Vie

Les villes oubliées du Mexique : Le monde est fugitif, périssable, incertain.

Le monde est fugitif, périssable, incertain. Les plus illustres personnages, les grandes civilisations finissent par mourir. Il en est de même pour les villes qui naissent et disparaissent, parfois de façon abrupte.

De nombreuses catastrophes ont marqué le Mexique tout au long de son histoire, entraînant l’exode de populations entières et l’abandon de plusieurs villages, parmi lesquels on retrouve ceux de Teotihuacan, Real de Catorce et San Juan Parangaricutiro, qui connurent tous un destin tragique.

Teotihuacan: la cité des dieux

Les Aztèques croyaient que le site était l’oeuvre de géants. Leur dernier chef, Moctezuma II, s’y rendait en pèlerinage. Construite dans la vallée de Mexico, Teotihuacan connut son apogée vers l’an 450 de notre ère. Cette magnifique cité de l’Antiquité, qui s’étendait sur 20 km carrés et comptait plus de 125 000 habitants à l’époque, était la plus grande ville du Nouveau Monde et jouissait d’un prestige comparable à celui de Constantinople. Sa pyramide du Soleil se classe parmi les plus grandes du monde. Son soubassement est identique à celui de la grande pyramide d’Égypte (225 mètres) et compte 2,5 millions de tonnes de pierre.

Temples, palais, pyramides et centres cérémoniels parsèment la région. Les vestiges mis au jour par les archéologues depuis 1864 ne représentent que 10 % de tout le patrimoine ancestral.

On en connaît très peu sur le mode de vie de ses habitants. Cependant, tout porte à croire que, au VIIe siècle, les ressources diminuèrent sensiblement et qu’il était de plus en plus difficile d’entretenir la cité. Les prêtres, qui détenaient le pouvoir, construisirent de plus en plus de temples et d’oeuvres d’art pour plaire aux dieux. Mais en vain… La Grande Déesse griffue de Teotihuacan les avait quittés et la cité agonisait.

En 650, les bâtiments administratifs et religieux furent pillés par des nomades venus du nord. On soutient également qu’il ait pu y avoir soulèvement de la population. La chute de Teotihuacan eut des répercussions dans toute la Mésoamérique.

Real de Catorce: ville fantôme

Perchée au sommet de la Sierra Madre Oriental, à 2756 mètres d’altitude, Real de Catorce doit son nom au massacre de soldats perpétré par les Indiens de la Sierra au début du XVIIIe siècle.

Fondée en 1778, Real de Catorce fut, à une certaine époque, une des villes minières les plus prospères de la Nouvelle-Espagne et comptait une population de 40 000 habitants. Elle s’enorgueillissait de posséder des journaux, un théâtre, un grand hôtel, des manoirs et même un tramway électrique.

Il semble que la chute du cours de l’argent ne soit pas la seule cause du désastre économique; la révolution et l’inondation des mines ont aussi eu un rôle à jouer. Après son déclin, quelques familles refusèrent de quitter la ville. Environ 1000 personnes y vivent encore aujourd’hui, parmi le délabrement des mines et des bâtiments.

Il est possible d’admirer les nombreux vestiges de Real de Catorce et de parcourir ses rues sinueuses et escarpées construites à flanc de montagne. Pour y accéder, il faut emprunter le tunnel Ogarrio, long de 2,5 km, et construit vers la fin du XIXe siècle sur un puits de mine. Real de Catorce est située à 260 km au nord de San Luis Potosi. Prévoir deux ou trois jours pour visiter le site et ses environs.

San Juan Parangaricutiro: village englouti sous la lave du volcan Paricutin

Le 20 février 1943, un paysan de la région de San Juan Parangaricutiro aperçut une immense crevasse éventrer ses terres. En quelques mois, il se forma un cône de plus de 350 mètres. Le Paricutin, un des plus jeunes volcans du monde, entrait en activité et menaçait les villages environnants. Au bout d’une année, San Juan Parangaricutiro, fondé au 16e siècle, se vida de sa population et disparut sous une coulée de cendre et de lave. Cette intense activité volcanique se poursuivit jusqu’au 4 mars 1952 et ne fit heureusement aucune victime.

Angahuan, autre village situé à proximité du volcan, ne connut toutefois pas le même sort que San Juan Parangaricutiro. Ses habitants sont des Tarasques, aussi appelés Purepechas, et parlent un dialecte qui leur est propre. Les Tarasques sont un peuple fier, courageux et combatif. Toutefois, ils n’aiment pas les étrangers et sont peu accueillants.

Du mirador d’Angahuan, on a une vue imprenable sur le volcan, d’où on peut aussi apercevoir les ruines de l’église. Pour s’y rendre, il faut emprunter une route de montagne qui traverse un paysage lunaire tout à fait saisissant avec ses immenses roches de lave pétrifiée noire. L’excursion dure environ trois heures, en comptant l’aller-retour. On peut y aller soit à pied ou à cheval, car les guides offrent aussi ce moyen de locomotion.

Pour plus d’information, veuillez contacter le consulat du Mexique à Montréal. Tél.: (514) 288-2502.