Y’a les clichés: Ottawa les musées, Ottawa la couche-tôt, Ottawa l’antitabac… Et y’a comment démolir les clichés. En précisant d’abord qu’une visite à Ottawa, c’est une visite dans la région de la capitale nationale, jolie dénomination qui permet de nous rappeler que Montréal est à mi-chemin entre deux (!) régions de capitale nationale. Tout de go, vous inscrivez également au parcours la nouvelle ville de Gatineau (qui couve feu Hull, feu Aylmer, feu Buckingham et feu Masson-Angers), juste de l’autre côté des quatre ponts. Ensuite, vous élargissez la cible. Bien que le gros de l’action tourne autour de certains axes précis du centre-ville, l’onde de choc se propage à vitesse variable en périphérie, dans tous ces villages et villes nouvellement annexés au territoire d’Ottawa. Y’a de quoi à voir, y’a de quoi à faire et y’a de quoi croire que ça peut vous plaire.
Premier arrêt, le Marché By. Point névralgique d’Ottawa s’il en est un, le Marché est défini grosso modo par le quadrilatère des rues Murray, Cumberland, George et Sussex. À zieuter la masse un samedi après-midi ensoleillé, on y cerne assez rapidement les rythmes et couleurs de la ville. À l’agenda, notons une bière au pub irlandais Heart and Crown (67 rue Clarence): le service est sympathique, la musique celtique agréable et le temps y passe trop vite. C’est aussi un bon prélude au Honest Lawyer, non seulement le seul resto-pub du Marché à posséder une allée de quilles (!) mais aussi un bon choix pour prendre le verre qui lance la soirée, la sélection étant très vaste. Les plus raffinés aimeront les caves à vins du Eighteen (18 rue York) et du Vineyards (54 rue York). Le Pub en ville (128 rue York), toujours dans le Marché, est reconnu comme un quartier général francophone du nightlife. Les fourmis dans vos jambes suintent d’adrénaline? Faites-les groover au Atomic (137 rue Besserer) ou encore au Mercury Lounge (56 rue Byward), premier martini bar de la capitale: le nujazz y est délectable et les sofas en velours très confortables.
Autre parcours à inscrire au carnet de bord: le triangle formé du Centre national des Arts, du Musée canadien de la nature et du Parlement. Si les arts, les musées et les bureaux de politiciens vous laissent froid, c’est ce qui se trouve entre ces trois pointes qui risquent de vous intéresser. On conseille de déambuler sur Sparks la piétonnière, de bifurquer au sud sur Bank et de rejoindre Elgin un peu plus à l’est. Le look est dépaysant, les pubs et restos abondants. Portons attention au Barrymore’s ( 323 rue Bank), l’une des plus belles scènes d’Ottawa, le pub Royal Oak (318 et 779 rue Bank), la terrasse du Fox and Feather (283 rue Elgin) et le Soho Nightclub (212 rue Sparks), mi-lounge mi-bar qui fait mi-Londres mi-Toronto.
Les fumeurs ne pourront sans doute se retenir: il faudra traverser le pont puisqu’il est interdit de fumer à Ottawa depuis le 1er août 2001. Y a-t-il d’autres lois comme celle-là que vous devriez savoir? Il est permis de se balader les seins nus dans la capitale. Mais le phénomène est aussi rare que la fumée de cigarette. Celle-ci, vous pourrez la griller dans le Vieux-Hull, du côté québécois, où une poignée de bars, cafés, restos et bistros sont capables de vous faire passer un bon moment. Le Troquet pour le café, aux 4 Jeudis pour la bière, l’Euro Bistro pour les moules, la Place Aubry pour l’action.
Si justement vous en avez assez de l’action, découvrez l’Outaouais la verte dans l’incontournable parc de la Gatineau, paradis pour cyclistes et randonneurs, ou derrière les machines à sous du Casino: le parc du lac Leamy, aujourd’hui génial pour les ornithologues, bientôt (au grand dam de plusieurs) idéal pour les élans de golf. Toujours sous la rubrique plein air, suggérons un retour sur la rive ontarienne pour une balade sur la colline du Parlement, juste derrière sur la rive de l’Ottawa River (version anglaise de la rivière des Outaouais; cherchez pas, c’est la même rivière), ou un peu plus au sud aux abords du canal Rideau, là où les gens sont toujours beaux.
Et la liste pourrait s’allonger. Les plus intellos fréquenteront les musées, les plus créatifs, les galeries d’art et les plus nationalistes réserveront leur hôtel le plus tôt possible pour crier I am Canadian le 1er juillet. À consulter, avant la ruée vers l’ouest sur la 417, les sites canada.com/ottawa, barbuzz.net et tourisme-outaouais.org. Ottawa, ville tranquille? Un mythe, qu’on vous dit.