Après avoir failli disparaître en 1900 à cause de la chasse intensive, les grandes oies des neiges, plus communément appelées oies blanches, font, au début du mois d’octobre et jusqu’à la fin novembre, une halte sur le bord du fleuve Saint Laurent, avant de repartir vers leurs aires de nidification dans l’Est de l’Arctique. Pour tous ceux qui ont lu, plus jeunes, le fabuleux conte de la Suédoise Selma Lagerlöf, Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, c’est donc l’occasion rêvée de retrouver ces fameuses oies sauvages.
«À Montmagny, nous sommes situés au confluent des eaux salés et des eaux douces. Cela est propice à la prolifération du mets préféré des oies blanches: les rhizomes ou les racines du scirpe américain, enfouis dans la vase des battures», constate Jocelyn Landry, ornithologue amateur, qui propose dans le cadre d’Ornitour, sa société, des visites guidées d’interprétation et le tour d’un aménagement de Canards Illimités Canada.
Les grandes oies des neiges, ou plus scientifiquement les anser caerulescens atlanticus, nichent dans tout l’Est de l’Arctique. La majorité d’entre elles s’installent dans le Sud-Ouest de l’île de Bylot. Elles arrivent au début du mois de juin, et environ dix jours plus tard, elles bâtissent leurs nids. En automne, vers la mi-septembre, les oies sont obligées de quitter cet endroit, car elles trouvent difficilement à boire et à manger, le sol et les étangs d’eau douce commençant à geler.
Après un périple de 3000 km, elles atteignent le Saint-Laurent près de l’embouchure du Saguenay et remontent le fleuve vers leurs terrains marécageux préférés, comme ceux de Montmagny ou du cap Tourmente. «Les premières oies qui arrivent à Montmagny sont celles qui n’ont pas de petits, fait remarquer Jocelyn Landry. Les familles arrivent plus à la mi-octobre.» À la fin novembre, les oies reprennent la route vers leurs quartiers d’hiver situés sur la Côte-Est américaine entre les États du New-Jersey et de la Caroline du Sud.
La deuxième période ‘observation des oies a lieu au printemps. Laissant leurs quartiers d’hiver, elles arrivent à Montmagny autour du 20 avril, pour repartir vers l’île de Bylot, fin mai.
Sens de l’observation
Les principaux sites d’observation sont cap Tourmente, l’île aux Grues et Montmagny.
Le cap Tourmente est une réserve nationale de la faune, idéale pour l’observation en pleine nature. Mais selon Jocelyn Landry, l’endroit le plus propice à l’observation des oies est le quai du traversier pour l’île aux Grues, à Montmagny. «La luminosité est bien meilleure qu’ailleurs. De plus, on est près de tous les services. C’est un sanctuaire surélevé, moins menaçant et quand la marée est haute, les oies se rapprochent du quai pour manger les tiges de scirpe.»
«Ici, tant à Montmagny qu’au cap Tourmente, on se trouve dans le couloir de migration des oies», fait remarquer Chantal Robert, guide au Centre d’éducation des migrations de Montmagny. «Au cours de l’automne, il y a une grande concentration des oies tandis qu’au printemps, elles sont plus éparpillées. Après la coupe du maïs, les oies vont dans les champs manger les grains qui sont tombés par terre. On croirait apercevoir des bancs de neige volants.»
Pour bien les reconnaître, il y a trois types d’oies blanches: la grande oie des neiges que l’on retrouve à Montmagny, la petite oie des neiges et l’oie de Ross. «Les grandes oies des neiges adultes sont blanches avec le bout des ailes noir, explique Chantal Robert. Leur bec est rose foncé tandis que leurs pattes et leurs pieds sont rougeâtres. Les jeunes oies, elles, ont le plumage gris avec un peu de blanc. Leur bec est presque noir et leurs pieds sont gris foncé.» D’une longueur approximative de 1,5 m à l’âge adulte, les oies des neiges peuvent peser jusqu’à 3,5 kg, et voler à une vitesse d’environ 90 km/h.
«Chaque année, ce sont entre 25 000 et 30 000 personnes qui observent les oies», précise Jocelyn Landry. Les retombées de cette véritable manne venue du ciel peuvent se chiffrer à dix illions de dollars. «Le Festival de l’oie blanche de Montmagny (voir encadré), qui se déroulera cette année du 5 au 15 octobre, génèrent à lui seul des revenus de quatre à cinq millions, ce qui en fait le deuxième festival le plus rentable après le Carnaval de Québec», ajoute-t-il. Un succès qui en inspire plus d’un puisque récemment, à Cap-Tourmente, un nouveau festival, celui de l’oie des neiges, a vu le jour.
Une surpopulation menaçante
Le gros problème aujourd’hui est la surpopulation des oies. L’habitat se dégrade rapidement. «En une semaine, tout l’herbage sur les battures a disparu», s’alarme Jocelyn Landry. Tous les neuf ans, le troupeau d’oies qui s’élève aujourd’hui à un million, double sa population. Elles sont aujourd’hui plus nombreuses qu’à l’arrivée de Jacques Cartier en 1535. On a réintroduit cette année trois cages ici, à la Pointe aux oies de Montmagny, mais on sait depuis quelques années que la chasse n’a qu’un effet minime sur la population d’oies», constate-t-il. Statistiquement, en effet, il y a plus d’oies qui meurent de vieillesse que d’oies tuées par des chasseurs. «Par ailleurs, la chasse est de moins en moins populaire. Maintenant, il n’y a plus que 800 chasseurs qui pratiquent cette activité», conclut-il.
Le Festival de l’oie blanche de Montmagny
À 70 km de Québec, à Montmagny, du 5 au 15 octobre, aura lieu la 29e édition du Festival de l’oie blanche. Concerts et activités sportives seront à l’affiche pendant ces 11 jours et sauront régaler les 100 000 personnes attendues.
Le 6 octobre sera inauguré un nouveau sentier d’observation. Long de 3 km, il permettra au grand public d’observer les oies dans leur milieu naturel, notamment dans le marais de Canards Illimités Canada et sur les berges de la Pointe aux oies. Le Festival de Montmagny se veut avant tout une grande fête pour tous. Les concerts et les spectacles d’humour seront nombreux. De plus, il sera possible de participer à la course de l’oie blanche, le 8 octobre. Pour les amateur de bonne chère, des dégustation d’oies se dérouleront sur la place Festival du 7 au 15 octobre. Le 9 octobre, le Festival de Montmagny se joindra à la Marche mondiale des femmes, avec notamment une marche suivie d’une allocution de Diane Lavallée, présidente du Conseil du statut de la femme. Enfin, les mascottes du Festival, Pampinot et Pampan, amuseront petits et grands. (Jérôme Plantevin)
Renseignements: (418) 248-3954.
Site Web: www.festivaldeloie.qc.ca