La piste, tout juste inaugurée, se veut un moyen privilégié de découvrir "les dessous" du lac Saint-Jean! En fait, cette piste cyclable dévoile de larges pans de ce grand lac, autrement occulté. Et ce sont bien les villages et les gens, l’Histoire et le patrimoine, qui colorent et donnent son caractère à cet itinéraire. Plus que le plaisir de pédaler – comblé à son maximum sur un parcours parfois dur dur sur le petit mollet – , le trajet permet de pénétrer au coeur du pays des bleuets et d’aller au-delà de l’horizon lacustre proposé.
Seul hic: la piste est encore inégale; quelques travaux restent encore à faire, de l’asphaltage principalement. Au total, 59 kilomètres empruntent des pistes cyclables asphaltées ou constituées de poussière de roche (parfois franchement casse-gueule parce que trop molle); 129 kilomètres se pédalent sur l’accotement asphalté de la route, d’une largeur de 1,5 à 1,75 m, espace suffisant pour prendre ses aises et ne pas être inquiété par la circulation; le reste, 67 kilomètres, s’effectue sur une chaussée partagée.
"Nous travaillons avec ce que nous avons: nous exploitons les beautés qui existent ici", indique Sylvain Tremblay, directeur général de la Corporation de la Véloroute. Cela signifie la mise en valeur des attraits disséminés autour du lac, et il y en a beaucoup. Et sous-entend aussi des mois de discussions avec les municipalités concernées pour en arriver à des ententes afin de laisser le passage aux cyclistes. On peut commencer le circuit dans n’importe laquelle des municipalités situées autour du lac; et les cyclistes peuvent choisir de le pédaler en entier ou d’en découvrir en profondeur une portion. Afin de nous mettre l’eau à la bouche, et nous inviter à revenir, la randonnée d’ouverture proposait une boucle au départ d’Alma, balade que les cyclistes mettent quatre jours à effectuer.
La première étape propose un trajet de 60 kilomètres jusqu’au mythique village de Val-Jalbert, où les cyclistes établissent leur campement pour la nuit, au pied de la superbe chute Ouiatchouane. Sur la route, certains ont convergé vers le centre d’histoire et d’archéologie de la Métabetchouan; où une exposition raconte l’histoire de ces lieux des premiers contacts entre les Européens et les Amérindiens du Royaume; tandis que de plus téméraires se sont offert une descente de rivière sur la tumultueuse Métabetchouan. Le lac Saint-Jean, maître incontesté du paysage, accompagne les cyclistes sur une bonne portion du parcours. Et Val-Jalbert, qu’on appelait autrefois le "village fantôme", est plus vivant que jamais!
Les 41 kilomètres de la deuxième journée, baptisée "sur la piste de l’ourse polaire", entraînent les cyclistes vers Saint-Félicien et offrent, selon certains, la plus belle ouverture sur le lac, entre Val-Jalbert et Roberval… À Mastheuiatsh, autrefois appelée Pointe-Bleue, la nation montagnaise, première à occuper les lieux, accueille les cyclistes au rythme des tam-tams et des chants amérindiens. À la marina de Roberval, quelques-uns ont troqué le deux-roues pour la Frimousse… le temps d’une escapade sur les flots du lac. Le clou de la journée: la découverte du Zoo de Saint-Félicien, qui en a surpris plus d’un. Depuis 1997, le jardin zoologique offre beaucoup plus que la simple visite d’un zoo. "Nous voulons que chaque visiteur vive une expérience, indique Martin Laforge, directeur du jardin zoologique. Ce peut être de prendre un phasme (un insecte qui ressemble à une branche d’arbre) dans ses mains, ou de nourrir un bébé orignal." Les expériences sont nombreuses, et il faut prévoir au moins une journée pour faire toutes les activités auxquelles petits et grands peuvent participer dans ce parc immense.
Jour 3: De Saint-Félicien à Dolbeau-Mistassini… un parcours tranquille de 60 kilomètres avec une halte aux Grands Jardins de Normandin, une idée assez folle (comme les gens du lac peuvent en avoir!), inspirée des jardins européens. L’été frisquet et mouilleux n’a pas encore permis aux jardins de s’épanouir, mais en août, il vaudrait la peine de découvrir cet espace découpé en carrés et qui raconte une histoire. Ensuite, à Dolbeau-Mistassini, le village western invitait les cyclistes à une soirée, disons, animée…
La boucle s’est bouclée sur un trajet de 94 kilomètres, de Dolbeau-Mistassini à Alma, sillonnant en partie la rivière Péribonka et pénétrant, sur 15 kilomètres, dans le parc de la Pointe-Taillon. Au bout d’un sentier tapissé d’aiguilles de pin: une grande plage… Il restait une trentaine de kilomètres jusqu’à Alma, au terme desquels la fierté d’avoir réussi l’exploit brillait dans les yeux des cyclistes.
Conclusion de ces quatre jours de vélo: quoique imparfaite, la randonnée est belle, et elle donne le goût de revenir et de faire le tour du lac à sa guise, en s’arrêtant plus longtemps dans les villages. Plusieurs l’ont noté encore une fois: "Les gens du Lac sont tellement accueillants et sympathiques!" Une raison de plus d’emprunter la Véloroute…
Pour plus d’info, faites le 1 800 463-9651 pour joindre Tourisme Saguenay/Lac-Saint-Jean ou visitez le site Internet : www.veloroute-bleuets.qc.ca
Véloroute des bleuets : La bicyclette bleue
Ça y est! La Véloroute des bleuets est officiellement ouverte! Sept cent cinquante-trois cyclistes du Québec et d’ailleurs ont bouclé le lac Saint-Jean, juchés sur leur deux-roues.
Sylvie Rivard