Vie

Katmandou, capitale népalaise : Symphonie du bout du monde

Reconnu pour sa mer de montagnes blanches et ses paysages plus grands que nature, le Népal est le berceau de huit des dix plus hauts sommets de la planète, dont le mont Everest. Courage, l’ascension en vaut la peine…

Une mine d’or. C’est bien ce qui se cache à l’ombre de la chaîne gigantesque de l’Himalaya. Non pas un site regorgeant de métaux précieux, mais un pays peuplé d’âmes souriantes, coincées entre une Inde vorace et un Tibet difficile d’accès.

Le Népal, dont la population est presque aussi nombreuse que celle du Canada, mais dont la superficie y entre près de 70 fois, cache de magnifiques trésors. Bien que l’arrivée à Katmandou constitue un baptême asiatique brutal, la capitale reste la meilleure façon d’apprivoiser cette culture si différente de celles du monde occidental.

Ce qui frappe d’emblée en atterrissant à Katmandou, c’est la constante stimulation des sens. D’abord, la vue, parce que pour qui débarque en plein coeur de l’Himalaya, la surprise est totale. L’émerveillement devant tant de splendeurs naturelles côtoie indubitablement le choc d’un désordre à la limite du supportable. Les paysages montagneux tout à fait spectaculaires survolés avant l’arrivée dans la capitale font place à un décor désolant et terne une fois au sol. Mais la période d’adaptation traversée, ce chaos devient vite appréciable, même fascinant pour qui veut bien y jeter un oeil… et un nez ou une oreille!

La vue, donc. Les couleurs ne sont pas aussi éclatantes que dans certaines régions de l’Inde, mais les formes ont de quoi charmer. L’architecture indécise, à cheval entre une lointaine époque médiévale et une tentative maladroite de constructions modernes, se compose de temples bouddhistes et hindouistes, de bâtiments vieillis, de kiosques rapiécés et de marchés publics. Des endroits qu’on visite non pas à cause de leur richesse historique, mais parce que s’y trouve toujours un sourire pour nous accueillir.

L’ouïe est quant à elle constamment sollicitée, rarement pour les bonnes raisons, si ce n’est quand on se retrouve dans les villes voisines ou sur le sommet d’une montagne où sont érigés des monastères. La mélodie des cornes et des tambours tibétains sur fond de mantras bouddhistes est un plaisir à ne pas négliger.

Le parfum

L’odorat est sans contredit le sens le plus en éveil dans les rues de Katmandou. Un éventail complet d’odeurs de toutes sortes se déploie dans l’air: de la nourriture épicée aux excréments d’animaux, en passant par toute la gamme d’encens, de pétrole consumé et de déchets calcinés. Parfois difficile à soutenir, cette panoplie olfactive n’en demeure pas moins fascinante et elle est à l’origine de bien des découvertes culinaires.

À ce sujet, pour quelques roupies, on peut déguster un délicieux repas, comme le daal bhat, emblème local composé de riz, de lentilles et de légumes au cari, unique plat au menu pour la majorité des Népalais. Les momos, spécialité tibétaine très populaire, cousins des raviolis, sont eux aussi incontournables.

Qu’il s’agisse d’un tout petit resto familial – où parfois à peine 10 personnes peuvent prendre place -, d’un comptoir à momos caché derrière un rideau, d’une boîte à surprises camouflée au fond d’une cave, ou même d’un simple marchand de thé installé sur la place publique, l’aventure gastronomique est beaucoup plus intéressante en dehors des attroupements touristiques. Parfois moins appétissants, souvent insalubres, mais toujours surprenants, ces endroits moins populaires proposent un échantillonnage authentique des saveurs du pays.

Pour ce faire, il faut toutefois avoir la fibre curieuse, un brin téméraire et, surtout, ne pas craindre la compagnie des bestioles. Car il ne faut pas s’en faire avec les infections de parasites: même si l’on utilise les précautions d’un chirurgien, les bactéries trouveront toujours un moyen de se faufiler où bon leur semble.

Un brin de folie

Le Népal s’apprécie par l’imprévu d’une rencontre, la surprise du défilé d’un mariage, l’élan joyeux d’un festival, le bonheur des salutations joviales. Enfiler les fringues locales, apprendre quelques mots, grimper sur le toit d’un autobus pour une escapade entre deux villages, proposer au conducteur de rickshaw (vélo-carriole) d’échanger son siège avec le vôtre sont autant de manières de profiter des bonheurs que ce pays peut offrir.

Bien que la capitale soit incontournable pour qui veut découvrir le Népal, c’est dans la campagne que l’expérience devient vraiment enrichissante. D’abord, parce que les facilités touristiques sont souvent réduites à une chambre dans une maison de paysans; mais aussi parce que c’est là que vivent la majorité des Népalais. Et que ce sont eux, la meilleure raison d’une visite là-bas.

Les coeurs sensibles auront de la difficulté à rentrer au pays sans offrir leurs derniers dollars aux mendiants, sans faire une tentative d’adoption, sans vouloir devenir missionnaires. Une fois ce tourbillon humanitaire passé, reste la beauté d’une escapade ponctuée d’aventures, de découvertes, de plaisirs. Et surtout, de sourires.