Vie

El Camino Inca : C'est le Pérou

Imaginez-vous une randonnée de 42 kilomètres que vous effectueriez en quatre jours, à une altitude moyenne de 3200 mètres… El Camino Inca: l’une des randonnées pédestres les plus spectaculaires en Amérique du Sud. Excitation et mal des montagnes assurés.

Au coeur des Andes péruviennes, le martèlement des roues du train s’interrompt dans une vallée encaissée près du village de Chilca. Français, Allemands, Américains, Irlandais et Québécois récupèrent leurs effets et lacent fermement leurs bottes de marche. Les porteurs, chaussés de sandales trouées, chargent sur leurs épaules: tentes, chaises, brûleurs et sacs à dos. Au cours du périple, ils s’occuperont de trouver les meilleurs sites pour installer les bivouacs, monter le campement et préparer les repas.

À 2300 mètres d’altitude, le chemin Inca commence au kilometro 88. Au début du XVIe siècle, à l’apogée de leur règne, les Incas avaient constitué un immense empire relié par un fabuleux réseau de voies de communication. Celui-ci s’étendait à travers la cordillère des Andes depuis le nord du Chili jusqu’au sud de la Colombie. Le chemin Inca est l’un des tronçons de ce vaste réseau qui subsiste encore aujourd’hui et compte parmi les sentiers de grande randonnée les plus populaires en Amérique du Sud en raison de la destination qu’il dessert: Machu Picchu.

La crête des cimes dentelées découpe l’horizon où flottent quelques nuages cotonneux. Papillons dans l’estomac, on enjambe le tumultueux río Urubamba par un pont suspendu pour s’engager sur un chemin à flanc de montagne. Pas de gros dénivelés; mais le sentier grimpe et descend dans une vallée verdoyante pour parvenir au village de Huayllabamba. La première journée s’achève sans histoires quelques kilomètres plus loin, autour de 17 h. À 3000 mètres, le campement est déjà monté.

Le lendemain, les porteurs nous réveillent à 6 h tapant en nous offrant une tasse de maté de coca: thé préparé à partir de feuilles de coca, qui permet à l’organisme de relaxer et de combattre l’altitude. Depuis les temps immémoriaux, les habitants des Andes mâchouillent des feuilles de coca pour résister au mal des montagnes et tromper leur faim. C’est en extrayant l’alcaloïde des feuilles de coca qu’on fabrique la cocaïne et des anesthésiques.

La deuxième journée de l’expédition est de loin la plus difficile et la plus éprouvante. L’objectif: franchir le point culminant du trek à 4200 mètres! Le col s’appelle Warmiwañusqua. En quechua, ça signifie très explicitement: le col de la Femme Morte. Le sentier est constitué d’escaliers en pierres assez raides. La montée semble interminable. En raison de l’altitude, l’air se raréfie et la fréquence des pauses augmente. Les porteurs, bien que surchargés, ne tardent pas à nous semer rapidement. Chaque geste devient de plus en plus pénible et exige un effort colossal. Le mal des montagnes nous assaille. Environ trois heures plus tard, l’arrivée au sommet procure une incroyable sensation de satisfaction. Enivrés par l’altitude et des paysages d’une beauté sauvage époustouflante, on se félicite mutuellement en prenant les sempiternelles photos-souvenirs. De l’autre côté, un impressionnant escalier empierré tombe jusqu’au fond de la vallée. La descente, ardue et raide, mène jusqu’au río Papcamayo où l’on s’arrête pour pique-niquer. Le soleil ardent nous force à poursuivre la route jusqu’au col de Abra de Runkuracay (3900 mètres) pour emprunter un escalier taillé dans le roc. Graduellement, la végétation devient tropicale et des insectes bourdonnent autour de nos visages baignés de sueur. Le soir venu, totalement épuisés, on observe la lune glisser silencieusement entre les pics. Le plus difficile est maintenant derrière nous.

La troisième journée de marche est "relativement" facile. Le sentier longe des précipices et traverse quelques grottes. On affronte la dernière ascension, jusqu’à 3860 mètres, avant de redescendre tranquillement à travers une végétation luxuriante. Un brouillard presque fantomatique enveloppe le sentier et des orchidées enjolivent le paysage.

En arrivant au dernier bivouac situé près d’un hostal rudimentaire, le périple touche à sa fin. Possibilité de prendre une douche chaude et de savourer une bière fraîche. Après une soirée passée à échanger des histoires de voyages avec d’autres baroudeurs, on s’endort dans l’impatience du lendemain. Réveil à 4 h pour arriver les premiers aux ruines de Machu Picchu. Muni d’une lampe de poche éclairant faiblement devant soi, le groupe avance pas à pas en titubant dans l’obscurité. La cadence augmente et, finalement, après 1 h 30 de marche rapide, on arrive à l’ultime récompense du trajet: Machu Picchu apparaît dans toute sa splendeur.


Informations utiles
On vous recommande de adresser à une agence de Cusco. L’agence s’occupe de tout: du transport depuis la ville jusqu’au début du sentier, en passant par l’embauche des porteurs pour transporter la nourriture, et bien sûr sans oublier le guide attitré du groupe.

SAS Travel
(Cusco, Plaza de Armas, www.sastravelperu.com)
Comptez 80 $ US par personne.
L’embauche des porteurs: 30 $ US.
L’accès au chemin Inca et à Machu Picchu: 50 $ US.