Vie

Lepic-Abbesses : Le fabuleux quartier d'Amélie Poulain

Dans Chacun cherche son chat, Cédric Kaplisch nous avait fait redécouvrir le quartier de la Bastille. Jean-Pierre Jeunet, lui, promène son Amélie Poulain dans les rues du quartier Lepic-Abbesses. Plus qu’un quartier, il s’agit d’un véritable village tricoté serré et défendu farouchement par ses habitants, qui ont même leur propre journal: La Gazette de  Montmartre.

Pendant que les cars touristiques déversent leur chargement place du Tertre ou sur le parvis du Sacré-Coeur (Montmartre accueille en moyenne six millions de visiteurs par année), on peut déambuler doucement sur les rues escarpées de ce quartier où les artistes (peintres, sculpteurs, créateurs) ont toujours aimé se retrouver.

Déjà, au milieu du XIXe siècle, Montmartre avait la réputation d’être plutôt bohème. Les Parisiens d’"en bas" venaient y chercher un peu d’air et de liberté, loin des convenances et des contraintes des quartiers chics de Paris.

Le succès phénoménal d’Amélie Poulain a quelque peu bouleversé la tranquillité de la Butte. Aujourd’hui, les touristes sont plus nombreux que par le passé à arpenter la rue Lepic. Ils veulent voir les murs jaunes et le zinc rutilant de M. Labbé, le propriétaire du Café-Tabac des Deux Moulins, tellement typique qu’on l’a laissé tel quel pour le tournage.

Même scénario devant l’épicerie Chez Ali (Maison Collignon dans le film), rue des Trois-Frères. Les touristes sont un peu déçus: le petit dépanneur n’a rien à voir avec l’épicerie fine du film.

Le pèlerinage Amélie Poulain ne serait pas complet sans un arrêt obligé au Mur des Je t’aime (square Jehan Rictus), immense façade de carreaux de faïence bleus, couvert de "Je t’aime" écrits dans toutes les langues du monde.

Ensuite, rendez-vous au pied du Sacré-Coeur, pour un tour dans le merveilleux manège qui est en fait la reconstitution d’un carrousel vénitien du XVIIIe siècle. Et, pendant que vous y êtes, pourquoi ne pas aller jeter un coup d’oeil à la bouche de métro Abbesses, place des Abbesses, un bijou d’Art Nouveau. C’est aussi la station la plus profonde de Paris puisqu’il faut descendre de 30 mètres pour prendre le métro. Avis aux claustrophobes, mieux vaut marcher!

Les Abbesses, c’est aussi le quartier des jeunes designers branchés néo-hippies, des créateurs de bijoux exclusifs et de chapeaux originaux et farfelus. On y retrouve aussi bien des friperies baba cool que l’atelier du jeune designer qui monte.

Parmi les boutiques qui valent le détour, Antoine et Lili (il y a plusieurs adresses en France): un espace aux couleurs toniques où l’on vend des vêtements funky, les inimitables sacs à main d’Antik Batik (chers mais très beaux), ainsi que quelques articles rigolos pour les enfants. Pour ceux et celles qui préfèrent porter leur propre création, le marché Saint-Pierre (place Saint-Pierre) est incontournable: on y trouve de très belles pièces de soie ainsi que des étoffes des plus grandes maisons parisiennes.

Côté divertissements, on pourrait dire du quartier des Abbesses qu’il est autosuffisant. On peut s’offrir une soirée au charmant théâtre de L’Atelier, ou encore bouquiner dans l’une des meilleures librairies de Paris, la Librairie des Abbesses. Ici, rien à voir avec nos entrepôts du livre. C’est petit, mais on trouve de tout. Le personnel est sympathique, le fonds littéraire est impressionnant, et la librairie a même créé son propre prix: le prix Wepler, une initiative développée conjointement avec la brasserie du même nom, place Clichy.

L’idéal pour découvrir le quartier, c’est encore de se louer un petit studio. Il existe de nombreux sites Internet qui annoncent des locations à la semaine ou au mois. C’est souvent plus abordable que l’hôtel, et ça permet de prendre des repas à la maison, question de bien profiter des nombreux traiteurs parisiens dont les vitrines nous font toujours saliver. Bon séjour montmartrois.

Carnet d’adresses

Antoine et Lili, 90, rue des Martyrs

Musée de la vie romantique, 16, rue Chaptal
Un musée dédié à George Sand

Libraire des Abbesses, 30, rue Yvonne-Le-Tac

Théâtre de l’Atelier, 1, place Charles Dullin
Depuis le 4 septembre, on y joue
La Ménagerie de verre avec Romane Bohringer

Café-tabac des Deux Moulins, 5, rue Lepic
www.tabacdesdeuxmoulins.ipseo.com

Bateau Lavoir, 11 bis, place Émile Goudeau

Marché Saint-Pierre, 2, rue Charles Nodier

Quelques restos à découvrir

Le Beauvilliers, 52, rue Lamarck

Graziano, 83, rue Lepic

Le Sancerre, 35, rue des Abbesses