Tout a commencé par un ultimatum. La job ou la vie!
Emmenant femme et enfant, Jean-Louis Outhier a donc quitté une profession urbaine lucrative pour l’inconnu. Mais pas complètement inconnu cependant, puisque M. Outhier, en bon homme d’affaires qui voyage beaucoup, devait certainement s’y connaître en hôtellerie de luxe. Comme plusieurs l’ont fait avant lui, il s’est improvisé aubergiste il y a vingt-cinq ans. Aujourd’hui, son hôtellerie au-dessus de la mer, devenue un fleuron nord-américain de la chaîne Relais & Châteaux, est l’une des plus spectaculaires auberges du Québec. Perchée au-dessus du Saint-Laurent, entourée d’un beau jardin, et devant les fenêtres de la salle à manger, des chambres principales, de la piscine, ou mieux, dehors sur la terrasse estivale ouverte sur un horizon étourdissant, se trouve une palissade de 60 mètres à la verticale (ou 250 marches, chacune valant 1 pied), l’équivalent de 25 étages!
La Pinsonnière c’est aussi l’histoire d’une aventure, dans le style d’Une année en Provence qui se serait métamorphosée en Une vie à Charlevoix! La maison de campagne, construite dans les années 20, a été entièrement remodelée sans perdre de ce caractère rural et coquet qui est la marque des vieilles demeures paysannes de la région. Du bois, des tourelles, et… des lilas. Comme toutes les maisons du voisinage, qui en ont fait leur marque de commerce. Pas étonnant qu’on leur consacre un festival chaque été.
Plusieurs revues ont encensé La Pinsonnière pour son souci d’une hospitalité vraiment moderne, mais faite à échelle réduite. Ici, rien n’est géant, tout est à dimension humaine. De même, le spa n’a rien d’un mall de la santé. On s’y retrouve entre les mains d’experts masseurs pour un brin de décrochage. Pour tirer la "plogue" comme dirait l’autre. Tous ces atouts ont contribué à faire entrer La Pinsonnière dans le club sélect des treize Relais & Château canadiens, la prestigieuse chaîne européenne. Après avoir subi le traitement massage, lecture au coin du feu, apéro devant le fleuve au coucher du soleil, et dîner aux chandelles, le contraire serait étonnant!
CHARLEVOIX
On dira souvent que ce sont les plus belles (et les plus vieilles) montagnes du Québec. Les seules d’où la vue sur le fleuve et la rive méridionale les rend irrésistibles. À cause de ces paysages à couper le souffle, de son air frais, de ses villages pittoresques, et de l’impression que l’on a, suspendu entre les nuages et la mer, d’être détaché des vicissitudes du monde, Charevoix est devenue une colonie de vacances pour de riches Américains il y a presque cent ans. Les Charlesvoisiens eux, ont continué à vivre de leur terre et de leur mer comme si personne ne les avait dérangés depuis que leurs ancêtres s’y étaient installés au XVIIIe siècle. Les Américains se sont retranchés dans leurs nids d’aigles, ont construit de grandes maisons de campagne et ont été remplacés par les visiteurs du monde entier.
On y vient pour fuir ou pour jouir de la nature – spectaculaire – ou de la culture, car dans le village voisin de Saint-Irénée se trouve le Domaine Forget, et sa salle de spectacle flambant neuve qui reçoit chaque été plusieurs grands noms de la musique classique. À venir, les pianistes Anton Kuerti (27 juin) et Alain Lefèvre (9 août), le guitariste Pepe Romero (5 juillet), la soprano Karina Gauvin (16 août) et aussi le Nouvel Ensemble Moderne sous la direction de Lorraine Vaillancourt (28 août) et même Diane Dufresne (23 mai). Ce qui s’appelle aujourd’hui le Domaine Forget appartenait à Rodolphe Forget, qui en avait fait son fief estival. Député de Charlevoix aux Communes et, surtout, entrepreneur visionnaire, ses réalisations industrielles ont ouvert ce coin de pays à l’ère moderne. Aujourd’hui, centre d’art et surtout de musique, le Domaine, qui fête aussi ses vingt-cinq ans, a déjà accueilli plus de 8200 étudiants, présenté près de 630 concerts et plus de 55 expositions d’art.
Bref, les activités en Charlevoix ne manquent pas dans le coin. Du reste, si on privilégie la contemplation active, les randonnées en montagne autour des villages environnants (Saint-Urbain, Saint-Hilarion, Saint-Siméon, Saint-Aimé) ou mieux, le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, dans l’un des rares paysages de taïga québécoise, ont de quoi adoucir les ardeurs urbaines des plus stressées. Et puis, on peut aussi s’intéresser aux baleines (Tadoussac est à moins d’une demi-heure de route), sans vouloir se priver du luxe que propose la région de La Malbaie. Après tout, quand on a l’habitude de servir des princes, autant en profiter.
CARNET D’ADRESSES :
La Pinsonnière, 124, Saint-Raphaël, La Malbaie (Cap-à-l’Aigle)
(418) 665-4431, réservations (1 800 387-4431)
Domaine Forget, 5, Saint-Antoine, Saint-Irénée (418) 452-8111
OÙ MANGER
Mis à part un dîner romantique à La Pinsonnière, on peut s’échapper dans la nostalgie d’un dîner au restaurant Le Charlevoix du Manoir Richelieu dont la carte est innovatrice. (418) 665-3703
www.fairmount.com
On dit que ce sont les meilleures frites du Québec, rien de moins. Le "Schack à patates" Chez Ginette, sur la route 362 à Saint-Irénée, a ses inconditionnels.