Vie

Les Aventures du Capitaine Dubord : Marins d'eau douce

À Laval, cinq soirs par semaine, un mystérieux groupe part à la recherche d’un trésor caché sur les bords de la rivière des Mille Îles. Les Aventures du Capitaine Dubord, c’est une activité théâtrale où il ne faut pas avoir peur de  ramer…

Petit cousin du Capitaine Haddock, auquel il emprunte la fougue maladroite et la mégalomanie, le Capitaine Dubord nous accueille cinq soirs semaine, depuis maintenant quatre étés, sur les berges de la rivière des Mille Îles, à Laval. Rameutant chaque fois un nouvel équipage de fortune, il entraîne son monde en rabaska à la recherche d’un trésor qui soupirerait dans les entrailles du lieu. L’équipage, bien sûr, c’est vous et moi, n’importe qui, âgé de sept à soixante-dix-sept ans, en autant qu’il ait l’énergie de pagayer, et le coeur de se laisser charmer par la magie du voyage.

S’il y a sûrement chaque soir quelque galérien qui ne succombe pas aux ordres de ramer que lancent le Capitaine Dubord et son second (Gauche), et si les accrochages ne manquent pas lorsque tous les rabaskas sont en service (il peut y avoir jusqu’à neuf de ces gros canots, avec dix personnes à bord de chacun), on n’en arrive pas moins à se déplacer et à accoster, ici et là, où nous attirent les autochtones de la rivière des Mille Îles.

L’auteur, Sylvain Lamy, qui dirige le Théâtre l’Ollonois et tient le rôle du Capitaine (nous avons plutôt vu sa doublure, Jacques Robitaille: splendide), est allé puiser aussi bien dans les faits d’époque que dans les histoires imaginaires pour élaborer son texte. Ce qui donne un très heureux mélange, alors que l’on observe sur une rive des coureurs des bois; sur l’autre, trois irrésistibles sirènes (plus d’un gars a d’ailleurs failli quitter le bateau); ici, la Sainte Vierge dans un scaphandre; là, un jésuite aux nerfs fragiles; plus loin, un bateau qui dérive avec à son bord un Anglais pas mal égaré. Invités à manger des biscuits avec une famille de paysans, on fera un petit tour dans leur bois où l’on rencontrera le diable en personne, puis la Fée des bois, et l’on en ressortira, après un "toudelou" à un couple d’Anglais sablant le champagne en dansant le charleston, pour clore le périple de deux heures trente d’infatigable navigation.

Composée d’une dizaine de jeunes comédiens, dont plusieurs sont issus du Département d’art dramatique de l’UQAM, l’équipe des Aventures du Capitaine Dubord compose admirablement avec cet auditoire hétéroclite de familles, d’explorateurs sac au dos, de dames en tailleur matelot, de jaseux ou de pas jaseux, de rameux ou de pas rameux. Dans le rôle de Gauche, et en tant que fidèle accompagnatrice de l’équipage tout au long de l’aventure, Véronique Plourde est un modèle de patience. Caroline Fortin, qui joue tour à tour une sirène, une Amérindienne, et une paysanne, et dont le Capitaine tombe de plus en plus amoureux à chaque rencontre, est envoûtante. Éric Vincent Carrié, dans le rôle du jésuite, tient sans relâche son rôle de nerveux exaspérant. Et il n’y a pas de scène plus prenante que celle où ils sont tous rassemblés, vêtus de leurs peaux d’Indiens, devant le feu, entourant le grand Sorcier (le second emploi du Capitaine), montrant, de leur solidarité, de leur amour, de leur désir de liberté, de quoi relève en réalité le véritable trésor. Une conclusion un peu prévisible, mais vers laquelle on nous mène avec tant d’ardeur, et à travers un paysage si beau (un grand héron s’étant d’ailleurs amusé plusieurs fois à nous arracher des oh! et des ah!), qu’on l’adopte sans discuter.

Les représentations sont données jusqu’au 1er octobre, après quoi il faudra attendre l’été prochain pour revoir le Capitaine Dubord dans Le Trésor inestimable. On annonce par ailleurs pour l’an prochain un autre volet des aventures du Capitaine, qui seront sises cette fois sur le domaine de la Seigneurie Volant, à Saint-Paulin. En attendant, il reste donc quelques semaines pour profiter du présent spectacle. Assurerez-vous toutefois de communiquer avec le Théâtre pour connaître l’heure exacte des représentations et réserver vos places dans les rabaskas. Il faut espérer que des professeurs éclairés commencent l’année de belle manière en entraînant leur classe de primaire ou de secondaire dans cette aventure (d’autant plus que l’on pourra bénéficier d’un rabais de 10 % pendant tout le mois de septembre). Et bonne galère à tous!

Parc de la Rivière-des-Mille-Îles
Jusqu’au 1er octobre
Pour réservations: (514) 990-9398