Qu’on soit desperado désespéré, rude dude, cul-terreux atterré ou simplement étranger, on demeure le bienvenu, au village de Saint-Tite. Surtout lors de son festival western.
On savait déjà que la musique country est la plus populaire au monde. On est moins au fait qu’à Saint-Tite, en Mauricie, se tient le festival western le plus populaire de l’est du Canada. En dix jours, 400 000 visiteurs viennent fouler de leurs bottillons la fange de ce village qui compte cent fois moins de populo que ce que drainent ces festivités.
Bien sûr, la danse en ligne, les jeans serrés et les vestes de cuir blanc à franges sont au rendez-vous. D’aucuns, que la calamité gêne, n’hésitent d’ailleurs pas à qualifier l’événement de Nouveau Ouest terne. Mais ne soyons pas tant à cheval sur les principes, car d’un point de vue strictement folklorique, il y a là matière à se divertir un bon coup, tant par le nombre de participants que l’événement mobilise que par l’allure éminemment country que revêt le village.
Tout a commencé il y a 31 ans. A l’époque capitale québécoise du cuir, Saint-Tite aurait pu verser dans la fabrication de vêtements fetish. En lieu et place, ce sont les bottes western Boulet qui, grâce à un rodéo promotionnel, donnèrent le coup (de pied) d’envoi du festival, en réalisant un succès bouf. Après l’engouement suscité par cette première édition qui n’en était pas vraiment une, la formule fut reprise l’année suivante, et ainsi de suite.
Depuis lors, chaque année voit sa liste d’événements s’allonger plus vite que son ombre, et celle de ses participants augmenter en nombre. Aujourd’hui, le festival dispose d’un budget annuel d’un million de douilles, tout en engendrant des retombées quinze fois plus élevées. Assez, en somme, pour s’acheter quelques picotins d’avoine afin de passer l’hiver…
Lauréat d’argent aux derniers Grands Prix du tourisme québécois, le festival western a débuté le 13 septembre dernier, par sa Grande Chevauchée. Vingt chars allégoriques et vingt-cinq associations équestres ont ainsi défilé à travers les rues de la ville, maquillée autant que faire se peut comme dans les bédés de Lucky Luke.
Pendant les jours suivant, les expositions agro-alimentaires ont succédé aux concours hippiques et aux championnats de traction, lesquels ont mis à l’épreuve des canassons de tout acabit, tandis que les soirées de musique country permettent toujours d’évaluer le seuil de tolérance des non-initiés.
Mais le point d’orgue du festival, toutefois, demeure les Grands Rodéos professionnels, qui auront lieu cette fin de semaine-ci. L’an dernier, 340 participants ont tenté de ne pas se faire éjecter sous les ruades de leur monture. Gageons que cette année encore, les tenants de ce dada ne prendront pas avec un grain de selle la perspective de rafler une partie des 100 000 $ attribués en bourses…
Renseignements: (418) 365-7524 ou www.festivalwestern.com.