et pour encourager la curiosité du palais aux vins, il a eu l’idée de les classer sur la carte par émotion.
Ainsi, un amoureux pourra opter pour la sélection des vins romantiques (italiens et français, bien entendu), des amis se retrouvant pour un début de soirée arrosée pourront piocher dans la catégorie des vins énergiques, et les plus stressés pourront soigner leurs maux dans la catégorie «Détendu». Ce ne sont que quelques exemples parmi une vaste gamme d’émotions (généreux, chanceux, festif, confiant, élégant, etc.)
«L’expérience au restaurant, c’est une expérience qui est humaine, quelques chose de très émotif», conclut le sommelier. Le choix du cépage avec lequel on vivra ce moment ne doit donc pas être laissé au hasard…
Branzino
1800, rue Sherbrooke Ouest – Montréal
514 904-1900