Vie

Le Skysurfing : L'ivresse en volant

Le parachutisme, c’est bien, mais le skysurfing, c’est encore mieux. C’est du moins ce qu’estime la poignée de piqués québécois qui confondent nuages et montagnes…

Dans la catégorie des sports extrêmes, il est difficile d’imaginer plus flyé que le skysurfing. Une récente pub de Bell le prouve, images disjonctées à l’appui, montrant un gaillard dévaler le dos des vents avant de partir en vrille, une planche de surf vissée aux chevilles.

Après diverses tentatives de parachutistes californiens couchés à plat sur leur planche, c’est le Français Joël Cruciani qui effectua le premier saut debout sur son surf, en 1987, avant que le skysurfing ne soit développé et popularisé par feu Patrick de Gayardon, autre Français qui fut champion du monde avant de plonger tête première vers la mort, en avril dernier.

Aujourd’hui, c’est toujours en France et en Californie que se pratique surtout le skysurfing. Au Canada, en 1996, on dénombrait à peine une vingtaine d’adeptes du genre tandis qu’au Québec, les skysurfeurs se comptent sur les doigts des deux mains. Parmi eux, Steve Langevin s’exécute chaque fin de semaine à Saint-Jean-Chrysostome, sur la Rive-Sud, parfois en compagnie de son caméraman-surfeur Denis Lessard.

«C’est une expérience difficile à expliquer, mais elle apporte une dimension nouvelle aux sauts dans le vide. Tu voles vraiment, et tu peux choisir la position dans laquelle tu désires tomber, la tête à l’endroit comme à l’envers. A condition de bien contrôler ton skyboard, ce qui n’est pas toujours évident», souligne Langevin, qui harnache les airs avec une planche à neige modifiée…

«Malgré les apparences, c’est un trip qui va à l’encontre du parachutisme, puisqu’on a les pieds attachés et que les parachutistes apprécient particulièrement le sentiment de liberté. Vu dans la pub de Bell, ça semble facile, mais en réalité, c’est un combat qu’on livre contre la planche», affirme Alain Cloutier, co-propriétaire de l’école de parachutisme Par Avion, à Bellefeuille, près de Saint-Jérôme.

En skyboard, le taux de chute équivaut à peu près à celui d’un parachutiste, et à la hauteur maximale permise à Saint-Jérôme (13 000 pieds), un saut peut durer environ une minute. Dans la région de Québec, où on peut se précipiter d’aussi haut que 20 000 pieds, la durée du saut peut se prolonger. Mais quoi qu’il en soit, Steve Langevin ne s’élève jamais au-delà de 5000 pieds, lorsqu’il effectue ses sauts de démonstration.

Aucune règle spécifique n’encadre la pratique du skysurfing, si ce n’est celles du parachutisme. Quant au nombre d’heures d’exercice nécessaires, elles varient: à l’Association québécoise de Vol Libre, Michel Labonté suggère 1500 heures d’expérience en parachutisme. Alain Cloutier, lui, estime que 300 sauts – incluant des sauts en freestyle – suffisent, tandis que Steve Langevin accepte des candidats s’ils ont cumulé 250 sauts. Mais dans un cas comme dans l’autre, une exigence incontournable demeure, celle d’avoir le cour bien accroché…

Renseignements: École Atmosphair, 834-7272; École de parachutisme Par Avion, (514) 438-0855.
Sur le Web, surfez jusqu’à sportszone http://espn.sportszone.co ou www.frc.ri.cmu.edu/~belboz/skydive/skysurf/.html