Vie

Croyances du temps des sucres : Histoires d'eau

Le temps des sucres fait partie de nos traditions printanières. Pourtant, on connaît peu le folklore associé à ces rassemblements, réjouissants pour les papilles et donnant lieu à des partys débridés.

«Avant, fallait être prêt à la Saint-Joseph, le 19 mars, se rappelle Angélo Trépanier, un acériculteur de Sainte-Thècle. Cette année, on a déjà commencé à faire la cueillette depuis une semaine.» La raison: Le réchauffement de la planète? L’hiver enneigé que nous avons connu? Un dégel trop hâtif? Aucune de ces réponses, assure le sucrier. «Nous savons par expérience quand débute le temps des sucres. Je suis dans le business depuis vingt-cinq ans. J’ai appris.» Ainsi, la période des sucres n’est pas précoce cette année; ce sont plutôt les «ancêtres» qui attendaient trop tard. Ces derniers se fiaient par ailleurs à des croyances qui font bien rigoler monsieur Trépanier. En voici quelques-unes, tirées du site Internet de l’Association des restaurateurs des cabanes à sucre du Québec (www.arcsq.qc.ca) (reproduites avec la permission de l’Institut de l’érable du Québec).
– «Une multitude de signes se rapportant au temps des sucres relèvent de phénomènes naturels qui, de tout temps, ont été interprétés. Les vieux sucriers prenaient le temps d’observer les phases de la lune, la direction des vents, la crue des eaux, la quantité de neige tombée l’hiver… Le comportement des astres, de la faune et de la flore semblent être autant de facteurs susceptibles d’influencer la durée de la saison et la qualité de la sève.»
– «Le temps était venu, trois semaines après la tempête du nordet, de s’appareiller pour les sucres. Cette période coïncidait avec le réveil des siffleux et des ours, l’arrivée des corneilles et le gonflement des ruisseaux.»
-«Ainsi, les premiers cris des corneilles annoncent l’arrivée du temps des sucres, mais lorsqu’on entend celui des outardes qui sillonnent le ciel, ou lorsque la neige ressemble à du gros sel, c’est que la coulée tire à sa fin.»
– «Il paraît que lorsque les plaines* coulent beaucoup, c’est signe d’un gros printemps; et quand la neige tombe mouilleuse et épaisse, c’est une bordée de sucre**…»
– «L’apparition de l’oiseau de sucre*** détermine que le temps est veu d’entailler, tandis que les papillons de sucre**** noyés dans les chaudières, de même que le pic-bois qui picore les chaudières des érales ainsi que les tuyaux de la cabane, annoncent la fin de la coulée.»
– «On raconte que si l’arbre a beaucoup de feuilles durant l’été et si les mois d’août et de septembre sont particulièrement beaux et ensoleillés, il est probable que, le printemps suivant, la saison des sucres sera meilleure… On dit aussi que s’il y a cinq dimanches en février, c’est que le temps des sucres avancera d’un mois; que Pâques commence les sucres ou les finit; que dans les sucreries qui penchent au soleil du midi, on commence les sucres quinze jours plus tôt; et que le temps est venu de cabaner***** lorsque la débâcle est arrivée.»
– Et, selon les sucriers beaucerons: «Quand on entaille les érables dans le croissant de la lune, Ha coule beaucoup plus, mais si Ha coule trop vite au moment de l’entaille, Ha ne coulera pas longtemps.»
Chez Angélo Trépanier, l’oiseau de sucre est déjà arrivé. «Depuis quatre ou cinq ans, la tendance est à un printemps hâtif. Avec l’expérience, j’ai appris que les premières coulées se feront entre le 20 et le 25 février.» Mais comment le sucrier peut-il déterminer la date de la première coulée, s’il ne se fie pas à la lune? «J’écoute la météo. Lorsqu’on prévoit du temps doux, je sais qu’il y aura aussi un dégel.» Ainsi, le 20 février, Miss Météo annonçait des températures au-dessus de zéro. Le 24 février, le sucrier était prêt. Depuis, les «petites coulées» garnissent les seaux de 150 à 400 gallons, quotidiennement. Un seul producteur toutefois était prêt… c’était lui, bien sûr.
Comment se présente la saison? «Quand ça démarre de bonne heure, la saison sera longue et bonne.» À Sainte-Thècle, la première partie de tire officielle de l’année aura lieu le 11 mars. Il y en aura pour tout le monde, puisque la saison s’étire jusque après Pâques dans cette cabane qui accueille les groupes. (Aux Mille Érables, (418) 289-2348).

Un sirop de bon sirop
Angélo Trépanier est juge à la compétition annuelle des sucriers, qui se tient la première semaine de mai, dans le cadre du Festival de l’érable de Plessisville. Voici comment il reconnaît un bon sirop:
Le meilleur sirop est de catégorie 1 (il existe aussi du sirop de catégorie 2). Il n’a aucun défaut, aucune impureté; il est clair, bien filtré et n’a aucun arrière-goût de fumée ou de sève. Il ne doit pas être trop clair, car il risquerait de fermenter, ni trop épais.
Enfin, le sirop ne devrait pas connaître une hausse de prix très importante de prix. À moins que les producteurs ne fassent absorber aux consommateurs l’augmentation du coût du mazout, car la majorité d’entre eux utilise maintenant l’huile plutôt que le bois, pour concocter le sirop. Faut être de son temps!
*les plaines: nom commun de l’érable rouge.
**bordée de sucre: précipitation normale de neige augmentant la coulée des érables, n’arrivant qu’une fois par saison.
***oiseau de sucre: un oiseau de la famille des mésanges qui se pointe au temps des entailles.
****papillon de sucre: papillon gris et blanc qui apparaît vers la fin de la saison des sucres et se noie dans les chaudières d’eau d’érable.
*****cabaner: laver et sécher les chaudières à la fin de la saison des sucres.



Hors circuit
Ski de printemps

Le temps des sucres correspond souvent à la fin de la saison de ski. Cette année, plusieurs stations célébreront le printemps en avril. Quelques centres s’éclatent toutefois en mars:
· Le 18 mars, Jay Peak prépare une grosse journée de printemps… avec le prix du billet de ski à 32 $ CANADIENS, s’il vous plaît. Pour profiter de cette aubaine, suffit de se rendre au site Internet de la station et d’imprimer la page «aubaine». Vous la présentez ensuite à un guichet, et vous profitez d’une superbe journée de ski. Info: 1 800 451-4449 ou www.jaypeakresort.com.
· Les 18 et 19 mars, c’est le Reggae Bash, au Massif de Petite-Rivière-Saint-François. Au programme, le 18, tam-tam jam à l’extérieur, concours de mannequins (dummy) à ski, après-ski avec Kali Roots, souper et soirée. Le 19, la fête reggae se continue avec un tam-tam
jam et un barbecue reggae à l’extérieur! Info: www.lemassif.com