Ong Ca Can : Se réinventer sur la portion oubliée de Sainte-Catherine
Restos / Bars

Ong Ca Can : Se réinventer sur la portion oubliée de Sainte-Catherine

En 1979, Ken Tran n’a que 6 ans lorsqu’il immigre avec ses parents à Montréal. Avec le reste de sa famille, ils font partie de ces réfugiés qui ont fui le Vietnam dans des embarcations sommaires, ces migrants que l’on a appelés des boat people.

Au Vietnam, les parents de Ken Tran étaient propriétaires de deux restaurants : My Tien et Ong Ca Can. En s’installant à Montréal, ils décident de recréer le Ong Ca Can, du nom du père de Ken Tran – ong signifie « monsieur » en vietnamien. Il ouvrira en 1981 au 79 de la rue Sainte-Catherine Est, adresse à laquelle il existe encore aujourd’hui.

« À l’époque, mes parents n’avaient aucune idée de ce qu’était le quartier. C’était un quartier difficile, très rock’n roll, se souvient Ken Tran. Il n’y avait que les Vietnamiens qui venaient pour nous encourager. » Petit à petit, le bouche-à-oreille fait son œuvre et le restaurant accueille une clientèle occidentale qui se familiarise avec les mets vietnamiens, dont le bo bay mon, une spécialité composée de sept plats à base de bœuf qui a fait la réputation de l’établissement.

Sandwich et crème des neiges

Difficile de visualiser l’Ong Ca Can dans ce quartier mal famé quand on le découvre aujourd’hui, avec quelques professionnels attablés dans une ambiance moderne et lounge. C’est qu’il a fallu sans cesse innover pour rester en vie, rénover en 2005, occidentaliser, et ce sans jamais perdre l’âme de l’institution familiale et le goût des recettes maternelles.

Mais aujourd’hui, la clientèle qui s’aventure dans ce quartier périlleux est vieillissante. Et si cette partie de la rue Sainte-Catherine, entre le Quartier des Spectacles et le Village, s’est assainie, c’est pour mieux se faire oublier. C’est aujourd’hui un no man’s land ! « Depuis trois ou quatre ans, notre chiffre d’affaires a diminué. On a perdu une grosse clientèle et notre clientèle asiatique ne représente que 5 à 10%. Nous avons besoin de rajeunir la clientèle du restaurant et d’aller chercher la clientèle des spectacles. »

Pour concurrencer les camions de cuisine de rue installés près de la Place des festivals, le Ong Ca Can a ouvert un comptoir à emporter de sandwichs vietnamiens Banh Mi et de crème des neiges, une crème glacée râpée soyeuse et légère – comme des flocons de neige. En adaptant ses horaires d’ouverture aux spectacles, Ken Tran espère encore une fois réinventer l’Ong Ca Can et profiter enfin de l’engouement des Montréalais pour les festivals de l’été.

Ong Ca Can

79, rue Sainte-Catherine Est – Montréal

514 844-7817