Vie

Lanaudières : Apprendre racines

À la découverte des cultures amérindiennes sur le site de  Kanatha-Aki

Comme toujours, lorsque l’envie d’exploration nous travaille, notre regard porte trop loin. Peuls, Mongols, Maoris, autant de peuples exotiques et lointains, remplis de promesses d’évasion et de découverte. Mais combien parmi nous peuvent se vanter de bien connaître la culture des nations qui, bien avant l’arrivée de nos ancêtres, vivaient en harmonie avec la nature québécoise? Bien peu, j’en ai peur. Et pourtant, dans la région de Lanaudière, à moins d’une heure de Montréal, un sage chauffe les mouchoums et prépare le banik dans l’attente de votre visite.

K8é K8é T8aminik! (Bonjour Dominique!)

Mi-sachem, mi-chaman, ancien grand chef, Dominique Rankin vous accueille dans son centre ethno-culturel ou, plus simplement, dans sa réplique parfaite d’un village amérindien. Ne vous fiez pas à sa jeune apparence, le chef a 500 ans… en termes de sagesse et de sagacité du moins.

Nous nous sommes donné rendez-vous à l’Hôtel Montcalm, tout près du site. Dès le premier contact, la quiétude intérieure de l’homme est touchante. Et puis, c’est la promenade jusqu’au village. Au passage, il m’explique les propriétés médicinales de la gomme de sapin, me donne un truc pour repousser les moustiques, m’apprend la lecture du awiack, m’enseigne comment conserver la nourriture dans la nature. Je ne suis même pas arrivé au village que je veux y rester un mois.

Ensuite, T8aminik me guide à travers les tipis, wigwams, chaputuans. Chaque pas s’avère riche en informations qui sont rendues avec justesse et passion. Une fois rendus au sweat lodge, à défaut d’une bonne séance de sudation, nous prenons le temps de nous asseoir sur le sol. Comme stimulé par la terre, mon hôte commence à raconter les traditions de son peuple, ses légendes, la colonisation sauvage des Blancs. Aucune agressivité dans son ton. De nous deux, je suis celui qui sens monter la colère. Sans doute des traces de la diaspora acadienne dans mes gênes.

Il m’emmène alors pagayer avec lui sur le lac. Le silence méditatif remplace alors le récit. Tout autour, la nature nous tient son langage. Lui le comprend. Moi, j’envie cet homme.

Tout en douceur, T8aminik attire mon attention sur la présence d’un castor non loin de notre embarcation. Il me montre leur cabane, me parle d’eux comme on parle de ses amis. Comme pour le provoquer, je lui souligne que les Amérindiens, pourtant, ne sont pas végétariens. Son discours me cloue le bec. Il a tué. Souvent même. Mais jamais il ne l’a fait par pur plaisir ou n’a manqué de respect à ceux qui partagent le territoire avec lui. Si vous en avez l’occasion, demandez-lui de vous raconter comment il s’est procuré les griffes de son collier. Vous aurez peut-être le privilège d’entendre cet humble personnage doublé d’un conteur hors pair vous confier ce fabuleux morceau de vie.

Que vous ayez quelques heures ou quelques jours devant vous, le site Kanatha-Aki saura vous recevoir. De la simple visite au forfait complet (randonnée, démonstration, dégustation, contes, coucher, etc.), vous y trouverez sûrement mocassin à votre pied. Pendant ma visite, on m’a même présenté à un médecin européen venue là pour plusieurs semaines afin de se faire initier à la médecine traditionnelle algonquine. La connaissance peut même se rendre à vous puisque, sur demande, T8aminik offre des conférences.

Pour ma part, le séjour fut beaucoup trop court et chapeauté d’un sincère mig8ech (remerciements) qui renfermait la promesse d’un retour prochain.

* Note: Le 8 remplace le son "ou", sonorité voisine de notre "w".

Pour de plus amples informations sur le village algonquin:
Centre ethno-culturel Kanatha-Aki de Saint-Donat
Tél.: (819) 424-4211
www.dominiquerankin.com
[email protected]