Cent cinquante kilomètres séparent Saint-Antoine-de-Tilly, à vingt minutes de Québec, de Saint-Eugène-de-l’Islet, non loin de Saint-Jean-Port-Joli. Avec le vent dans le dos, un véloce vélocycliste pourrait se taper le trajet en une journée. Mais ce serait là pécher par manque d’hédonisme, car en accordant son diapason sur le rythme alangui du fleuve, le cycliste-sybarite préférera baguenauder, jouer à l’agro-touriste et… se vautrer dans quelques-uns des nids les plus douillets de la rive sud du Saint-Laurent, après s’être sustenté à satiété à leurs délectables tables.
Depuis l’an dernier, quatre demeures historiques converties en autant d’auberges romantiques jalonnent Le Saint-Laurent et ses manoirs à vélo, un forfait taillé sur mesure pour les cyclotouristes qui apprécient peu ou prou la vie à la dure, étant généralement plus portés sur la bonne chère que sur leur rendement cardio vasculaire. Au menu de chacun des quatre jours que dure ce périple: repas pantagruéliques de cinq services, repos plus que tonique pour éradiquer la fatigue et ses sévices, et escales agro-touristiques propices à rendre repu le plus boulimique des sportifs. Pas de dopage, si ce n’est celui que procure la traversée de tant de si jolis paysages; pas de contrôle, si ce n’est celui du nombre de verres de gnôle…
Le goût du vélo
L’itinéraire de ce forfait épicurien débute au manoir de Tilly, à Saint-Antoine-de-Tilly, une demeure vénérable qui a vu passer plus de deux siècles honorables. A chaque soir suivant, les cyclistes trouvent le réconfort en goûtant les délices de trois autres pied-à-terre tout confort, soit le manoir Beaumont, dans le village du même nom, le désirable manoir des Érables de Montmagny, dont la succulence des gueuletons n’a d’égal que la truculence de ses salons, et l’auberge des Glacis, magnifique relais gourmand esseulé dans les bois de Saint-Eugène-de-l’Islet.
Pour ne pas outrancièrement éreinter les plus poussifs, les bagages sont transférés d’une auberge à l’autre, à chaque jour. Une fois complété leur séjour, un véhicule privé ramène les cyclotouristes à leur point de départ, à Saint-Antoine-de-Tilly, où ils auront laissé leur véhicule, le cas échéant. Du reste, comme le manoir Beaumont ne verse pas dans la restauration, un taxi dépose les cyclistes à la traverse de Lévis, le deuxième soir, pour qu’ils gagnent un restaurant du Vieux-Port de Québec, avant de rentrer au bercail.
En s’engageant dans cette entreprise, tous sont libres de suivre le parcours qui leur convient, entre chaque point de chute, et tous se voient remettre un itinéraire flexible avec suggestions d’arrêts. Ce qui leur permet d’affriander leurs papilles en découvrant la pléthore de saveurs de la région: tâter le goût des goudas de la Fabrique Bergeron (3837 Marie-Victorin, Saint-Antoine-de-Tilly), s’envoyer sur le tard quelques lampées de nectars, à la cidrerie Saint-Nicolas (2068 Marie-Victorin), combattre leur hypoglycémie à la Miellerie du musée de l’abeille (30 Vézina, Saint-Joseph-de-la-Pointe-de-Lévy) ou se rouvrir l’appétit en picolant les vins de fruits du Ricaneux (5540 rang S.-E., Saint-Charles) ou ceux du vignoble Angile (167 2e rang O., Saint-Michel).
Renseignements: ATR de Chaudière-Appalaches, 831-4411. Site Web: www.chaudapp.qc.ca. Coût du forfait: 129 $ par jour, par personne, tout compris. Pour de plus amples détails, composez le 1-888-8MANOIR.