Place Deschamps: les vins québécois qui séduisent les sommeliers
Les préjugés à propos des vins québécois sont tenaces, mais depuis 2005, un vignoble ne cesse de conquérir les cartes de nombreux sommeliers et de concurrencer les meilleurs vins européens. Ce vignoble, c’est le Domaine Les Brome dans les Cantons-de-l’Est, tenu par Léon Courville.
On le retrouve sur la carte du bar à vin Place Deschamps, situé au cœur de la Place des Arts. Ses vins y tiennent l’affiche aux côtés des vins du domaine québécois Coteau Rougemont, et ils y concurrencent les vins d’importation privée venus de l’international.
Le sommelier et propriétaire de la place Deschamps, Pierre-Vincent Riverin-Lemieux, observe une nette amélioration dans la proposition viticole québécoise et ne manque pas d’ajouter de plus en plus de vins québécois à sa carte.
Mais pour lui, le Domaine Les Brome se démarque par «sa constance» et «ses produits de bonne qualité». Il ne nous en fallait pas plus pour aller visiter le domaine, se laisser bercer par son microclimat, enchanter par sa vue imprenable sur le lac-Brome, et passer un petit coup de fil au maître-vigneron.
D’économiste à vigneron
Léon Courville, économiste, professeur à HEC avant de devenir président et chef des opérations de la Banque Nationale, a pris sa retraite en 1999. Une retraite active, puisqu’il décide de la consacrer à sa passion, son vignoble, et avoue n’avoir «jamais autant travaillé de [sa] vie».
«J’ai toujours flirté avec le vin, la dégustation, la collection, un peu de commerce, raconte celui qui a acheté sa première parcelle au début des années 80. J’aurai probablement manqué ma vie si je n’avais pas fait de vin.»
Pour Léon Courville, le succès de son vin est dû à l’«emplacement exceptionnel» de ses terres, à un «sol très rocailleux qui donne de la minéralité au vin». Mais aussi au climat plus doux, favorisé par le lac Brome, qui retarde notamment l’arrivée de l’automne et permet de vendanger plus tard.
De la passion, de la folie
«C’est la manière de travailler qui amène des niveaux de qualité supérieure, la manière de presser, le choix des levures, le type de cuve utilisée, le protocole suivi, la température de fermentation, explique Léon Courville.
Des méthodes de travail qu’il a dû apprendre sur le tas en suivant son intuition et sa mémoire. «Quand on travaille dans un climat différent, sur un sol différent, on ne peut pas appliquer les méthodes conventionnelles. On apprend par des erreurs. Chaque année amène son lot de particularités».
Aux futurs entrepreneurs qui s’établiront au Québec, il avoue que se lancer dans l’aventure du vin nécessite «des moyens, de la patience, des sacrifices», et un partage des connaissances entre vignerons. Mais surtout, de la passion, «pas loin de la folie», pour faire des vins comme son fameux Saint-Pépin et son Vidal, qu’il qualifie d’«inusités et exceptionnels».
Et face aux préjugés sur les vins de la belle province, de rétorquer: «Je dis toujours que je ne fais pas du vin québécois, mais que je fais du vin au Québec». Du vin qu’on peut découvrir sous les conseils de Pierre-Vincent Riverin-Lemieux, au bar de la Place Deschamps…
Place Deschamps Bar à vin
175, rue Sainte-Catherine Ouest – Montreal
www.placedeschamps.com