Première étape du parcours qui nous conduira aux limites du fleuve Saint-Laurent, L’île d’Orléans – Aux sources du peuple québécois et de l’Amérique française (Éditions de l’Homme). L’île mythique de Félix, telle que vue par Michel Lessard. Quarante-deux milles de choses tranquilles, de photos superbes et de textes pertinents, pour mieux connaître ce large navire à jamais ancré au beau milieu du Saint-Laurent. Des images d’aujourd’hui, mais aussi de très beaux clichés d’époque, montrant les gens, les fermes et les villages ayant prospéré sur les berges du fleuve depuis les premiers temps de la colonisation. Au-delà du plaisir des yeux, vous en apprendrez long sur l’histoire de l’île, où tant de familles souches québécoises ont trouvé la terre promise. Le livre, volumineux (416 pages), comporte une série de cartes, de textes fondateurs et de rappels parfois étonnants. Saviez-vous par exemple que jusqu’aux années soixante, la plage d’Orléans, près de Saint-Jean, était une station balnéaire des plus populaires?
Au terme de ce tour de l’île, passé l’élégant pont jeté sur le bras nord du Saint-Laurent, pourquoi ne pas prendre à droite, direction Charlevoix. Cette fois, vos guides seront Yves Ouellet et le très talentueux photographe Alain Dumas. Leur livre Charlevoix, joyau du Québec (Éditions Trécarré), trace un éloquent portrait de cette contrée qui s’étend de la Petite-Rivière-Saint-François jusqu’à Baie-Sainte-Catherine, comme un joyau qui aurait pour écrin le fleuve et les Laurentides. A travers des photographies lumineuses, Dumas nous montre les quatre saisons d’une région bénie des dieux. Un bel hommage au pays de Menaud et de la soupe aux gourganes.
Si le cour vous en dit, vous pourrez pousser un peu plus loin. Jusqu’au traversier de Saint-Siméon, par exemple, qui vous mènera jusqu’à Rivière-du-Loup, vers Le Bas-Saint-Laurent et les racines de Bouscotte (Éditions Trois-Pistoles). Vous l’aurez deviné, cette invitation-là est signée Victor-Lévy Beaulieu. Plus littéraire, ce parcours a pour point de départ les questionnements de l’écrivain au lendemain de la mort de son père. Un parcours qui le mènera aux sources du pays et aux sources de lui-même: «Nous y verrons le pays autrement, gorgé de lumière, tout salin d’effluves et comme agrandi par la perspective que les grands espaces d’eau donnent toujours à voir.» Les magnifiques portraits croqués par Michel Dompierre sont nettement mis en valeur par la qualité du texte.
Pour prolonger le séjour dans le Bas-Saint-Laurent, VLB propose un second livre, intitulé celui-là Trois-Pistoles et Les Basques. Le rapport au père, à la maladie et à la mort est présent ici encore. Comme pour mieux ouvrir les portes de la mémoire. L’auteur conte une histoire; le pays prend consistance. Les photos ne sont plus guère que des repères, quoique essentiels, pour le drame qui se noue dans les mots. Les photos en question sont l’ouvre de Gilles Gaudreau.
Heiko Wittenborn, quant à lui, vous entraînera parmi les Beautés sauvages du Québec (Éditions de l’Homme). Depuis la frontière américaine jusqu’aux steppes de la toundra, Wittenborn découpe des paysages à couper le souffle. Un régal pour les amateurs de photos spectaculaires. Comme quoi nous n’avons nul besoin de mettre le cap sur l’Australie pour admirer des panoramas dignes de Géo. André Croteau illustre le tout de textes concis, poétiques, souvent délicieux. Pour souligner le paysage montagneux du parc du Bic, par exemple: «La légende veut qu’au moment de terminer son ouvre, le Créateur ait jeté ici les montagnes qu’il avait en trop.»
Bon voyage.