En juin 2016, un second restaurant a vu le jour au sein du Musée national des beaux-arts du Québec : le Tempéra, dont le nom provient d’un ancien procédé de peinture. Ce nom, la réputée chef Marie-Chantal Lepage, qui est déjà à la tête des autres espaces gastronomiques du Musée (le restaurant MNBAQ, un café, une sandwicherie et le service traiteur de l’institution), l’a désiré avant même que le nouveau pavillon Pierre Lassonde, qui accueille aujourd’hui le Tempéra, ne soit construit, car elle savait déjà qu’elle y insufflerait ce que l’art culinaire peut faire de mieux lorsqu’il est marié avec les beaux-arts. Rencontre.
VOIR : En quoi le Tempéra est-il une continuité du Musée qui l’abrite?
Marie-Chantal Lepage : Il faut d’abord s’arrêter à l’architecture incroyable de ce restaurant pour le comprendre. Il est situé dans le grand hall de verre du nouveau pavillon Pierre Lassonde, dans ce qui représente selon moi un des plus beaux environnements urbains de la ville de Québec.
L’entièreté du restaurant est vitrée, si bien qu’on a l’impression d’être plongé au cœur des Plaines d’Abraham et sur la Grande-Allée. C’est magique en toutes saisons, que les arbres soient en fleurs ou qu’une tempête de neige se déchaîne dehors. De plus, le Tempéra est situé juste à côté de salles d’exposition et accueille plusieurs œuvres sur ses murs, ce qui fait de lui un lieu d’arrêt naturel pour de nombreux visiteurs.
Est-ce que les beaux-arts qui vous entourent influencent votre travail?
Oui, j’y suis très sensible. J’essaie, avec ma brigade, de monter des menus qui s’inspirent des expositions en place. Celle de Mitchell et Riopelle, très colorée et éclatée, m’a permis de réaliser quotidiennement un plat hommage. Aujourd’hui, nous avons par exemple sur ce thème servi du canard cuit à basse température avec une purée de pois chiches à l’encre de seiche, une sauce émulsionnée au curcuma et des pétales d’oignons au jus de betteraves.
Chaque exposition est différente et représente un nouveau défi, j’adore ça. Je suis d’ailleurs déjà en train de tester des choses en lien avec la prochaine exposition du Musée, dédiée à Giacometti, avec une approche plus sculpturale. En fait, mon souhait le plus cher, c’est que mes clients me disent en sortant du restaurant qu’ils ont vécu leur expérience comme s’ils se trouvaient dans une autre salle d’exposition.
Vous avez choisi pour le Tempéra un concept de petits plats à partager. Pourquoi?
Parce qu’à l’image des artistes qui sont exposés au Musée, la notion de partage est essentielle pour moi. Partager un moment précieux avec les autres, dialoguer et rire autour d’un plat, c’est ma définition du bonheur. Alors, je travaille ces petits plats tout autant que ceux, plus généreux, que je peux servir au restaurant du MNBAQ, mais j’y ai ajouté un caractère plus convivial, plus festif.
Est-ce que la cuisine est à vos yeux un art au même titre que les arts visuels?
Absolument. Je change de menu chaque mois, et chaque mois j’essaie de dénicher de nouveaux produits et d’en faire ressortir ce qu’ils ont de plus beau. J’aime marier dans ma cuisine l’acidité, le croquant, le moelleux. En fait, je joue avec ma palette culinaire comme le ferait un peintre avec sa palette de couleurs.
Le Tempéra est ouvert pendant toute la période des fêtes du mercredi au dimanche soir, et du mardi au dimanche midi, à l’exception du 25 décembre et du 1er janvier.
Tempéra
179, Grande-Allée Ouest – Québec
418 644-6780
www.signemclepage.com/tempera