Restos : L’ère du foodporn
Tout a commencé il y a des siècles. Déjà à l’époque, les peintres s’amusaient à représenter des tables sur lesquelles s’étalaient cochons de lait entiers, cornes d’abondance, bouteilles de vin et beaux pains de campagne. Aujourd’hui, ce n’est plus sur les toiles en fibres de lin ou de coton que la pornographie culinaire (ou foodporn) se manifeste, mais sur les réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram, Snapchat, ou des sites internet comme Trip Advisor.
«On compte environ 170 millions d’entrées associées avec #food et 80 millions avec #foodporn sur Instagram, et cela va continuer d’augmenter», rapporte Adweek, une publication spécialisée dans la pub et le marketing. Dernièrement, une [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=2BXRGzjo1_Q »]publicité d’Ikea[/youtube] dénonçait cette tendance qu’ont les gens à prendre en photo tout ce qui leur passe sous l’assiette avant même d’y avoir goûté.
En France, cette manie de sortir son téléphone intelligent au restaurant pour partager des clichés de son entrée, plat et dessert a longtemps énervé les restaurateurs… «Ils sont un peu conservateurs en France à ce niveau-là. Lorsqu’on mange, on se consacre seulement à son plat et pas aux réseaux sociaux. Ici, au Québec, l’aliment est beaucoup plus inclusif», explique le Français Fréderik Mey, propriétaire du restaurant le Bleu Raisin, situé sur la rue Saint-Denis à Montréal.
Charmer l’œil
Que les foodies prennent en photo ses plats ne lui pose aucun problème. Au contraire: «Cela donne une plus grosse visibilité à notre établissement, les gens partagent en direct ce qu’ils mangent, c’est presque de la publicité gratuite», poursuit-il.
Le restaurateur rappelle également qu’on mange avec les yeux et que le visuel est très important. «Il faut charmer l’œil, lui donner envie avec une assiette bien présentée. Cela a toujours été essentiel, mais aujourd’hui, avec notre rapport à l’image, ça l’est encore plus», assure Fréderick Mey.
Lui-même poste des photos sur le compte Facebook du restaurant. «L’impact visuel est bien plus élevé que le texte.» Est-ce que cet exhibitionnisme culinaire pourrait pousser les jeunes générations à aller plus au restaurant? D’après les études réalisées par Statistique Canada, la part du budget alimentaire dépensée en épicerie plutôt qu’au restaurant n’a pas bougé depuis cinq ans…
Le Bleu Raisin
5237, rue Saint-Denis – Montréal
514 271-2333