Qui n’a jamais rêvé d’être assis dans le cockpit de l’avion, aux commandes du coucou? L’évasion suprême, vraiment, c’est ça: voler!
C’était mon rêve. M’envoyer en l’air. Dans le vrai sens du terme. Par un flamboyant samedi d’octobre où Galarneau scintillait dans mon futur terrain de jeu, j’allais, pour la première fois de ma vie, manouvrer le manche à balai et, enfin, contrôler ma destinée en montant au ciel. Évidemment, ce genre d’aventure exige quelques notions de technique. On ne s’envole pas comme ça, après une poignée de main à l’instructeur.
Je suis immédiatement prise en charge par mon professeur, Rémi Cusach, un Français du Midi ayant pris racine dans Lanaudière, il y a une dizaine d’années. Rémi m’entraîne d’abord dans son repaire: un bureau grand comme un mouchoir de poche où un groupe d’apprentis pilotes, réunis autour d’une carte, discutent de leur itinéraire du jour. La beauté du pilotage, c’est aussi la liberté de se poser là où on le désire.
Rémi m’emmène ensuite dans un cubicule situé au deuxième étage, la salle de cours où il s’entretiendra avec moi et m’enseignera les rudiments du vol, pendant une grosse heure et demie. Voilà enfin une application concrète aux cours de physique de mon adolescence. La somnolence en moins.
Je découvre ainsi un à un les principes permettant à un avion de flotter dans les airs, les différentes manouvres de l’appareil pour le décollage et l’atterrissage, et le b.a.-ba de la communication avec la tour de contrôle. Tout ça n’est pas sorcier, mais essentiel pour comprendre ce qui nous tient dans les airs.
Les ailes du désir
Une fois la tête pleine d’info théorique… je passe à la pratique. Devant la piste, mon Cessna 152 rutile au soleil. C’est l’appareil le plus utilisé au monde pour l’entraînement des futurs pilotes. Malgré mon enthousiasme, j’ai des papillons dans l’estomac. Mon instructeur m’invite à monter à bord. Je prends place sur le siège de l’aspirant pilote, un petit espace dans lequel je m’insère tant bien que mal. Si le siège est étroit, les pédales sont cependant beaucoup trop éloignées pour ma petite personne – il n’y a toutefois pas de taille minimale pour piloter -; un coussin sous les fesses suffira à régler le problème.
Devant moi, la lunette avant dévoile le paysage dans un angle de cent quatre-vingts degrés. Le tableau de bord, avec ses cadrans et ses manettes, m’intimide tandis que le manche à balai pointé devant moi, ainsi que les pédales grâce auxquelles j’actionnerai les ailerons arrière, me donnent le tournis. La manipulation de tous ces instruments permet d’effectuer les virages et de maintenir l’avion dans un axe de vol baptisé l’«assiette», qui pourrait se décrire comme l’emplacement de l’horizon dans le champ de vision du pilote. En manipulant le manche à balai à gauche ou à droite, en le tirant ou le poussant et en appuyant sur les pédales, on fait évoluer l’avion dans l’espace… à sa guise.
Après avoir enfilé le casque d’écoute grâce auquel mon instructeur et moi communiquerons – Rémi dispose du même équipement que moi -, je suis prête pour le décollage. Nous nous déplaçons doucement vers la piste. Je dois garder les yeux sur un point placé un peu plus haut que la cime des arbres, me préparer à mettre les gaz à fond pour faire lever l’appareil et guider la queue afin de demeurer droite sur la piste… C’est beaucoup lorsqu’on n’a pas l’habitude.
En poussant les gaz, le Cessna prend de la vitesse; en appuyant à fond sur les pédales, l’avion quitte doucement le sol. Les yeux rivés sur l’horizon, attentive à la moindre secousse – et selon les directives de Rémi -, je prends lentement mon envol. Yahou! Je vole!!! L’émotion est tangible dans le mini-cockpit! Le sol s’éloigne pendant que j’effectue un virage nous plaçant dans la mire pour notre destination, l’aéroport de Saint-Hubert, où nous tenterons un premier atterrissage.
L’émotion de piloter n’est comparable à rien d’autre. Entre ciel et terre, on se sent infiniment fragile, dépendant du moindre souffle de vent, de la plus petite secousse de turbulence. Cette sensation est… une sensation puisque le Cessna est très stable. Je serre le manche à balai comme si un simple relâchement pouvait nous faire plonger vers le sol. Pourtant, ça va bien. Rémi me guide, m’invitant à pratiquer les différentes techniques de virage et me faisant «sentir les déplacements de l’avion» dans l’air. C’est fascinant. Nous volons au-dessus de Lanaudière vers l’aéroport de Saint-Hubert. L’air est bon et nous ne rencontrons que peu de passages turbulents, rien d’inquiétant – la turbulence à moins de 1500 mètres ne cause aucun problème aux pilotes. Le panorama d’automne est saisissant. Les couleurs se confondent dans un tableau impressionniste aux dominantes ocre et rouges. A l’horizon, les gratte-ciel montréalais dentellent un Saint-Laurent brillant comme un ruban d’argent. Quelle vue!
Nous approchons de l’aéroport, et Rémi contacte la tour de contrôle, annonçant notre atterrissage. Oups! La dame s’est gourée, nous permettant d’atterrir alors qu’un autre Cessna entre dans notre ligne de vision. Heureusement, Rémi a tout vu… L’expérience du vieux routier du ciel nous a permis d’échapper à la confusion. Nous changeons alors de cap pour rentrer à Mascouche. Le retour s’effectue sur un nuage… je suis aux anges.
Le grand moment, l’atterrissage, se prépare déjà alors que l’aéroport n’est pas encore en vue. Doucement, je diminue la force des gaz. Après un grand virage – effectué sans aide! -, nous amorçons la descente vers la piste. Ça bouge un peu plus. Rémi me laisse manouvrer, sans – presque – intervenir. Je dois maintenir l’avion parallèle à la piste, jusqu’au moment où les pneus toucheront l’asphalte. Une seconde avant ce moment, une bourrasque nous déplace vers le gazon et Rémi prend les guides pour nous réaligner. Nous touchons terre sans autre embûche. Et je guide l’avion jusqu’à son lit. Toute une expérience. J’ai les jambes en gelée, mais le sourire épanoui. Je recommencerai. Bientôt.
L’école de pilotage ALM Par Avion, pilotée par Rémi Cusach, offre des stages d’initiation Pilotes d’un jour pendant toute l’année. Une bonne idée pour Noël, surtout que ce cadeau pourra être utilisé en tout temps, jusqu’à un an après son achat. Coût de la journée d’initiation: 125 $
Pour plus d’info, contactez l’École au (450) 474-0975.
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