Originaire de l’Abitibi-Témiscamingue, j’ai plus souvent qu’à mon tour dévoré les six cents kilomètres d’asphalte séparant ma ville d’adoption de mes racines. Chaque fois, impossible de résister devant les lacs de la réserve faunique La Vérendrye, ou les chutes Roland, dissimulées derrière la halte routière.
Parfois même, je devais absolument me ranger en bordure de la route, pour regarder les aurores boréales danser dans la voûte immense au-dessus de ma tête. Tout ça, c’est pas du toc, c’est du vécu!
Traversant le parc, on se rend compte qu’il n’y a plus de limites, plus de frontières, et on réalise rapidement que l’on ne pourra jamais, en quelques jours, ratisser ce territoire de plus de cent mille kilomètres carrés. En fait, dès que l’on dépasse Mont-Laurier, puis Grand-Remous, on sait qu’il faudra du temps pour explorer cet espace qui n’en finit pas de nous en mettre plein la vue. Comme à Amos, berceau de l’Abitibi, avec sa cathédrale dont les splendeurs – certaines mosaïques proviennent d’Italie – illustrent les idées de grandeurs des colonisateurs de l’Abitibi. Amos où l’eau est si pure qu’on nous en offre une grand verre pour nous souhaiter la bienvenue. Amos encore, où les coureurs des bois deviennent dompteurs d’ours et de loups… au Refuge Pageau. Lorsqu’on a la chance de visiter le site avec son proprio fondateur, Michel Pageau, on en ressort différent. Garanti!
Nature à l’infini
Et puis, on prendra peut-être la route 111, qui donne envie d’aller toujours plus loin. Sur cette route parsemée de villages qui ont poussé comme des champignons, à l’époque de la ruée vers l’or abitibienne, on s’arrête à la petite école du Rang II d’Authier. On y est accueilli par la maîtresse d’école qui nous appelle à l’intérieur au son de la cloche. On est alors plongé dans une autre époque, celle où il fallait marcher des milles pour venir à l’école.
En Abitibi, les pauses nature n’en finissent plus de nous retenir… «C’est plat, l’Abitibi!» «Le paysage est monotone, composé uniquement d’épinettes… et de mouches noires!» Rengaines chantées par méconnaissance du pays. Oui, le territoire est plat, mais loin d’être monotone. Dans certains secteurs, entre Amos et Rouyn-Noranda ou d’autres municipalités comme Barraute ou Saint-Mathieu, les «eskers» comptent au nombre des surprises jalonnant les routes. Un esker, c’est un amas de sable et de gravier, communément appelé «pit» de sable – en Abitibi du moins – résultant de la fonte et du passage du dernier grand glacier dans la région. Les eskers s’inscrivent comme de longues côtes dans des sillons d’asphalte autrement très droits – entre Barraute et Amos, notamment.
Le parc provincial d’Aiguebelle résulte également du travail du glacier. Pénétrer Aiguebelle, c’est plonger au cour de l’histoire géomorphologique de la région. Le territoire est à cheval sur la ligne de partage des eaux à laquelle l’Abitibi doit son nom. Car le mot algonquin «Abitibi» signifie «là où les eaux se rencontrent au milieu».
Situé en périphérie de la grande région de Rouyn-Noranda, la capitale régionale en même temps que celle du cuivre, Aiguebelle révèle des paysages rustiques, ciselés dans une plaine ponctuée par les hautes terres d’Abitibi, les collines Abijévis. Du haut de la tour à feu découverte au bout d’un sentier, la région apparaît dans toute son étrange splendeur, à perte de vue.
Les terres du parc dévoilent également l’histoire de la planète, remontant aussi loin que 2,7 milliards d’années. Ce sont parmi les plus vieilles roches de la planète que l’on foule à Aiguebelle. Et quand on entreprend la traversée du lac La Haie, sur le pont suspendu, on a également l’impression d’être suspendu dans le temps.
Il était une fois dans l’Ouest
En roulant vers l’ouest, les paysages changent, s’agrémentant d’une végétation plus variée. Les noms de certains villages de l’Abitibi-Ouest font référence à sept régiments de l’armée: Montcalm, La Sarre, La Reine, pour ne nommer que ceux-là, ponctuent ce secteur privilégié, dont les limites empiètent sur le lac Abitibi, immense, dentelé de plages et constellé d’îles (plus de mille, paraît-il!).
En allant vers le sud-ouest, c’est le bucolique Témiscamingue qui se dessine à l’horizon. Moins sauvage que sa voisine, le Témiscamingue a les angles arrondis des contrées agricoles. Une route, la 101 sud, traverse la région, de Rouyn-Noranda à Témiscaming, l’industrielle, où loge Tembec. De chaque côté de cette belle route, les chemins secondaires ouvrent un monde harmonisant les histoires fabuleuses de l’industrie forestière et le dynamisme de ses habitants.
Parmi les initiatives remarquables, il faut noter la tenue d’un événement d’envergure internationale, à Ville-Marie, la toute première cité témiscamienne, sise en bordure du très beau lac Témiscamingue. Ainsi, l’événement de l’été, la Biennale de la miniature, présentera, dans la salle Augustin-Chénier, les ouvres d’artistes internationaux dans l’une des salles d’exposition les plus originales du Québec. Pour plus de renseignements sur l’Abitibi-Témiscamingue, communiquez avec l’Association touristique régionale au 1 800 808 0706. Site Internet: www.48nord.qc.ca
Le Grand-Nord
Mais un tour de l’Abitibi ne peut être complet sans la visite de sa grande voisine… une nouvelle région touristique (eh oui, une vingtième, à naître!) qui fut sans doute l’une des toutes premières terres québécoises à recevoir des visiteurs: le Grand-Nord. Il faut pour cela aller bien au-delà du 48e parallèle. Par la route, c’est plus de six cents kilomètres d’asphalte sans halte, sauf un restoroute semé à la moitié du chemin menant jusqu’à Radisson. Après, il faut prendre l’avion. On peut rêver de parcourir cette route quasi intouchée à vélo… avec, comme compagne de voyage, la voûte étoilée qui n’a d’égale nulle part ailleurs au monde. Le voyage ultime.
Pour plus de renseignements – et il y en a une foule à réclamer, car ces quelques lignes ne permettent pas de traduire la grandeur ni la richesse de tout ce que l’on peut voir et faire dans cette région – , communiquez avec Tourisme Québec, 873-2015.