Vedette de la télésérie L’Ombre de l’Épervier, la Gaspésie nous en a mis plein la vue cet hiver. A force de voir et revoir les mêmes images de pêcheurs et du rocher Percé, on pourrait se dire que c’est tout vu! Pourtant, la destination recèle moult trésors, enfouis dans les replis des Appalaches, qui viennent y mourir non sans un dernier soubresaut de sommets éblouissants baptisés les Chics-Chocs, ou livrés à la mer, toutes voiles dehors.
L’amateur de plein air ne parle pas de LA Gaspésie, mais de ses parcs, en l’occurrence ceux de la Gaspésie et Forillon. Ces territoires constituent de véritables paradis pour la randonnée pédestre, le camping et, dans le cas de Forillon, pour la plongée sous-marine et la connaissance du milieu marin gaspésien. Ces deux entités grandioses dans le paysage québécois sont synonymes de défis, certes – avec les plus hauts sommets du Québec, il y a de quoi! -, mais de paix aussi, car éloignés de la foule qui grouille à Percé. Quoique Percé ressemble de plus en plus à ces chouettes villages de la Côte-Est, avec ses jolies boutiques, ses galeries d’art et ses restos. Percé, donc, mérite une halte… ne serait-ce que pour la revoir, ou pour profiter d’une escapade au parc de l’Ile-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé. Car combien connaissent ce parc où, un pied dans l’histoire et l’autre dans la nature, on butine allègrement de la colonie de fous de Bassan, la plus importante d’Amérique du Nord, à des anses secrètes ciselées par la mer?
Les visiteurs s’arrêtant à Percé jusqu’au 30 juin pourront participer à la toute première édition des Fêtes du Homard. Restaurateurs, commerçants et pêcheurs de la région proposeront pour l’occasion une gamme d’activités à saveur culturelle et gastronomique, allant du pique-nique champêtre au concert extérieur. De plus, une vingtaine de restaurants mettront le crustacé à l’honneur avec des recettes spécialement pensées pour l’événement. Renseignements: Bureau d’information touristique de Percé, (418) 782-5448.
Chaude, la baie
Qui se rappelle sa dernière visite de la baie des Chaleurs? Faisant face à un Nouveau-Brunswick qui se vante de «posséder les eaux les plus chaudes au nord de la Virginie», la baie des Chaleurs inspira à Cartier ces quelques lignes: «…leur terre est en challeur plus tempérée que la terre d’Espaigne. Nous nommammes ladite baye, la baye de Chaleur.» Éloquent, non? Encore plus sont les accents des Acadiens, des Jersiais, des Écossais et des Irlandais, ses premiers habitants, qui s’égrènent au long de la baie. Ainsi, Port-Daniel, Paspébiac, New Carlisle – le village natal de René Lévesque -, Bonaventure, où loge le Musée acadien, et les autres municipalités de bord de mer associent à cet exotique parler des plages.
Un rappel de la cohabitation avec les MicMacs – qui s’allièrent aux Français dans la guerre contre les Anglais, au XVIIIe siècle -, le fort Listuguj dresse dans le village de Restigouche une haute palissade derrière laquelle l’univers traditionnel des Amérindiens se révèle. Encore plus loin dans l’histoire, le parc Miguasha nous entraîne trois cent soixante-dix millions d’années en arrière. L’exposition montre des fossiles de poissons et de plantes qui font la renommée internationale de ce bout de terre auprès des paléontologues du monde entier.
Les îles de la Madeleine
Jumeler un séjour en Gaspésie à des vacances aux Iles de la Madeleine, c’est le nirvana. Et cela permet enfin de comparer les homards: les deux régions clament en effet qu’ils ont le meilleur.
Enfin, la parenté des Iles et de la Gaspésie, certains la trouvent dans les accents… pourtant, les deux territoires ne vibrent pas au même diapason, bien qu’ils partagent des racines acadiennes communes. Aux îles de la Madeleine, l’isolement a permis de préserver, sinon de développer, une langue à soi, parfois même dans l’archipel, qui compte une douzaine d’îles et d’îlots.
Le bonheur des Iles se goûte avant même de toucher terre. En effet, qui a voyagé à bord du traversier, l’ancien ou le nouveau N. M. Madeleine, en témoigne: le charme des Madelinots opère dès l’embarquement. Afin de tirer le maximum de la bonne humeur des insulaires, certains bienheureux choisissent de quitter Montréal en bateau pour une croisière de deux jours qui les mènera à Cap-aux-Meules. Ces quarante-huit heures en mer, ils les passeront à se faire raconter les Iles par le personnel du bateau – tous de joyeux matelots madelinots – et à apprendre leur vraie nature au rythme de contes et de légendes chantées. Renseignements et réservations pour la traversée à partir de Souris, à l’Ile-du-Prince-Édouard, ou pour la croisière au départ de Montréal: coopérative de transport maritime et aérien (C.T.M.A): (418) 986-6198 ou 1 888 986-3278.
Également, à compter du 24 juin, un aéroglisseur baptisé Ténacité! prendra la mer tous les jours au départ de l’Ile-du-Prince-Édouard (Rustico) et de la Nouvelle-Écosse (Chéticamp). La durée: environ deux heures. Le coût? 50 $ pour l’aller; 99 $ aller-retour, taxes en sus. Info: 1 800 661-4537.
Une fois les deux pieds dans l’archipel, le tableau correspond exactement à nos attentes: les petites maisons, debout sur des buttes verdoyantes mais sans arbres, défient le vent; les falaises flanquant la mer sont bien rouges, et les plages, qui se devinent au loin, s’allongent effectivement sur des kilomètres.
Pourtant, les Iles sont plus que ces clichés. Pour en percer les secrets, il faut creuser, se renseigner. Pourquoi ne pas s’adjoindre les services d’un guide, d’une personne de la place, qui nous emmènerait sur les chemins les moins fréquentés? Comme ces falaises de glaise verte et bourgogne, que l’on gagne en traversant un champ de champignons (magiques?) et entre lesquelles on se faufile pour découvrir une plage de galets absolument déserte… ouvrant une fenêtre unique sur les îles? Pour trouver le bon guide, renseignez-vous au bureau d’information touristique, situé à cent mètres du port, à Cap-aux-Meules.
Voici, en terminant, quelques suggestions personnelles. La réserve de faune de la Pointe-de-l’Est est absolument incontournable. Selon un horaire que l’on peut obtenir au Club Vacances les îles, à Grande-Entrée, des guides interprètes nous introduisent dans un écosystème unique au Québec. Constitué de sable et de plantes rares, ce territoire sert de site de nidification au pluvier siffleur, une espèce en voie d’extinction, et de halte à plusieurs espèces d’oiseaux de rivage. L’excursion guidée vaut le déplacement, car on y donne l’explication du phénomène de formation des dunes de sable des îles.
Allez à l’île d’Entrée! On dirait un coin d’Irlande tombé dans le golfe. Il est possible d’accéder au Rocher aux oiseaux, un refuge d’oiseaux aquatiques considéré comme l’un des hauts lieux de l’ornithologie en Amérique du Nord. Puisqu’il faut prendre la mer pour s’y rendre, et qu’elle est parfois bien capricieuse, renseignez-vous sur les façons d’y aller dès votre arrivée dans l’archipel, au 986-2245.
Hors circuit
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