Vie

Région de Portneuf : Les amants de Portneuf

Si j’avais les ailes d’un ange… je partirais pour Québec, chantait Charlebois. Reprenez le refrain, mais allez-y en empruntant l’autoroute 40.

Il est de ces endroits encore vierges du tourisme de masses dont on voudrait se réserver la jouissance. Sur la rive nord du fleuve, un peu passé Trois-Rivières, la région précédant Québec, baptisée Portneuf, est de ceux-là. Ici, la nature prend une allure sauvage, indomptée. Trois rivières sillonnent le territoire: la plantureuse Jacques-Cartier; la Sainte-Anne; et la Batiscan, la plus sauvage, la moins accessible. Ces trois cours d’eau se lovent dans un territoire que d’aucuns appellent «le terrain de jeux des habitants de Québec».

C’est encore un jardin secret. Pourtant, qui n’a pas été un instant titillé par l’envie d’aller voir ce que cachaient ces belles collines, qui dansent devant le pare-brise, juste avant d’arriver à Québec? Et qui n’a pas poussé un petit cri de joie en apercevant le Saint-Laurent, qui apparaît pour la première fois depuis la métropole? Ces clins d’oeil, semble-t-il, ne suffisent pas à séduire la gent touristique, qui se précipite ailleurs… au nord ou à l’ouest de notre ville fortifiée. Il était donc normal de mener une offensive énergique de séduction. Ainsi sont nés «les chemins du p’tit bonheur», à prendre en tout temps, à compter de la sortie 254…

Ces petits bonheurs se déclinent en découvertes patrimoniales – le chemin du Roy, qui longe le Saint-Laurent, est jalonné de superbes demeures de pierre datant de la colonisation, comme le presbytère et la maison Deschambault, dans cette municipalité -; en gourmandises – la région abrite notamment la Fromagerie Cayer, ardent défenseur du fromage de lait cru -; et en plaisirs actifs.

Pleins feux sur le plein air
La région se révèle un véritable éden pour les amants… et ceux qui flirtent avec le plein air. Les sports nautiques tels que le canot et le kayak trouvent leur véritable raison d’être dans Portneuf. Par cette merveilleuse journée d’automne, nous avons pagayé sur une Jacques-Cartier sans ride… pas un souffle de vent pour déranger le cours d’eau. Et pourtant, les amateurs savent qu’elle peut être rebelle et cruelle, cette rivière. Voulant éviter les rapides, nous sommes partis des berges d’un petit parc établi dans la municipalité de Pont-Rouge – faites-vous-en conter l’histoire! Éric, d’Expédition Plein air, pro et prof de kayak de rivière, nous a présenté la Jacques-Cartier dans son plus bel élément, encadrée des couleurs d’automne. Une courte piste de vélo en longe le cours; de nombreux observatoires permettent d’en apprécier les remous plus actifs.

Les cyclistes sont bien servis dans la région. Des circuits à vélo sur des petites routes de campagne ou sur les pistes balisées sont possibles. Prenant appui sur l’ancienne emprise de chemin de fer, la piste Jacques-Cartier/Portneuf, menant de Shannon à Rivière-à-Pierre, offre 63 kilomètres de randonnée en pleine nature. Cette section de piste est connectée encore aujourd’hui à la voie ferrée; le train va toujours à Rivière-à-Pierre. On peut donc voyager en toute quiétude, avec son vélo, et se dessiner un itinéraire qui va de Montréal à Rivière-à-Pierre, puis on enfourche son deux-roues et on enfile le sentier. On peut s’arrêter en chemin, à Saint-Raymond, et en découvrir les charmes et les passions. Pour plus de renseignements sur la région, contactez Tourisme Portneuf, au 1 800 409-2012.

La Bastide… à Saint-Raymond
Bien que cette municipalité affiche des charmes certains, il faut avoir la foi et la passion pour s’installer à Saint-Raymond. Surtout lorsque la mère patrie se trouve outre-Atlantique, le choix est un peu curieux. C’est pourtant l’option choisie par Pascal Cothet, propriétaire, chef, hôte et tutti quanti de l’auberge La Bastide. Le parcours du propriétaire en sol québécois explique toutefois cette décision: un passage à l’auberge de forêt le Triton, tout près de Saint-Raymond, et quelques années à la barre du Château Mont-Sainte-Anne ont su retenir l’homme dans la région. Une chance pour nous, car on peut profiter des alentours et se laisser bichonner à l’auberge, où la cuisine est aussi remarquable que l’accueil. Pour renseignements: (418) 337-3796 ou www3.sympatico.ca/labastide.

Au nord-ouest de Portneuf… le parc de la Jacques-Cartier
Le parc ferme le 24 octobre officiellement. Il reste donc peu de jours pour en profiter, mais si vos allées et venues vous mènent dans les environs, ne manquez pas d’y faire un détour. Ici, on pénètre au coeur du massif des Laurentides, dans la vallée de la rivière Jacques-Cartier (dont on trouve une portion dans Portneuf). Pour s’y rendre, il faut emprunter la route 175, vers Chicoutimi, et prendre la sortie qui mène au secteur de la Vallée.

Le centre d’accueil et plusieurs sentiers s’ouvrent sur le cours d’eau. Le sentier Sautauriski, qui signifie «forêt qui pleure», longe le ruisseau Belleau. Ce petit ru sert en ce moment de site de frai pour la truite rouge. Lorsque le soleil joue dans l’eau, il dévoile le beau rouge du ventre des poissons qui s’ébattent sous l’onde transparente. Assister au frai procure une intimité avec la nature assez particulière. Info: (418) 848-4636.

HORS CIRCUIT
Festival de musique sacrée de Saint-Roch
Cette église est située dans le quartier le plus pauvre de Québec. Pourtant, le curé de l’endroit, un jeune homme de 41 ans dynamique et pas du tout «collet monté», fait la promotion de la beauté dans sa paroisse par la musique sacrée. «La musique est belle et devrait rayonner dans tout le quartier», exprime-t-il. Pour soutenir sa thèse, les paroissiens remettent des billets gratuits aux nécessiteux de l’endroit, afin qu’eux aussi puissent profiter de ces envolées instrumentales.

Jusqu’au 17 octobre, des ensembles réputés se succéderont dans l’église Saint-Roch. Vendredi, vous pourrez entendre les organistes Marnie Giesbrecht et Joachim Segger, un duo de renommée internationale. Samedi, l’Ensemble de musique sacrée de Québec interprétera des oeuvres de son répertoire qui va du Moyen-Âge à nos jours, et un autre groupe, La Petite Bande de Montréal, jouera aussi ses airs allant du baroque au contemporain. Dimanche, Marie-Josée Lord offrira une soirée Gospel et Spirituals; madame Lord a remporté le prix Raoul-Jobin de la Fondation de l’Opéra de Québec. Pour plus d’information ou pour réserver des billets (10 $ et 20 $), faites le 1 800 900-SHOW.