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Visiter Tadoussac / L’île Rouge : Mes aïeux!

Tadoussac fête ses quatre cents ans! Les premiers navigateurs européens connaissaient déjà les bons spots: c’est à Tadoussac qu’ils fondèrent le premier comptoir de fourrure, érigèrent la première maison et, sans doute, le premier  bar.

Aujourd’hui, l’aïeule des municipalités québécoises montre un visage sans rids. Ses coquettes maisonnettes, rafraîchies pour le flot de touristes qui débarquent chaque année, ont fière allure. Même l’Hôtel Tadoussac, dirait-on, s’est refait une beauté. Et on ne se lasse pas d’admirer les alentours: le fleuve d’où peut surgir un mammifère marin sans s’annoncer; et les premières falaises du fjord, notre fierté, qui s’élance tout d’un élan dans la rivière Saguenay. On ne s’ennuie pas non plus à Tadoussac, et surtout pas cet été. Les célébrations de son quatre-centième anniversaire dureront six semaines, le temps de bien marquer cette date exceptionnelle. Ce sont principalement les reconstitutions historiques qui animeront les lieux, car Tadoussac fut un point de rencontre crucial entre les cultures autochtone et européenne. Pierre De Chauvin revivra donc et, avec lui, tous les visiteurs ayant foulé les lieux et laissé leurs empreintes sur le sol et dans l’histoire.

Le concept de reconstitution historique prendra la forme d’un itinéraire, animé bien entendu, qui nous entraînera d’abord dans la chapelle des Montagnais, érigée en 1747, et à son cimetière; puis à la Pointe de l’Islet, le lieu traditionnel de rencontre des Montagnais; à la maison Chauvin, une reconstitution du premier poste de traite; à la plage de la baie de Tadoussac, classée parmi les trente plus belles au monde (c’est pas rien, ça!), et se terminera à l’Hôtel Tadoussac – qu’on n’a plus besoin de présenter, mais disons tout de même qu’il fut construit en 1864.

Cette tournée nous montrera enfin pourquoi Tadoussac est devenue ce trésor touristique qu’on connaît pour son environnement désirable et consommé à souhait. D’autres activités égaieront aussi la ville, comme le Festival de la chanson de Tadoussac. Cela fait belle lurette qu’on y entend des artistes, confirmés ou en devenir, au célèbre Café du fjord, entre autres endroits, où l’atmosphère n’a pas d’égale ailleurs dans cette belle province. Pour résumer, précisons simplement qu l’événement aura lieu du 8 au 11 juin. Parmi les artistes invités, mentionnons, les 8, 9 et 10 juin, Daniel Boucher, Urbain Desbois, Claude Gauthier et Mara Tremblay – le choix sera difficile! La Bottine souriante performera pour sa part le samedi 10 juin. Vous pouvez d’ores et déjà réserver vos billets en composant le (418) 235-1311. Mais informez-vous d’abord de la programmation au (418) 235-4108.

L’île Rouge
Pour vous éloigner du tumulte et des célébrations, offrez-vous une vraie pause: échouez sur une île quasi déserte. L’île Rouge, située en face de Tadoussac, en plein coeur du Saint-Laurent, accueille les âmes romantiques dans un décor féerique. Et offre aux réticents devant le maneige des «croisières aux baleines» un prétexte pour entreprendre une virée sur le Saint-Laurent qui n’a rien de banal.

Quittant l’animation du quai grouillant de touristes en imper jaune et orange, un capitaine expérimenté met le cap vers l’île Rouge. Il navigue en suivant le souffle d’un rorqual, jaillissant çà et là des profondeurs noires de l’eau. Les passagers qui l’accompagnent la verront aussi, leur baleine. Trente minutes après le départ du quai de Tadoussac, le phare de l’île Rouge et les quelques bâtiments blanc et rouge se matérialisent peu à peu. Minuscule bout de terre planté en pleine mer, cette île ressemble davantage à un gros navire échoué sur un haut-fond qu’à une terre d’accueil.

Avec à peine six cents mètres de long et deux cent cinquante de large, l’île Rouge est l’une des plus petites îles du Saint-Laurent. Ses battures, pourtant, causent problème aux navigateurs depuis le début de la colonisation de la Nouvelle-France. Ces hauts-fonds s’allongent dans le Saint-Laurent, jusqu’à quatorze fois la longueur de l’île. Plusieurs capitaines s’y sont frottés, et n’ont plus jamais pu reprendre leur cours. C’est pourquoi, en 1848, sous le Régime anglais, on érigea un phare en plein centre de l’île Rouge. Le Cimevir, centre d’interprétation et de mise en valer de l’île Rouge, responsable de la diffusion et de la promotion des richesses inconnues – et insoupçonnées tant qu’on n’y met pas les pieds! -, recense plus de vingt-trois naufrages sur les battures de l’îlot. Plus un, dont on a causé cet hiver.

Devant les bâtiments de l’île, il est facile de se faire des histoires. Prenez celle des gardiens de phare. Ces hommes et leur famille, souvent nombreuse, passaient près de la moitié de leur existence reclus dans l’île. Non seulement devaient-ils veiller à la navigation, un travail exigeant, mais ils recueillaient souvent les naufragés dont ils étaient la seule ressource. Ils les soutenaient, les nourrissaient, les divertissaient et les réconfortaient jusqu’à leur «sauvetage», qui pouvait parfois attendre des semaines.

Dans l’île Rouge, on raconte l’histoire morbide – toute île qui se respecte possède la sienne, non? – de H. Fraser, l’un des premiers gardiens, trouvé décapité sur une batture. Plusieurs hypothèses circulent sur la cause prétendue de son décès tragique. Demandez au guide-interprète de vous en raconter quelques-unes…

Une nuit sur l’île
Grâce au Cimevir, composé d’anthropologues passionnés par ce patrimoine maritime unique, il est possible de découvrir, l’espace de quelques heures, cette terre fascinante dans une virée d’interprétation. On peut aussi se glisser dans cette atmosphère de plénitude pour une ou deux nuits. La tranquillité des nuits procure des dodos réparateurs que seuls les piaillements des oiseaux, le vent et parfois les grandes vagues dérangent. Et puis, on mange fort bien sur l’île. Pour plus d’info, composez le 1 877 335-1212.


Hors circuit
À court d’idées pour les vacances d’été? Le Guide du plein air au Québec en regorge! L’ouvrage, publié par la revue Espaces, présente ce que la province a de meilleur à offrir, dans des domaines aussi variés que la randonnée pédestre, le cyclotourisme, le kayak de mer, le vélo de montagne et tutti quant. Rédigés par des fanas de plein air, dont notre collaborateur Nicolas Bérubé, les textes sont accessibles, amusants, et débordent de conseils pratiques. Des grandes expéditions aux petites escapades, tout y est pour planifier une saison active à souhait.
(S. O’Connor)