"Vous verrez, vous oublierez vos tracasseries du bureau", m’avait dit Jacques Robidas au téléphone. Et il avait raison. Durant plus de deux heures, j’ai joué à Johnny West en plein coeur de l’Estrie. Pas âme qui vive, que quatre chevaux, leurs cavaliers, et la nature adressant son dernier salut avant l’hiver.
Depuis 10 ans, Jacques Robidas accueille les visiteurs pour des balades à cheval sur ses terres ancestrales. Natif de North Hatley, cet homme a fait un retour aux sources après 25 ans au service de la Sûreté du Québec. Lui qui a jadis patrouillé les rues de Montréal à moto veut que chaque randonnée se fasse en harmonie avec le cheval. "Il faut que chacun ait une bête qui corresponde à son tempérament. On ne mettra pas quelqu’un de nerveux avec un cheval "prime", le mariage ne serait pas très heureux", m’explique-t-il. Il faut donc s’attendre à être observé quand on arrive à l’écurie.
Ils sont neuf à attendre leur tour dans leur box. Neuf gros derrières qui remuent la queue pour chasser les mouches. Il y a des canadiens, des américains et quelques arabes. De belles bêtes! La mienne s’appelle Massa, une belle arabe de 12 ans: jambes fines, robe grise. Un beau port de tête avec cela. "Tu as un cheval doux, pas dominant du tout", me lance Josée Marion, ma guide-accompagnatrice de tourisme équestre (elle insiste sur son titre). Ça me convient parfaitement car avec les notes et les photos que je dois prendre, j’aurai besoin de lâcher les rênes de temps en temps… Josée, une véritable encyclopédie du cheval, m’explique que les arabes sont comparables à une voiture de sport: des bêtes éveillées avec du répondant. Le quarter horse, "le cheval du cow-boy", est un animal plus musclé et aussi plus populaire auprès des Québécois. Quant au canadien, également appelé "le petit cheval de fer", il est équipé pour le Québec: beaucoup de crinière pour les mouches et le froid, et des pattes fortes pour l’hiver. Un cheval travaillant! Parmi les quatre chevaux qui partent en balade avec mon groupe, la dominante est Maggie, une canadienne de 13 printemps, une belle grosse noire. La "matriarche" de l’écurie! Et c’est à Vincent, un jeune homme en week-end d’amoureux, qu’elle revient…
"Le cheval est un être sensible. Il est très facile de le mêler, il est donc important de lui envoyer les bons messages", explique Jean-Philippe aux cavaliers débutants. Car on ne vous met pas sur le dos d’un cheval sans quelques notions de base. Comment freiner, tourner, avancer, monter et descendre de selle, les techniques sont expliquées une à une, il ne reste plus qu’à les accomplir. Donc, si on veut tourner vers la gauche, il faut amener la rêne sur le côté gauche, la main vers le genou en exerçant une pression sur le cheval avec la jambe gauche. Vous me suivez… Côté posture, il faut se tenir bien droit, centré et pesant, les épaules par en arrière, et bien enrober le cheval "comme si on était du chocolat qui fond sur de la crème glacée".
La grande préoccupation du cheval, celle qui hante ses pensées, c’est de manger. Une jolie fleur rose à droite, un brin d’herbe à gauche, pas toujours facile de lui garder la tête alignée sur le sentier. "Le cheval va vous tester, poursuit Stéphane dans ses instructions. A-t-il affaire à une mauviette ou à quelqu’un de décidé? À vous de lui montrer qui est le boss. Je préfère entendre deux gros "NON"! plutôt que des petits "non" timides tout au long de notre balade…"
Ici pas de selles western, les chevaux portent des selles de randonnée, beaucoup plus confortables et légères que les autres. De plus, côté équilibre, elles sont pratiques. Avant de monter en selle, je fais une douce caresse à Massa, question de la rassurer et moi aussi d’ailleurs… puis nous partons à la file indienne jouer aux cow-boys dans la nature de North Hatley. Le départ se fait en douceur, à l’orée d’un bois. La forêt nous accueille pour nous offrir un déploiement de couleurs et d’odeurs comme seules les forêts québécoises peuvent le faire. Sans oublier la vue imprenable sur le lac Massawippi et les montagnes qui se découpent au loin. On marche au pas, on a envie que ça dure. Long passage enveloppant sous un tunnel de feuilles, montée abrupte à travers roches et racines, traversée de petits ruisseaux; certains passages à travers les arbres sont si étroits qu’ils demandent une bonne manoeuvre de l’animal. Et c’est tant mieux! Une vraie balade avec des défis à relever, la chevauchée en redemande.
INFO
Les Randonnées Jacques Robidas
North Hatley
Tél.: (819) 563-0166
Site Web: www.randonneesjrobidas.qc.ca
Tarifs allant de 20 à 60 $ par personne selon la durée de la balade.
Aussi, possibilités de forfait nuitée dans un B&B et balade à cheval.
Québec à cheval propose des adresses de centres équestres reconnus
Tél.: (450) 434-1433
Site Web: www.cheval.qc.ca
Guides de voyage
Par Josiane Lapointe
À la carte
Ouvrir… déplier… découvrir: Berlin en huit cartes regroupées dans un petit livre entièrement en couleur, issu de la collection Cartoville de Gallimard. En plus d’un plan général de la ville et de son réseau de transport, on y trouve pour chaque quartier une carte qui se déplie, plusieurs photos, un choix de 80 sites facilement repérables et plus de 200 adresses classées par secteurs. Fini, ces immenses cartes qui prennent environ 45 minutes à replier chaque fois qu’on s’en sert! Précis et rapide à consulter, il ne manque à ce petit bijou que la boussole.
Berlin, Cartoville, Gallimard, 12,95 $
La Florida
Inévitablement, l’hiver reviendra, et avec lui, la migration des snowbirds vers le pays des oranges. Si vous désirez être du nombre, Gallimard propose un sympathique petit guide, tout de rose vêtu comme l’est le flamant, emblème kitsch du Sunshine State. Si l’on met surtout l’accent sur le Sud de l’État et ses îles, on nous offre tout de même plus que Mickey Mouse, du sable et des bedaines. De la maison d’Hemingway à celle de Thomas A. Edison, en passant par le Musée de l’Holocauste de St-Petersburg, on nous indique au passage plusieurs endroits intéressants où il fait bon se mettre à l’ombre. À souligner: la reliure spirale fort pratique, d’où la collection tire son nom, ainsi que la section magazine qui brosse un portrait fort amusant de ce coin de pays, à l’aide d’anecdotes et de petits articles.
Floride, Spirale Gallimard, 206 pages, 23,50 $
Trésors cachés
Si le Guide du routard change quelque peu de paysage cette année en incorporant une cartographie quadricolore dans plus d’une quarantaine de ses nouveaux titres et mises à jour, ce n’est malheureusement pas le cas du Guide Irlande 2001-2002, toujours affligé des même petites cartes monochromes de ses prédécesseurs. Mais si la couleur n’est pas dans les cartes, elle se trouve très certainement dans plusieurs des itinéraires suggérés, proposant la découverte des coins les plus sauvages et isolés du vert pays. Ces petites escapades insolites valent, à elles seules, l’achat de ce livre. Pour l’Irlande des lutins, des fées et des landes rocailleuses.
Irlande 2001-2002, Guide du rou
tard, Hachette, 679 pages, 22,95 $