On est en 1831. À 1000 kilomètres à l’ouest des côtes équatoriennes, le Beagle mouille dans l’archipel des Galápagos. Des fumerolles s’échappent des volcans en semi-activité. À bâbord, la silhouette des albatros se détache sur l’horizon. Un naturaliste britannique observe avec curiosité et étonnement des créatures étranges peu craintives: tortues géantes, cormorans aptères et iguanes marins. Charles Darwin a 22 ans. L’oeil alerte, il s’aperçoit que la même espèce de pinsons a proliféré dans plusieurs îles, mais que leur bec diffère d’une île à l’autre. Cette observation lui permettra d’élaborer une théorie révolutionnaire. Après de longues années de recherches, il publie, en 1859, De l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle. Farouchement contestée par la religion catholique qui affirme que toutes les espèces sont présentes depuis la création du monde, la théorie de l’évolution biologique est née.
La théorie de Darwin
Darwin explique que les espèces modernes descendent de formes ancestrales et qu’elles doivent s’adapter à leur environnement pour survivre. Les désormais célèbres pinsons de Darwin sont devenus l’exemple le plus convaincant pour illustrer la pensée du naturaliste britannique. Issus d’un même ancêtre, les pinsons ont dû modifier la forme de leur bec au fil des siècles afin de subsister. Certains arborent un bec long et fin pour capturer les insectes dissimulés dans une cavité, tandis que d’autres ont un bec court et robuste pour briser les graines.
Sa théorie s’applique aussi au reste de la faune des Galápagos. Rappelons les faits: l’archipel se trouve sur la ligne équatoriale à la rencontre du courant austral de Humboldt et de celui provenant du Panamá. À l’aube des temps, de violentes tempêtes déracinent arbres et végétations auxquels s’accrochent nombre d’animaux effrayés. Certains dérivent jusqu’à ces pitons volcaniques nouvellement émergés des eaux. Beaucoup d’entre eux mourront en cours de route. Les survivants de cette odyssée se trouvent confrontés au dilemme réduit à sa plus simple expression: s’adapter ou s’éteindre. Ceux qui parviennent à s’adapter au milieu ambiant illustrent la théorie de l’évolution et deviennent les ancêtres de la faune des Galápagos que l’on connaît aujourd’hui.
L’archipel a aussi constitué une escale terrestre idéale pour les oiseaux marins migrateurs. Les plumes et les vents servaient de moyens de transport à une multitude de graines. Otaries, tortues et manchots sont arrivés portés par les courants marins. Pendant des millions d’années, l’isolement géographique de l’archipel combiné à l’absence de prédateurs ont permis le développement d’une faune absolument fascinante.
La faune insolite qui ignore la peur
De nos jours, impossible de visiter les îles sans passer par une croisière. Une fois débarqué sur l’un des 51 sites protégés, vous emboîtez le pas à votre guide naturaliste, compagnon obligatoire de votre séjour sur la terre ferme. Caméra en main, prenez soin de rester dans le sentier pour éviter de perturber la faune et la flore. Sur l’île d’Isabela, quelques mètres à peine vous séparent d’une colonie d’iguanes marins. Exemple parfait de la théorie évolutionniste de Darwin, ce saurien est devenu le seul reptile de la planète à se nourrir d’algues marines. Plus loin, la terre bouge. N’ayez crainte, ce n’est pas une secousse sismique. C’est tout simplement une ribambelle de tortues géantes qui passent leur chemin. Savez-vous que les mâles peuvent peser jusqu’à 250 kg?! Vous êtes féru d’ornithologie? L’avifaune est particulièrement diversifiée à travers l’archipel. Sur 85 espèces d’oiseaux différentes, 77 sont originaires des îles. Vous préférez les otaries? Elles sont aussi présentes en grand nombre. Bref, quelle que soit l’île visitée, vous êtes assuré de voir de près une faune unique évoluer dans son milieu originel.
Dangers
Même si 97 % du parc est aujourd’hui une aire protégée, l’homme, hélas, représente l’un des principaux dangers pour les Galápagos. Son arrivée il y a moins de 500 ans a brisé l’équilibre écologique des îles. Tour à tour, corsaires, baleiniers, colons et touristes y ont causé des dommages irrémédiables. Involontairement ou non, l’homme a introduit de façon progressive plusieurs animaux allogènes qui menacent aujourd’hui la faune et la flore de l’archipel. Plus récemment, le 19 janvier 2001, le pétrolier Jessica s’y est échoué. Résultat: 600 tonnes d’hydrocarbures se sont rapidement répandues dans l’écosystème. Les scientifiques affirment qu’il faudra attendre de deux à trois ans pour évaluer l’ampleur de la catastrophe.
Comment s’y rendre
De l’Équateur, les villes de Quito et de Guayaquil assurent des liaisons aériennes avec les Galápagos. Le billet coûte entre 350 et 380 $ US pour l’aller et le retour. Ajoutez 100 $ US (liquide seulement) pour l’entrée au parc national. Le prix de la croisière variera en fonction de la qualité des services et du type de bateau choisi (comptez 50 $ US minimum par jour, sans pourboires). La haute saison touristique s’étale entre fin mai et début septembre. Si vous n’avez pas déjà réservé vos places durant cette période, sachez que la plupart des bateaux affichent complet.
Information utile
Situé sur l’île de Santa Cruz, Puerto Ayora est le village qui possède le plus grand nombre d’infrastructures touristiques de l’archipel.
La Station de recherche Charles Darwin (www.galapagos.org) vise à protéger la faune et la flore, à sensibiliser les gens et à trouver des solutions aux problèmes qui menacent la survie des espèces.
Galasam Galapagos Cruises (www.galasam.com.ec) organise des croisières à travers les îles.
Guides de voyage
Par Josiane Lapointe
À la carte
Ouvrir… déplier… découvrir: Berlin en huit cartes regroupées dans un petit livre entièrement en couleur, issu de la collection Cartoville de Gallimard. En plus d’un plan général de la ville et de son réseau de transport, on y trouve pour chaque quartier une carte qui se déplie, plusieurs photos, un choix de 80 sites facilement repérables et plus de 200 adresses classées par secteurs. Fini, ces immenses cartes qui prennent environ 45 minutes à replier chaque fois qu’on s’en sert! Précis et rapide à consulter, il ne manque à ce petit bijou que la boussole.
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La Florida
Inévitablement, l’hiver reviendra, et avec lui, la migration des snowbirds vers le pays des oranges. Si vous désirez être du nombre, Gallimard propose un sympathique petit guide, tout de rose vêtu comme l’est le flamant, emblème kitsch du Sunshine State. Si l’on met surtout l’accent sur le Sud de l’État et ses îles, on nous offre tout de même plus que Mickey Mouse, du sable et des bedaines. De la maison d’Hemingway à celle de Thomas A. Edison, en passant par le Musée de l’Holocauste de St-Petersburg, on nous indique au passage plusieurs endroits intéressants où il fait bon se mettre à l’ombre. À souligner: la reliure spirale fort pratique, d’où la collection tire son nom, ainsi que la section magazine qui brosse un portrait fort amusant de ce coin de pays, à l’aide d’anecdotes et de petits articles.
Floride, Spirale Gallimard, 206 pages, 23,50 $
Trésors cachés
Si le Guide du routard change quelque peu de paysage cette année en incorporant une cartographie quadricolore dans plus d’une quarantaine de ses nouveaux titres et mises à jour, ce n’est malheureusement pas le cas du Guide Irlande 2001-2002, toujours affligé des même petites cartes monochromes de ses prédécesseurs. Mais si la couleur n’est pas dans les cartes, elle se trouve très certainement dans plusieurs des itinéraires suggérés, proposant la découverte des coins les plus sauvages et isolés du vert pays. Ces petites escapades insolites valent, à elles seules, l’achat de ce livre. Pour l’Irlande des lutins, des fées et des landes rocailleuses.
Irlande 2001-2002, Guide du routard, Hachette, 679 pages, 22,95 $